dimanche 26 novembre 2023

EnR : l’absence d’étude d’impact environnemental

 

CO2 évité par les EnR :

Des incertitudes entre ± 1 % et ± 300 %

Jean Pierre Riou  

Le développement des énergies renouvelables a été stimulé par des objectifs contraignants en tant que moyen réputé réduire notamment les émissions de CO2 du système électrique.

Alors qu’on sait parfaitement que les émissions théoriquement évitées sont contrebalancées par les effets de leur intermittence, il apparaît aujourd’hui qu’aucune étude d’impact environnemental n’a cherché à quantifier, par des mesures de terrain, la réalité de l’impact des énergies renouvelables électriques sur les émissions de CO2.

 

En effet, il est avéré que l’intermittence de la production des énergies renouvelables électriques (EnR) augmente les régimes partiels et à coups de fonctionnement des centrales thermiques dont elles évitent la production.

Il est également admis que ces régimes de fonctionnement dégradent les facteurs d’émissions de ces centrales thermiques.

Or il apparaît que la réduction des émissions de CO2 permise par les EnR est calculée d’une façon théorique, notamment par RTE, qui s’en tient à la quantité d’électricité produite, sans tenir compte de cette dégradation des facteurs d’émission, en appliquant le même coefficient d’émission à chaque MWh thermique produit, pour chaque filière, quel que soit le régime utilisé pour le produire.

Ces 3 points sont développés dans l’article en 2 parties « EnR et CO2 évité : entre théorie et pratique » [1]

Trois points auxquels il conviendrait d’ajouter la prise en compte des émissions liées aux effets induits par l’intermittence des EnR, notamment les émissions liées au stockage et à la restructuration du réseau.

 

Pour cette raison, la sénatrice A.C. Loisier a demandé au Gouvernement [2] quelle étude d’impact, basée sur des mesures de terrain, aurait conforté le bien fondé des chiffres théoriques de RTE.

 

En effet, il semble qu’à ce jour, la seule étude d’impact environnemental effectuée sur la base de mesures de terrain, et publiquement transmise à l’administration, serait celle de l’énergéticien Duke Energy transmise le 23 aout 2018 et dont les conclusions ont été publiées dans le North State Journal [3].

Celles-ci font état d’une augmentation globale des émissions des divers polluants par ses 4 unités de cycle combiné à gaz (CCG) en raison la baisse de régime qui leur imposée par la production solaire. Ce qui est la raison de sa demande officielle d’un aménagement de ses contraintes environnementales, dans la mesure où il se trouve amené à polluer davantage en produisant moins. Duke Energy précise qu’en cas d’arrêt et redémarrage quotidien lié à l’importance de la production solaire, l’augmentation globale de ses émissions serait pire encore.

Ces arrêts et redémarrages de centrales thermiques, ainsi que des régimes inférieurs à 50% de la puissance nominale liés à l’intermittence des EnR françaises ont été documentés dans l’article précédemment cité [1].

 

Dont acte

En répondant à la question de la sénatrice Loisier [2] le 23 novembre 2023, le Ministère de la Transition énergétique s’appuie à nouveau sur des mesures uniquement théoriques, notamment de RTE, pour justifier sa politique de développement des EnR. Cette réponse est de nature à confirmer, en creux, qu’aucune étude n’a jamais cherché à quantifier l’effet réel de l’injection croissante d’énergies intermittentes sur le réseau par des mesures de terrain telles que celles de Duke Energy.

Par sa réponse, le Ministère entérine ainsi l’absence de toute évaluation de la marge d’erreur du calcul théorique, pourtant bien connue de tous les énergéticiens, et, pire encore, de toute vérification qu’il n’en va pas de même pour le CO2 que pour les différents polluants des CCG de Duke Energy, pour lesquels la substitution d’une partie de la production par des EnR a eu pour effet une augmentation des émissions, avec leurs conséquences sanitaires

Pour rappel, le CITEPA, organisme officiel chargé de l'inventaire des émissions de gaz à effet de serre en France précise dans sa méthodologie [4] qu'il ne retient pas la quantité de TWh produits, mais la quantité de combustible utilisé, la valeur PCI de chacun d'eux et les caractéristiques de chaque installation. .  

Une incertitude bien connue

Pour autant, en l'absence de données spécifiques, le CITEPA ne fait pas varier les facteurs d'émission en fonction du régime de fonctionnement des installations.

Et confesse dans cette méthodologie : "Pour la plupart des secteurs, les incertitudes sur les émissions sont calculées en combinant les incertitudes des données d’activité et celles des facteurs d’émissions. Les premières sont généralement plus faibles (entre ± 1 % et ± 35 %) que les deuxièmes (entre ± 1 % et ± 300 %)"

Il est choquant que des objectifs contraignants puissent ainsi être imposés en termes de moyen sans qu’on ait au préalable vérifié par des mesures de terrain l’impact réel de ces moyens sur les émissions de CO2, alors qu'on sait que l'absence de prise en compte des facteurs d'émission entraînent des erreurs allant jusqu'à 300% et que l’objectif prioritaire est la réduction de ces émissions et non l’augmentation des moyens théoriquement supposés y participer.

 

1 https://www.europeanscientist.com/fr/opinion/enr-et-co2-evite-entre-theorie-et-pratique-premiere-partie/

2 https://www.senat.fr/questions/base/2023/qSEQ230506667.html

3  https://nsjonline.com/article/2019/08/duke-energy-application-points-finger-at-solar-for-increased-pollution/

https://www.citepa.org/wp-content/uploads/publications/ominea/OMINEA-2022v2.pdf

Le naufrage de l’écofascisme

 

Le naufrage de l’écofascisme

Le naufrage de l’écofascisme

Alors que le Conseil d’État vient de retoquer la proposition du Ministre de l’intérieur Gérald Darmanin de dissoudre le collectif les soulèvements de la terre, Jean-Pierre Riou s’interroge sur un nouveau phénomène : l’émergence de l’écofascisme. 

Technologie et démocratie : nous n’avons pas d’alternative

Le bac français 2020 proposait aux candidats de réfléchir sur le sujet suivant : « Dans son œuvre Les identités meurtrières, Amin Maalouf écrit : « La formidable puissance qui est donnée à l’homme par la science et la technologie modernes peut servir à des usages opposés, les uns dévastateurs, les autres réparateurs. »
Pensez-vous comme Amin Maalouf que le progrès scientifique et technologique soit capable d’apporter des solutions aux problèmes engendrés par ce même progrès ? 

Dans son œuvre « Le naufrage des civilisations », l’auteur, qui vient d’être élu au poste de secrétaire perpétuel de l’Académie française le 23 septembre 2023, déplorait en effet le retard des  mentalités de nos sociétés, qui n’ont pas évolué au rythme des progrès technologiques vers un meilleur partage de leurs bénéfices.

Chaque jour, l’actualité témoigne en effet du visage le plus barbare de nos « civilisations », de leurs haines et leurs violences pour défendre l’identité de chacune d’elles, ses particularités  et privilèges auxquels toutes s’accrochent. Mais elle témoigne aussi des raisons d’espérer grâce aux incroyables progrès des technologies, ainsi que, hélas, des tentatives de leur sabotage quasi systématique par la radicalisation d’un militantisme qui s’érige au dessus des lois pour combattre chacun d’eux, sapant ainsi les fondements de la démocratie, au nom des certitudes propres aux différentes chapelles du culte de la planète Gaïa. 

Mais si le progrès laisse encore à Amin Maalouf des raisons d’espérer, « La tentation écofasciste » décrite par Pierre Madelin donne les raisons de redouter la brèche ouverte par toute remise en question du fonctionnement de notre démocratie.

Car l’écologie n’est pas un monopole de gauche.

L’idée qu’il n’y a pas d’alternative au couple « démocratie et progrès » sera développée en 3 partie ( 1) La lutte contre le progrès, 2 La fragilisation de la démocratie, 3 Les promesses de la science) et montrera les redoutables effets pervers d’une décroissance liée aux entraves à la productivité.

1 La lutte contre le progrès

Contre les biotechnologies 

Confrontée à la sécheresse, l’Italie a voté, le 31 mai 2023, un amendement [1] permettant l’utilisation, jusqu’au 31 décembre 2024, de plans plus résistants à divers stress, dont le stress hydrique, obtenus grâce aux biotechnologies.

Comme toute intervention de la science sur le vivant, fût-elle de nature à permettre à l’agriculture de résister à la sécheresse, cet amendement a provoqué une levée de boucliers d’ONG, dont « Crocevia » qui accuse le gouvernement de prendre le climat pour prétexte afin de favoriser les lobbies de l’agro-industrie.

Et c’est la recherche elle-même dans ce domaine qui fait l’objet de saccages illégaux par des chapelles qui l’ont prise pour cible, comme l’ont montré les faucheurs volontaires en détruisant une expérience unique en France, sur le point de démontrer des hypothèses fondamentales sur la transgénèse, « qui allait en plus nous donner des clés sur l’impact environnemental des OGM » s’était alors désespéré le directeur de la communication de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra). [2]

La même hostilité aux biotechnologies, s’est déclinée en mode conspirationniste lors de l’épidémie de Covid, point d’orgue des chapelles anti-vaccins qui « perturbent l’avancée médicale depuis le XVIIIe siècle » ainsi que Françoise Salvadori en a retracé l’histoire. [3]   

Contre la gestion de l’eau

La Seine a été épargnée par la sécheresse de l’été 2022 grâce à ses 4 grands lacs réservoirs [4], dont la présence providentielle permet également de limiter les inondations [5]. Malheureusement, toute forme de retenue d’eau, y compris les barrages plusieurs fois centenaires, contrevient au principe sacro saint de la liberté du cycle naturel de l’eau, cher aux activistes anti-bassines, qui sont opposés, au nom de ce principe, à tout stockage de l’eau des nappes phréatiques quand elles sont pleines afin de les épargner quand vient la sécheresse. Y compris lorsqu’elles débordent en entravant les travaux des champs [6], avant de retourner à l’océan. 

Contre le nucléaire

Les militants antinucléaires dénoncent les risques du moyen de production d’électricité le plus sûr, par quantité d’énergie produite, et dont les émissions sont inférieures à toute autre forme de production d’électricité, éolien compris, dès lors qu’on analyse l’ensemble du cycle vie par MWh produit (ACV), depuis le minage des matériaux nécessaires jusqu’au démantèlement des installations en fin de vie, comme le résume l’illustration ci-dessous.

(Source Our World in Data https://ourworldindata.org/safest-sources-of-energy ) 

(Source Our World in Data https://ourworldindata.org/safest-sources-of-energy

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https://www.europeanscientist.com/fr/opinion/le-naufrage-de-lecofascisme/