mardi 7 mars 2017

Hasard et nécessité

Hasard et nécessité
Jean Pierre Riou

Le Comité central d'entreprise (CCE) d'EDF vient de publier un communiqué de presse :

(Source http://public.cceedfsa.fr/page-8-1804-0.html#menu)

Le réseau électrique (RTE) n'avait jamais connu une situation aussi tendue que lors de la dernière vague de froid, avec une marge de 1% le 25 janvier.
Et le pays est ainsi passé très près de la rupture d'approvisionnement!

Le CCE remet en cause les scénarios irréalistes et les insuffisances d'investissements en nouveaux moyens de production, indispensables pour faire face à ce genre de situation critique.

Il attire l'attention sur le rôle insignifiant des énergies renouvelables intermittentes, à cette occasion, et demande une analyse de la situation par l'Institut IED.

En effet:
La production éolienne de ce mois de janvier a été en recul de 29% par rapport à janvier 2016, malgré une augmentation de plus de 10% de sa puissance installée, qui est de 11 710 MW.
Et surtout, quelle qu'en soit la puissance installée, la puissance garantie en reste quasi nulle!

(Source http://www.rte-france.com/fr/eco2mix/chiffres-cles)

C'est ainsi que contrairement à l'idée reçue, toute diversification du "mix énergétique" par l'augmentation de sa part d'intermittence compromet la sécurité d'approvisionnement, et non l'inverse.

Une telle évidence ne fait que confirmer le théorème du clou, qui établit qu'à force de taper, le clou s'enfonce, mais ne remonte jamais.

Ce 25 janvier, les 49,6 GW éoliens allemands n'étaient d'aucun secours avec un taux de charge de seulement 3%, et bien inférieur encore la veille où l'Allemagne devait elle même recourir aux importations.
(Source https://www.energy-charts.de/power.htm)

Nos réacteurs nucléaires, qui permettent à la France d'être régulièrement le plus gros exportateur mondial d'une électricité parmi les moins carbonées et les moins chères du marché, ne sont pas à l'abri d'arrêts pour maintenance ou contrôles qui peuvent en affecter la production, comme cela vient d'être le cas.
Et c'est avec une grande difficulté que notre parc nucléaire a fait face à cette vague de froid, d'ailleurs loin d'être exceptionnelle.
Les conséquences d'une rupture d'approvisionnement sont telles que notre parc de production doit être sécurisé.
Or l'exemple allemand montre que l'injection d'intermittence prive l'Allemagne de ses centrales les plus propres (CCG à gaz), l'électricien allemand Eon ayant dû notamment recourir à la justice pour obtenir le droit de fermer Irsching 3 et 4 dont il est propriétaire.
Ce que montre clairement les 15 centrales à l'arrêt à ce même moment où l'Allemagne en avait besoin :

Tandis qu'il n'y avait pas la moindre défection parmi les centrales au lignite, infiniment plus polluantes, mais également plus compétitives:



En évoquant la sécurisation d'un "mix énergétique" pour envisager celle de notre "parc de production", la formulation même de la question participe au théorème du clou et insinue l'idée pourtant paradoxale que c'est avec plus d'aléas qu'on aura plus de sécurité.

Ces deux notions sont incompatibles.



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