mercredi 19 décembre 2018

FOCUS sur l'énergie

FOCUS sur l'énergie

Article publié en 3 parties dans European Scientist

Par Jean Pierre Riou 

Au début était le 100%renouvelable. 

Avec l’apparition de machines alimentées par les énergies fossiles, la révolution industrielle a décuplé les perspectives de création de biens de consommation.
Un seul litre de pétrole alimente aujourd’hui davantage de travail que la seule force humaine n’en accomplirait en plusieurs jours. Et fournit, au bas mot, l’équivalent de 20 jours de travail manuel.
Le travail étant destiné à modifier l’environnement pour en tirer des richesses, sous forme de biens de consommation, la corrélation est directe entre la quantité d’énergie consommée et le produit intérieur brut (PIB).
L’évolution mondiale des sociétés contemporaines offre le spectacle d’une ruée vers toutes les formes d’énergie.
Ce qui pose un certain nombre de questions.
Cet article s’efforce d’en identifier certaines pour leur apporter quelques éléments de réponse, au fil de ses trois parties à lire dans European Scientist :

Ce triptyque s'efforce d'envisager le problème de l'énergie dans sa globalité.
Sont propos n’est pas de juger où quand ni comment une décroissance contrôlée des besoins est désirable. Bien que de nombreux éléments suggèrent qu’elle le soit.

Mais de montrer, dans ses 3 parties, à la fois le rôle clé que semble devoir jouer l’électricité dans la problématique de l’énergie et en premier lieu de l’énergie française. Et d’expliquer comment l’injection croissante d’intermittence sur son réseau en fragilise le système et en affecte durablement la rentabilité. 

Et pourquoi ce double jeu de l'intermittence évoque l’idée que la récession est à la décroissance ce que le blackout est à la flexibilité. Et que c’est bien l’un et l’autre que l’ambiguïté politique se prépare à déclencher à grands frais. 
Pour la raison que cette situation dissuade les investissements de long terme pourtant nécessaires à la robustesse et la sécurité de la production d’électricité ainsi que dans la recherche de toute alternative pérenne.

Ce qui ne manquera pas de favoriser la compétitivité du gaz au détriment de celle de l’électricité, la compétitivité de l’Allemagne au détriment de celle de la France, et celle des pays émergents comme la Chine au détriment de celle de l’Europe.
Car la Chine ne cache pas ses ambitions pour régir les normes de l’économie mondiale et a décidé de dominer les technologies nucléaires les plus performantes, aussi bien de 3ème et 4ème génération que  celle, à plus long terme, du Graal de l’énergie : la fusion nucléaire.
Parallèlement, les chinois investissent massivement dans l’éolien européen, écrasent le marché des panneaux solaires dont ils détiennent le quasi monopole des terres rares nécessaires à leur fabrication. 

Il serait utile de se rappeler que l’explosion des énergies renouvelables en Chine était sous tendue par l’opportunité du transfert de technologies vers la Chine en contre partie de celle de polluer à moindre coût en Occident.
Alors que son retour de bâton fragilise désormais son système électrique, l’Europe commence à peine à réaliser qu’en rachetant le secteur de son énergie, c’est sur ses forces vives que la Chine s’apprête à mettre la main.
   
Les hypothèses de stockage futur, pourtant indispensable à la pérennité du modèle électrique actuellement préconisé, n’en sont qu’au stade de démonstrateurs subventionnés depuis maintenant 3 décennies que le problème est posé en ces termes. 
Sans même qu’on sache encore quelle technologie sera la plus pertinente.
Et l’Europe de l’électricité échafaude à grands frais une gigantesque usine à gaz sur des sables mouvants en se demandant encore comment résoudre, un jour, le problème de l’injection de ses fondations.

Le formidable atout que peut représenter le nucléaire pour l’avenir de la France a amené le chef de l’État à minimiser les engagements de fermetures de réacteurs tout en repoussant leur échéance.
Dans le même temps, il a annoncé 7 à 8 milliards d’euros annuels destinés à soutenir le développement des énergies renouvelables, notamment le triplement de l’éolien terrestre et le quintuplement du parc photovoltaïque d’ici 2030. 

En tentant une complémentarité des 2 tableaux, le chef de l’État a probablement voulu privilégier la l’équilibre et la diversité, en alliant la sécurité de la production nucléaire avec la puissance du soleil et du vent.
Mais ne semble pas avoir pris la mesure des implications qui sous tendent la complémentarité de la chèvre et du chou.
 

mardi 18 décembre 2018

La fin des éoliennes terrestres polonaises


La fin des éoliennes terrestres en Pologne

La fin des éoliennes terrestres en Pologne A la veille de la COP 24 à Katowice, le projet politique polonais de l’énergie à horizon 2040 « Polityki energetycznej Polski » (PEP)  a été dévoilé et restera en consultation publique jusqu’au 15 janvier 2019.
Alors que la Pologne a le privilège de disposer de la quasi-totalité de ses ressources énergétiques sur son propre sol, elle prévoit un programme ambitieux destiné à réduire drastiquement la part du charbon pour la ramener à 60% du mix électrique en 2030 et à 30% d’ici 2040, au lieu de 80% actuellement.
Le projet mise sur une augmentation de la consommation électrique, qui devrait passer de  165 TWh en 2018 à 232 TWh en 2040.
Sa présentation met en avant le caractère compétitif de l’énergie nucléaire, dont la compétitivité doit se concrétiser par la mise en service de 6 centrales nucléaires supplémentaires à partir de 2033 à raison d’une nouvelle centrale tous les 2 ans.
Dans une tribune, le ministre de l’énergie, Krzysztof Tchorzzwski avait évoqué l’opportunité pour le pays, qui comporte déjà 300 entités compétentes dans ce domaine, de développer des emplois hautement qualifiés.
Cette programmation de l’énergie mise sur le gaz de façon transitoire,  ainsi que sur les énergies renouvelables telles que la géothermie et surtout l’éolien offshore et l’énergie solaire.
La surprise de taille est la décision de faire disparaitre les éoliennes terrestres du paysage polonais à horizon 2040.
Le graphique ci-dessous indique le programme d’évolution de leur puissance installée, commençant par un léger accroissement destiné à soutenir le rôle du gaz avant la mise en service de la première centrale nucléaire. Puis leur rapide suppression jusqu’à leur quasi disparition dès 2040.

PUISSANCE DES CENTRALES EOLIENNES TERRESTRES EN POLOGNE (en MW)

 (Source de l’infographie ministère de l’énergie)

Lire la suite dans European Scientist .....
https://www.europeanscientist.com/fr/opinion/la-fin-des-eoliennes-terrestres-en-pologne/

Addenda
Le site du ministère polonais de l'énergie donne les liens des différents documents concernant ce projet de politique énergétique à horizon 2040
Un extrait en est reproduit ci dessous, montrant les productions attendues par chaque filière, seules les légendes concernant l'éolien ont été traduites d'autres ont été effacées pour la lisibilité



lundi 17 décembre 2018

Eoliennes : le début de la fin

- L'article de la semaine -

La fin des éoliennes terrestres en Pologne

La fin des éoliennes terrestres en Pologne
A la veille de la COP 24 à Katowice, le projet politique polonais de l’énergie à horizon 2040 « Polityki energetycznej Polski » (PEP)  a été dévoilé et restera en consultation publique jusqu’au 15 janvier 2019.
Alors que la Pologne a le privilège de disposer de la quasi-totalité de ses ressources énergétiques sur son propre sol, elle prévoit un programme ambitieux destiné à réduire drastiquement la part du charbon pour la ramener à 60% du mix électrique en 2030 et à 30% d’ici 2040, au lieu de 80% actuellement.

Le projet mise sur une augmentation de la consommation électrique, qui devrait passer de  165 TWh en 2018 à 232 TWh en 2040.
Sa présentation met en avant le caractère compétitif de l’énergie nucléaire, dont la compétitivité doit se concrétiser par la mise en service de 6 centrales nucléaires supplémentaires à partir de 2033 à raison d’une nouvelle centrale tous les 2 ans.
Dans une tribune, le ministre de l’énergie, Krzysztof Tchorzzwski avait évoqué l’opportunité pour le pays, qui comporte déjà 300 entités compétentes dans ce domaine, de développer des emplois hautement qualifiés.
Cette programmation de l’énergie mise sur le gaz de façon transitoire,  ainsi que sur les énergies renouvelables telles que la géothermie et surtout l’éolien offshore et l’énergie solaire.

La surprise de taille est la décision de faire disparaitre les éoliennes terrestres du paysage polonais à horizon 2040.
Le graphique ci-dessous indique le programme d’évolution de leur puissance installée, commençant par un léger accroissement destiné à soutenir le rôle du gaz avant la mise en service de la première centrale nucléaire. Puis leur rapide suppression jusqu’à leur quasi disparition dès 2040.

Lire la suite dans European Scientist .......
https://www.europeanscientist.com/fr/opinion/la-fin-des-eoliennes-terrestres-en-pologne/






dimanche 16 décembre 2018

COP 24 : Transparence et justice sociale

COP24 : un échec écologique malgré la participation et les fonds alloués

mercredi 12 décembre 2018

COP24 à Katowice : une improbable histoire d'amour



mardi 4 décembre 2018

COP24: Quand la science s'invite (enfin) dans les débats

La COP24 s'est ouverte sous la présidence du polonais Michal Kurtyka, secrétaire d’État à l’environnement depuis juillet 2018 après avoir été vice-ministre de l’énergie... et ancien élève de Polytechnique [1], à la suite de ses études au Lycée parisien Louis le Grand.
Son parcours mérite d’être mentionné car il marquera de son empreinte scientifique des débats trop souvent pollués par les effets d’annonce au détriment de la méthode, et par l’émotion au détriment de l’efficacité.

Or l’enjeu, comme l’ampleur des sommes concernées méritent une analyse rigoureuse.

Et Michal Kurtyka allie cette rigueur scientifique avec la maîtrise des dossiers ayant trait à l’environnement, mais aussi au domaine de l’énergie dans lequel il a initié un plan ambitieux de mobilité électrique [2].

La Conférence de tous les dangers

Lire la suite dans Atlantico .....
https://www.atlantico.fr/decryptage/3560390/quand-la-science-s-invite-enfin-dans-l-ecologie-politique-jean-pierre-riou


mercredi 28 novembre 2018

Focus sur l'énergie


Au début était le 100% renouvelable.
Avec l’apparition de machines alimentées par les énergies fossiles, la révolution industrielle a décuplé les perspectives de création de biens de consommation.
Un seul litre de pétrole alimente aujourd’hui davantage de travail que la seule force humaine n’en accomplirait en plusieurs jours. Et fournit, au bas mot, l’équivalent de 20 jours de travail manuel.
Le travail étant destiné à modifier l’environnement pour en tirer des richesses, sous forme de biens de consommation, la corrélation est directe entre la quantité d’énergie consommée et le produit intérieur brut (PIB).
L’évolution mondiale des sociétés contemporaines offre le spectacle d’une ruée vers toutes les formes d’énergie.
Ce qui pose un certain nombre de questions.
Cet article s’efforce d’en identifier certaines pour leur apporter quelques éléments de réponse, au fil de ses trois parties :
  • De l’énergie mondiale en général à la France d’aujourd’hui en particulier
  • Les spécificités du système électrique : l’Europe sous tension
  • L’énergie et le monde de demain

De l’énergie mondiale en général à celle de la France d’aujourd’hui en particulier
Une quantité d’énergie peut notamment s’exprimer en joules (J), en wattheures (Wh) ou en tonnes équivalent pétrole (tep).
Et il faut distinguer l’énergie finale, prête à l’emploi pour le consommateur, de l’énergie primaire, qui comprend l’ensemble des ressources nécessaires à sa fourniture.

Source Our world in data [1]

Lire la suite dans European Scientist  ......
https://www.europeanscientist.com/fr/opinion/focus-sur-lenergie/

L'Arlésienne renouvelable

1001 pièges de l'intermittence

 Jean Pierre Riou

Éoliennes, panneaux solaires, voitures électriques et cie : les 1001 pièges de l’environnement revu et corrigé par la technocratie française
Emmanuel Macron entend fermer entre 4 à 6 réacteurs nucléaires d'ici 2030 et prévoit un essor des énergies renouvelables. Plus précisément, la part de l'éolien terrestre serait multipliée par 3, celle du photovoltaïque par 5, et il souhaitait parallèlement développer l'éolien en mer. 

Lire mes réponses sur Atlantico ..... 

https://www.atlantico.fr/decryptage/3559873/eoliennes-panneaux-solaires-voitures-electriques-et-cie--les-1001-pieges-de-l-environnement-revu-et-corrige-par-la-technocratie-francaise-jean-pierre-riou

samedi 3 novembre 2018

Les français et le nucléaire

Les français et le nucléaire

Jean Pierre Riou

Le partage de l’inculture scientifique
Dans sa dernière tribune [1], Laurent Alexandre fustige l’inculture scientifique de nombreux responsables politiques et s’inquiète des conséquences de la victoire du dogme sur la Raison.
Cette inculture est plus pernicieuse encore lorsqu’elle concerne la pression de l’opinion publique.
C’est le cas notamment du projet de fermeture de la centrale de Fessenheim, actée pour raison de promesse électorale.
Car les messages alarmants sur le sujet nucléaire sont plus volontiers repris par les médias que les analyses des spécialistes et une opinion publique étrangère à la culture scientifique est une proie facile pour les affairistes de la terreur.
Et cette opinion est versatile, comme vient de le confirmer le sondage Odoxa pour Challenges [2], qui révèle l’inversion de l’avis des français sur l’énergie nucléaire, avec une opposition de 53% contre 32% il y a à peine 5 ans.

Les enseignements d’un sondage
Lire la suite dans The European Scientist ......
https://www.europeanscientist.com/fr/opinion/les-francais-et-le-nucleaire/

vendredi 12 octobre 2018

Lécologie politique, partie 2


Jean Pierre Riou

L’écologie a renoué avec l’environnement le lien fondamental et sacré qui le relie à l’homme. Par cette communion, elle remplit le vide laissé par les religions dans un contexte d’explosion technologique. Mais elle fait semblant d’ignorer que le fossé s’élargit de toutes parts entre la déclinaison politique de ses principes et le bilan de ses résultats.
La dimension mondiale du phénomène et les sommes inédites qui lui sont consacrées justifient une tentative d’analyse de son origine et de sa démarche, ainsi que de ses ressorts cachés et des conséquences géopolitiques qu’on peut en attendre.
Ces 2 faces de l’écologie politique sont l’objet des 2 parties du présent article.

Deuxième partie
En regard de la vacuité du bilan des énergies renouvelables évoqué dans la première partie de cet article, l’ampleur de son développement mondial tient lieu d’argument.
Un rappel s’impose

L’embuscade chinoise

Lire la suite dans European Scientist .........
https://www.europeanscientist.com/fr/opinion/lecologie-politique-sera-scientifique-ou-ne-sera-plus-partie-2/

Également en version anglaise
https://www.europeanscientist.com/en/features/political-ecology-will-be-scientific-or-be-finished-part-2/

mercredi 3 octobre 2018

L'écologie politique et la science

Par Jean Pierre Riou 
 
L’écologie a renoué avec l’environnement le lien fondamental et sacré qui le relie à l’homme. Par cette communion, elle remplit le vide laissé par les religions dans un contexte d’explosion technologique. Mais elle fait semblant d’ignorer que le fossé s’élargit de toutes parts entre la déclinaison politique de ses principes et le bilan de ses résultats.
La dimension mondiale du phénomène et les sommes inédites qui lui sont consacrées justifient une tentative d’analyse de son origine et de sa démarche, ainsi que de ses ressorts cachés et des conséquences géopolitiques qu’on peut en attendre.
Ces 2 faces de l’écologie politique sont l’objet des 2 parties du présent article.

Première partie
Les origines de son crédo 

Lire la suite dans European Scientist .....

https://www.europeanscientist.com/fr/opinion/lecologie-politique-sera-scientifique-ou-ne-sera-plus/

Également en version anglaise :
https://www.europeanscientist.com/en/features/political-ecology-will-be-scientific-or-be-finished/

vendredi 13 juillet 2018

Le jeu dangereux de l'Allemagne

Sécurité européenne : le jeu dangereux de l’Allemagne

Sécurité européenne : le jeu dangereux de l’Allemagne
La colère de Donald Trump
Dès l’ouverture du sommet de l’OTAN, mercredi 11 juillet, Donald Trump a fustigé ses « amis » européens en raison de l’insuffisance de leur budget de défense et a tiré à boulets rouges sur l’Allemagne en raison de son jeu dangereux avec la Russie.
L’Europe, en effet, n’aurait pas respecté son engagement de consacrer 2% de son budget à sa défense militaire. 
Et c’est désormais 4% que le président américain aurait exigé lors de la séance plénière.
Selon « Le Monde » [1], le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a reconnu qu’il était nécessaire, dans l’intérêt même de l’Europe, de pouvoir « être en mesure en 2030 de déployer sous trente jours 30 bataillons mécanisés, 30 escadrilles et 30 navires de combat pour faire face à une opération militaire de la Russie, identifiée comme un potentiel agresseur. »
Le cavalier seul allemand

..... Lire la suite sur European Scientist .....

https://www.europeanscientist.com/fr/energie/securite-europeenne-le-jeu-dangereux-de-lallemagne/ 


mardi 19 juin 2018

La fermeture de tout réacteur nucléaire jugé sûr serait irresponsable

La fermeture de tout réacteur nucléaire jugé sûr serait irresponsable


 |   |  924  mots

mercredi 30 mai 2018

Chronique d'un suicide collectif


Chronique d’un suicide collectif

Jean Pierre Riou

Quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt

L’équilibre mondial est sous tendu par une guerre sans merci, celle de l’accès à l’énergie.
C’est d’elle que dépend la mainmise sur tout le reste.
En ruinant son système électrique, l’occident ne semble pas avoir pris la mesure des conséquences.

Le billard à 3 bandes
Le billard à 3 bandes est un sport de précision qui consiste à viser une direction totalement étrangère à l’objectif recherché et demande d’intégrer le savant calcul de la trajectoire qui permettra d’atteindre la cible après 3 changements de direction du projectile, en l’occurrence, une boule de billard.
Il s’agit du sport de référence des maîtres ès géostratégie qui peuvent ainsi se permettre de faire appel à l’opinion pour cautionner la direction du tir.
 Voire à l’idiot utile pour servir ses desseins.

La guerre du gaz
Dans l’actualité récente, un tyran devait quitter la Syrie.
Les plus perspicaces auront compris que l’acheminement de la production du plus gros gisement de gaz au monde, le gisement iranien de South Pars, n’y était pas totalement étranger.

L’entreprise TOTAL, qui avait pu en négocier, en 1999 et 2000, la majorité de l’exploitation, a été attaquée pour corruption par la justice. Elle a pu clore la procédure américaine  en versant la somme de 398 millions de dollars.

Les récentes sanctions américaines contre l’Iran, au prétexte d’un manquement aux accords nucléaires, auront fini par avoir raison des prétentions de TOTAL sur ce fabuleux gisement, en raison de la menace U.S de le priver de tout financement en cas de violation de ces sanctions, sanctions providentielles en regard des intérêts gaziers américains.

La guerre du gaz est en effet sans merci, 35 ans après l’accident d’avion qui a coûté la vie au président de la Compagnie italienne d’hydrocarbures (ENI) Enrico Matteï, les soupçons d’attentat sont devenus des certitudes.
Les conditions suspectes de l’accident d’avion de Christophe de Margerie, PDG de TOTAL, ont d’ailleurs fait couler beaucoup d’encre.

L’axe germano russe
En butte aux pressions américaines, le projet de gazoduc Nord Stream 2, qui évite l’Ukraine, assurerait à l’Allemagne un partenariat privilégié avec la Russie.
Ce projet est porté par l’ancien chancelier allemand G. Schroeder, devenu aujourd’hui président du conseil d’administration de la compagnie pétrolière russe Rosneft.

On se souvient que celui-ci avait surpris tout le monde en se reconvertissant dans le gaz russe, avec son vice chancelier J. Fischer, dès le lendemain de sa défaite politique, après que ses réformes aient d’ailleurs embelli  l’avenir gaz, à travers le plan de sortie du nucléaire allemand et la promotion d’énergies intermittentes dont le faible taux de charge assure la dépendance aux centrales d’appoint.
G. Schroeder fut l’une des 3 seules personnes qui ont été honorées d’une poignée de main, lors de la dernière investiture de V. Poutine, indiquant en même temps l’importance de son rôle.

Nord stream 2, la cristallisation de toutes les tensions
Ce projet de gazoduc  entraîne l’unanimité contre lui, aussi bien de la part de la Commission européenne, qui déplore la dépendance ainsi renforcée de l’Europe à la politique de V. Poutine, que des États-Unis, qui souhaiteraient à la fois nous vendre leur gaz de schiste et éviter un rapprochement avec Moscou. Il est également combattu par des pays tels que l’Ukraine ou la Pologne que ce projet évincerait et qui appellent les États-Unis à appliquer des sanctions contre lui.

L’institut polonais PISM vient tout juste de reprocher à la Commission européenne de céder aux prétentions allemandes et au renforcement de l’axe Moscou Berlin qui menace l’indépendance énergétique. Ce reproche a même entraîné un incident diplomatique après que le directeur de PISM, Sławomir Dębski, se soit vu signifier un refus d’entrer en Russie.

Car l’enjeu est d’importance pour la Russie, mais aussi pour l ’Allemagne qui se prépare, en effet, à tenir les vannes du gaz européen  à horizon 2035. 



(Source rapport EWI « Options for Gas Supply Diversification for the EU and Germany in the next Two Decades”)

Selon ce rapport EWI, la construction de Nord Stream 2 permettrait à l’Allemagne de devenir exportateur net de gaz vers la République tchèque, l’Autriche, la Suisse, la France, la Belgique et les Pays-Bas.

Un parc nucléaire qui fait de l’ombre
Mais la France dispose encore d’un double avantage sur ses voisins grâce à son parc nucléaire :
-          Une  moindre dépendance énergétique, avec 46% contre 61,9% en Allemagne selon la Commission européenne , car les coûts des importations d’uranium sont suffisamment marginaux (1,14€/MWh) pour ne pas devoir entrer dans son calcul,
-          une absence d’émission de CO2 qui place notre économie à l’abri de l’évolution de la taxe carbone.

L’enjeu de cette taxe carbone
Un relèvement significatif de celle-ci est  inacceptable pour l’Allemagne, du moins tant que la production électrique française reste à 75 % nucléaire, en raison de l’avantage considérable que celle-ci lui confèrerait.
Le rapport franco allemand Agora Iddri « L‘Energiewende et la transition énergétique à l’horizon 2030 » mentionne, en effet, p 91 :
 « L’évolution du parc de production nucléaire en France influera sur la rentabilité du parc à charbon en Allemagne. Le nucléaire a un coût marginal plus faible que le charbon, si bien que sa production peut se substituer à celle des centrales à charbon lorsque qu’il reste des capacités d’interconnexion disponibles. À l’inverse, si des capacités nucléaires sont retirées du mix français, la compétitivité des centrales à charbon maintenues dans le système en Allemagne est améliorée ».
Ce rapport confirme plus loin :
 « Dans le cas d’une baisse de capacités nu­cléaires à 40 GW, le surplus producteur des capacités charbon et lignite résiduelles est augmenté de respec­tivement 18 et 23 €/kW par an par rapport au scéna­rio haut nucléaire. »

Quand on veut tuer son chien …
La réduction de notre production nucléaire sera immanquablement compensée par une augmentation de celle du gaz.
Les mirages d’un providentiel stockage de l’énergie non pilotable des éoliennes notamment sous forme de gaz (P2G) nous masquent d’autant plus efficacement les enjeux du rapport de force avec l’Allemagne que l’Office franco allemand pour la transition énergétique (OFATE) tient ses bureaux dans les locaux même de notre ministère de l’écologie solidaire.  
Et que des organismes allemands, tels que la fondation H. Böll financent des sondages permettant de montrer aux français qu’ils sont opposés au nucléaire.
La maxime reste donc pertinente quand il s’agit de tuer le chien des autres.

La dépendance de demain
C’est de la maîtrise de l’énergie que dépendra l’échiquier politique de demain.
L’axe germano-russe y a déjà placé ses pièces maitresses. 
Russie Iran Qatar détiennent la majorité des ressources en gaz de la planète, et représentent une véritable « Troïka du gaz » dont les sanctions américaines ne parviennent pas à entamer les liens.
Les dernières sanctions américaines en date, contre l’Iran, au prétexte de manquement sur  l’accord nucléaire, auront du moins permis d’évincer TOTAL, là où la justice avait échoué.

La récente mondialisation du marché du gaz, permise par les progrès de son transport maritime sous sa forme liquéfiée (GNL), bouleverse la donne de l’énergie, et permet notamment aux États-Unis, désormais exportateurs nets, non seulement de déboucher sur des marchés lointains, mais d’asseoir leur influence, notamment vers l’Europe.
Cette facilité de transport vers les besoins colossaux des pays émergents laisse également augurer de grandes tensions sur le marché du gaz, exacerbées par les prévisions d’épuisement de ses réserves.

Les idiots utiles
On se doute que l’enjeu géostratégique est tel dans le domaine de l’énergie que tous les moyens sont bons pour parvenir à ses fins. L’infiltration des oppositions locales fait naturellement partie de l’arsenal.
Et les candidats sont nombreux pour la mission d’idiot utile.
On se rappelle les confessions du député écologiste suisse qui avait tiré au lance roquettes sur la centrale de Superphénix grâce à une arme aimablement fournie par les services secrets du bloc de l’Est : « En fait, eux, nous et les services secrets du bloc de l’Est qui les finançaient et les entraînaient, nous avions un objectif commun: affaiblir le complexe militaro-industriel auquel Malville appartenait. Ils nous ont donc finalement fait ce cadeau ».
Lequel  « cadeau » a contribué à tuer dans l’œuf les velléités d’indépendance énergétique de la France que la surgénération aurait permise, tandis que c’est désormais la Russie qui domine cette technologie, ayant récemment obtenu le prix de la meilleure centrale au monde pour son BN 800 qui reprend celle de Superphénix.


L’indépendance énergétique, cible de tous les coups
Les dessous de la perte de contrôle des turbines nucléaires par la France lors de la vente d’Alstom à l’américain General Electric évoquent également la face cachée de cette lutte d’influence.
Et si les mouvements d’opposition peuvent être manipulés par des causes qui leur sont étrangères, cela n’exclut pas qu’ils puissent en tirer profit.

Malgré l’évocation d’un monde enfin solidaire autour de causes communes que sont le bien être de tous et de l’écologie, ce combat pour la maîtrise du secteur de l’énergie est violent, c’est celui pour le pouvoir.

Mais dans ce jeu de dupes, le gagnant reste celui qui a un coup d’avance sur l’échiquier, celui qui a anticipé la trajectoire de la boule de billard jusqu’à la fin de sa course.

La dernière bande
On pouvait deviner qu’une réduction de l’énergie nucléaire et  l’essor des énergies intermittentes feraient la place belle au gaz.
Il était également facile de prévoir que l’injection croissante d’électricité intermittente subventionnée ruinerait les producteurs d’électricité non subventionnés. C’était annoncé, c’est désormais une dramatique réalité européenne, EDF s’en tirant d’ailleurs plutôt mieux que certains tentent de le faire croire en abusant du syllogisme :  
EDF est nucléaire, EDF est malade, DONC le nucléaire rend malade.
La situation, plus grave encore, des autres énergéticiens européens confirme une tout autre réalité


(Source Colombus Consulting)


Le coup de grâce venu d’ailleurs
Ce que tout le monde n’avait peut-être pas perçu, c’était le risque inhérent à la ruine d’un secteur stratégique mais désormais libéralisé.
L’offre publique d’achat (OPA) de Energias de Portugal par la Chine doit ouvrir les yeux sur la direction que prend désormais la boule après avoir touché la 3ème bande. Car ce n'est rien moins que la prise de contrôle de la politique européenne, par le biais de son secteur de l’énergie, qui se trouve désormais dans l’axe de sa course, et son énergie en est suffisante pour pulvériser les défenses.

L’arroseur arrosé
La Chine a bénéficié du transfert de technologie et du financement des pays dits « développés » (annexe B du protocole de Kyoto) en captant la majorité des projets de « développement propre » (Clean Development mechanism  ou CDM), avec notamment plus de 300 projets éoliens financés pour la seule Mongolie intérieure.
Les  unités de réduction d’émission (URE) générées par ces projets permettant en fait aux occidentaux de continuer à polluer chez eux à moindre coût, comme le constate avec cynisme le China Institute, dans  son rapport sur le sujet, p 7.

Mais ces projets ont permis à la Chine de devenir le 1er constructeur mondial d’éoliennes et de panneaux photovoltaïques dont elle inonde désormais le monde entier. Avec les mêmes conséquences délétères sur tous les systèmes électriques sous perfusion d’intermittence subventionnée.
L’OPA chinoise sur Energias de Portugal fait craindre qu’il ne reste plus désormais à la Chine qu’à en ramasser les morceaux. Et d’en faire le bras armé de ses nouvelles routes de la soie si elle prenait le contrôle du secteur de l’énergie occidental.

Rendez vous en terre inconnue
Les énergies renouvelables, qui étaient un moyen pour parvenir au triple objectif de réduire l’impact environnemental, renforcer la sécurité d’approvisionnement tout en maîtrisant les coûts, se sont révélées parfaitement inefficaces dans chacun des objectifs qui leur étaient assignés.

Mais plutôt que de scruter dans la direction de ses objectifs, afin d’en anticiper les effets, la politique énergétique européenne, confondant objectifs et moyens, se focalise désormais sur le seul niveau de développement des énergies renouvelables, se contentant ainsi de contempler le doigt qui devait montrer le chemin.
Mais comme il est désormais difficile d’évoquer l’un ou l’autre des objectifs originels, dans lesquels elles ont échoué, on se fie aux nécessaires ruptures technologiques qui permettraient de trouver un intérêt aux énergies électriques intermittentes que sont éolien et photovoltaïque.

En raison de l’ampleur des difficultés à restructurer l’ensemble de notre parc électrique, N. Hulot nous appelle désormais à rêver et nous donne rendez vous en terre inconnue à travers la déclaration que grâce à cette politique « Nous sommes à l’aube d’une révolution dont on ne connaît pas encore le point d’atterrissage ».

Nul doute que d’autres le connaissent déjà pour nous

mercredi 23 mai 2018

Le débat #PPE en questions

Le débat public sur la PPE en questions



Pour respecter l’obligation constitutionnelle de faire participer le public à la définition de la trajectoire que la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) fixera avant la fin de l’année 2018, l’actuel débat public sur le sujet permet à chacun de s’exprimer. 
L'expertise nécessaire pour permettre de se prononcer, ainsi que la complexité du sujet et le caractère partisan de bon nombre des informations disponibles ne facilite assurément pas l'émergence d'avis éclairés.
Mais malgré la qualité de nombreux avis d'experts particulièrement pertinents, on peut imaginer que la messe serait dite, ou, plus précisément, déjà écrite.

Les questions qui ne sont pas posées

Comment réduire les risques liés à la production d’énergie ? Comment réduire l’impact sur l’environnement ? Comment améliorer la sécurité d’approvisionnement et l’indépendance énergétique ? Comment maîtriser les coûts ? Comment anticiper l’épuisement des ressources fossiles ?

Autant de de choix stratégiquement déterminants sur lesquels chacun voudra s'exprimer.
Autant de questions dont on connaît les réponses, à travers les mises en garde maintes fois répétées par la Cour des Comptes, France Stratégie, l’Académie des Sciences et celle des technologies, ou l’autorité de sûreté nucléaire.

Des engagements qu'on veut irréversibles ...

Mais la question posée ne sous tend que la façon d’augmenter l’injection d’électricité intermittente.
Car la loi impose de porter à 40% la part d’ « énergies renouvelables » dans la production d’électricité d’ici 2030. 
Or il n’est pas prévu d’augmenter la puissance hydraulique qui représente actuellement l’essentiel de la production renouvelable.

... Malgré leur inefficacité avérée
Certes, la PPE ne se borne pas à l’évolution du mix électrique, qui ne représente que 7% des émissions de CO2 (eq).
Mais le débat semble se cristalliser sur le nombre de réacteurs nucléaires qu'il faudrait remplacer par des énergies intermittentes.
Et c’est d’ailleurs une raison supplémentaire de s’inquiéter du bilan de la stratégie bas carbone publié par le Ministère, montrant la majorité de l’argent public engagé dans le développement éolien/solaire du mix électrique, pour une absence totale de résultat sur le plan environnemental

Des opportunités d'optimisation

La problématique repose sur le dimensionnement du système électrique et la façon de l’optimiser grâce aux réseaux intelligents, tarifs incitatifs, rémunération d’effacement de consommation, capacités de stockage - d’ailleurs essentiellement hydraulique - et capacités d’import/export.
Ce dernier paramètre devant être relativisé tant par le manque prévisible d'intérêt de nos exportations lorsque nos voisins n’en auront pas besoin que par la nécessaire sécurité de nos marges d’importations lorsque ceux-ci manqueront de courant. 

Rappelant, si besoin était, que la difficulté n'est pas de fermer des réacteurs, mais d'assurer l'approvisionnement de la consommation électrique dont rien ne permet d'augurer la moindre baisse.

Les effets pervers de l'intermittence
Ces mécanismes d'optimisation, d'ailleurs limités et coûteux, sont actuellement dévoyés au service du lissage de la production intermittente, notamment des variations brutales de la puissance éolienne. 
Le gestionnaire de production d’EDF allant jusqu’à demander l’arrêt complet de certains réacteurs lors de records éoliens, sans que cette puissance capricieuse ne permette, pour autant, la fermeture définitive du moindre d’entre eux.

La véritable question est double et se pose en ces termes :
« Combien de réacteur jugés sûrs par l’autorité nucléaire doit on remplacer par d'autres moyens garantissant la même disponibilité de production ? Quelle puissance intermittente doit on adjoindre à ces nouveaux moyens pour limiter, le cas échéant, leur impact environnemental et notre dépendance, sachant que plus on abaissera le facteur de charge de ces moyens et plus on devra les subventionner afin qu’ils restent disponibles en cas de besoin ? »

Car ce n’est qu’en connaissance du coût de la solution envisagée que peut s'écrire la loi.
Pour la raison que l’argent public n’est pas renouvelable.

Malheureusement, le débat public n'est pas le lieu de remettre en question une loi dont il apparaît pourtant déjà qu'elle est inapplicable

La question de la transparence des informations
Mais puisque ce débat permet d'obtenir des réponses de son Maitre d’œuvre, il reste, du moins, l'occasion de demander des précisions sur la qualité des informations qui nous sont transmises, notamment sur la dévalorisation du patrimoine des riverains d'éoliennes 
sur les coûts du démantèlement éolien
sur le paradoxe des décibels éoliens
ou de commenter la question de la gestion de l'intermittence en rappelant les limites des interconnexions

Ou, enfin, sur toute autre question à venir.