samedi 23 novembre 2019

Regard sur l'Energiewende


Regard sur l’Energiewende

Jean Pierre Riou

La croisée des chemins
L’Allemagne doit faire face à une crise sans précédent de l’éolien au moment même où elle s’apprête, pour la première fois, à réduire les capacités pilotables de son parc de production d’électricité.
Elle n’en fournit pas moins à la France un modèle en matière de sécurité d’approvisionnement qu’il convient d’analyser.

Le déclin des éoliennes historiques
Au terme des 20 années de subventions accordées par la loi (EEG), se pose aujourd’hui la question de la rentabilité des premières éoliennes allemandes.
Une enquête de 2018 de l’organisme FA Windenergie [1] révèle qu’une large part de leurs exploitations sera alors abandonnée et les machines démantelées.
La 2ème chaîne allemande, ZDF[2], avait annoncé, fin 2017, que plus du quart des capacités éoliennes du moment devrait ainsi disparaître.
Ce qui devrait d’ailleurs éclairer la problématique de ce démantèlement, notamment des milliers de tonnes de pales quasiment impossibles à recycler [3].

2019 l’effondrement des nouvelles capacités
Dans le même temps, et avec une chute de 82% par rapport à la même période, déjà faible, de 2018, le premier semestre 2019 connaît un effondrement sans précédent des nouveaux investissements dans ce secteur.

Les syndicats allemands rapportent [4] que, le nombre d'emplois dans l’éolien serait passé de 133 800 en 2017 à 112 100 actuellement.
Et l’industrie allemande est à la peine : le fabricant d’éoliennes Senvion, désormais en faillite et n’ayant pas trouvé repreneur, sera vendu « à la découpe », [5] tandis que le géant Enercon annonce la suppression de 3000 emplois [6].

C’est dans ce contexte morose pour l’éolien que le Conseil des ministres fédéraux vient d’entériner, le 9 octobre 2019, un projet de loi sur le Climat [7] qui contient l’instauration d’une distance d’éloignement entre éoliennes et habitations d’un minimum de 1000 mètres.
Sans préjudice de la mesure actuelle de 10 fois la hauteur des machines en Bavière.


Les syndicats professionnels ainsi que dix ministres régionaux de l’environnement viennent d’alerter le gouvernement [8] sur les conséquences de cette situation, dramatique pour la filière, qui compromettent gravement les objectifs climatiques de l’Allemagne.

Les moyens pilotables à horizon 2022
La loi allemande prévoit la fermeture des 9,5 GW nucléaires encore en activité, ainsi que de 2,9 GW supplémentaires, essentiellement charbon lignite et gaz.
Elle prévoit également la mise en service de 2,3 GW charbon et gaz, notamment la très controversée centrale à charbon de Datteln 4.
Le graphique ci-dessous [9], publié le 11 novembre 2019, récapitule cette situation.



Parallèlement, le plan Climat allemand prévoit de réduire les capacités de charbon à 17 GW d’ici 2030 et leur suppression totale pour 2038.
Le projet de loi concernant son application n’a pas encore été présenté par le Gouvernement, mais impliquera assurément des fermetures supplémentaires de moyens pilotables.
Des analystes tels que Montel évoquent la fermeture de 3,1 GW de lignite et 5,4 GW de houille [10] d’ici 2022 et s’attendent, en ce cas, à une impossibilité allemande de subvenir à ses propres besoins en devenant importateur net, alors qu’en 2018 elle était encore 2ème exportateur mondial, derrière la France [11].

La sécurité allemande
Le 10 octobre 2018, les 10 principaux électriciens européens avaient dénoncé la menace que représente cette érosion des moyens pilotables sur la sécurité et prévenu du risque de la fin de la solidarité [12] européenne en cas de difficulté d’approvisionnement.

Dans leur bilan prévisionnel offre demande du 23 janvier 2019, les 4 responsables de réseau allemands [13] ont considéré le risque de l’impossibilité de l’Allemagne à subvenir à ses propres besoins en cas de situation défavorable, c’est à dire une pointe de consommation de 82 GW en 2021, et évoqué une garantie de disponibilité de 0% pour le solaire et inférieure à 1% pour l’éolien, comme c’est malheureusement le risque les soirs de grand froid anticycloniques.

Mais la Commission Croissance, Changement structurel et Emploi, dite « Commission Charbon » [14] et à l’origine du plan Climat, préconise d’évaluer régulièrement l’efficacité des mesures entreprises (2023, 2026, 2029) afin de garantir son niveau de sécurité sans recourir aux importations.

Jusqu’alors, l’Allemagne s’était donné les moyens de conserver en réserve l’intégralité de ses centrales pilotables [15] malgré un doublon intégral en moyens intermittents. Et entreprend désormais la fermeture de centrales fossiles avec la plus grande prudence, en se gardant bien de miser sur la sécurité de ses voisins.

L'optimisme français
Dans son bilan prévisionnel [16], le gestionnaire du réseau français, RTE, anticipe une situation tendue cet hiver et mise sur les interconnexions avec nos voisins en cas de grand froid, avec un besoin d’importations à travers chacune de nos frontières s’élevant à un total moyen de 8,6 GW.



La possibilité de délestages et de  baisses de tensions sur le réseau son envisagée en cas de déficit d’approvisionnement.

Mais RTE prévoit surtout une dégradation de la situation à horizon 2023, qualifiant la période de « situation de forte vigilance. », qui « concentre l’essentiel des risques », notamment en raison du planning très dense des visites décennales de nos réacteurs et du déclassement de nouvelles capacités pilotables en Europe.

Pour sécuriser l’approvisionnement à plus long terme, RTE évoque le développement des énergies renouvelables, notamment l’éolien en mer. Et avance notamment que pour l’éolien « dans certains cas, la production de cette filière à la pointe peut être significative et utile à la sécurité d’approvisionnement ».

Le parc nucléaire français présente le double avantage d’être pilotable et décarboné.
La politique énergétique a décidé d’en réduire la production d’électricité à 50% au lieu des ¾ actuellement, et de compenser cette réduction par la part croissante des EnR intermittentes. L’objectif étant de diversifier le mix afin de ne pas « mettre tous les œufs dans le même panier ».

Le colosse aux pieds d’argile
Dans ce souci de sécurité, on s’en remet ainsi aux interconnexions d’un réseau de plus en plus complexe et au développement d’une production aléatoire dont la sécurité fonctionne « dans certains cas ».

Dans son analyse à moyen terme (MAF) [17] le gestionnaire du réseau européen (Entsoe) considère la France comme le pays le plus exposé d’Europe continentale à des épisodes d’alimentation électrique déficitaire (LOLE ou Loss of load expectation), capacités d’importation comprises..
L’Entsoe constate également que la France est la seule dont la situation s’est dégradée depuis ses estimations de 2018.
Alors même qu’elle reste le plus gros exportateur mondial d’électricité.

Cette fragilité française provient de la grande sensibilité de son système électrique aux variations de température en raison de l’importance du chauffage électrique.
Cette spécificité constitue d’ailleurs un atout déterminant en regard des objectifs climatiques.

Les rares moyens de stockage et d’effacement de consommation doivent manifestement se concentrer sur l’écrêtement de cette thermosensibilité.
Il ne semble pas que l’augmentation de la part d’énergies non pilotables permette d’aller dans ce sens.

Gouverner c’est prévoir
Il n’est pas déraisonnable d’imaginer un super réseau mondialisé permettant de bénéficier d’un réel foisonnement des vents et du soleil, et donnerait raison aux adeptes de l’intermittence. Car  ce foisonnement est quasiment inexistant à l’échelle d’un continent.
La Chine envisage notamment de nous inonder de son courant « low cost ».
Mais tant de ruptures technologiques peuvent bouleverser à court terme notre paysage énergétique et ruiner nombre de plans sur la comète.

En tout état de cause, en fermant des centrales considérées sures et non émettrices de CO2 [18] pour les remplacer par des moyens intermittents subventionnés, la France court le risque de n’avoir ni le beurre ni l’argent du beurre à l’heure du bilan.

Ni la filière industrielle éolienne, ni la sécurité d’approvisionnement qu’elle lui aura sacrifiée.






1




















mercredi 6 novembre 2019

Annexe : traduction

Annexe


Jean Pierre Riou 

Essai de traduction
 
Essai de traduction des résultats, discussion et conclusion de l'étude allemande objet de l'article Perceptions subliminales
http://lemontchampot.blogspot.com/2019/11/perceptions-subliminales.html 


à savoir

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28403175

* Avertissement : Le protocole de l'étude décrit en ces termes, p 5, le stimulus faible ou
« near-threshold condition » :
« For near-threshold condition participant-specific stimuli with SPLs 2 dB below the individual hearing threshold were chosen”
Ce stimulus, dit « près du seuil », ainsi précisé à 2 dB en dessous du seuil individuel de l’audition de chacun des participants sera souvent traduit par « subliminal » qui signifie sous le seuil de conscience. 

Résultats
L’analyse des données du cerveau complet comparant ReHo (regional homogeneity) obtenu des mesures à l’état de repos pour différentes conditions de stimulation, nous avons trouvé une connectivité locale nettement plus élevée dans le gyrus temporal supérieur droit (rSTG) (30, -15, -6) adjacent au cortex auditif primaire lors du seuil infraliminal que lors de la condition d'absence de tonalité. La seule autre différence significative entre tous les contrastes par paires possibles des cartes ReHo a été observée lors de la comparaison de la condition de seuil proche du seuil avec la condition de seuil supérieur. Ici, nous avons trouvé le ReHo beaucoup plus élevé dans le cortex cingulaire antérieur (ACC) (-12, 27, 33) au cours de la stimulation infraliminale..
Il est intéressant de noter que lorsque nous utilisons un seuil d’extension de cluster plus tolérant, k> 10, nous avons également constaté une valeur de ReHo supérieure dans l’amygdale droite (rAmyg) (21, -3, -15) (les résultats sont résumés à la figure 2 et au tableau 2). Afin d’explorer le schéma ReHo dans les trois conditions, nous avons extrait les valeurs béta des grappes respectives observées dans les contrastes cérébraux. La figure 3 présente ces valeurs sous forme de diagramme en parcelles. Tous les paramètres de l'analyse statistique sont également récapitulés au tableau 3. En résumé, il a été démontré que la stimulation prolongée de l'IS supra-seuil clairement perçu par tous les participants n’a pas entraîné d’activation statistiquement significative dans le cerveau. En revanche, une stimulation subliminale a conduit à une connectivité locale dans plusieurs zones du cerveau, plus élevée à la fois que celle d’absence de tonalité que celle de la condition supra-seuil.
Notez cependant que l'extraction de valeurs bêta n'a été choisie qu'à des fins d'illustration et que des conclusions ont été tirées de l'analyse initiale.


Discussion
Les résultats de la présente étude peuvent être résumés de la manière suivante: une exposition prolongée à un infrason (IS) près du seuil d’audition individuel des participants (2 dB au dessous) a conduit à une connectivité locale plus élevée dans trois zones cérébrales distinctes – rSTG (gyrus temporal supérieur droit), ACC (cortex cingulaire antérieur) et rAmyg (amygdale droite), alors qu’un tel effet n’a pas été observé lors de la stimulation au-dessus du seuil d'audition. Nos données montrent également que l’IS proche du seuil était associé aux changements de connectivité au niveau du réseau, soulignant le rôle de rAmyg dans le traitement de l’IS.
À notre connaissance, cette étude est la première à démontrer que l’IS proche du seuil ne produit pas seulement des effets physiologiques, mais que la réponse neurale implique l’activation des zones du cerveau, qui sont importantes dans le traitement auditif, mais également dans le contrôle des troubles émotionnels et psychologiques.
Ces résultats nous permettent donc de réfléchir à la manière dont un IS subliminal pourrait causer un certain nombre de problèmes de santé tant physiologiques que psychologiques, qui n’étaient jusqu’à présent attribués que de manière vague à l’exposition au bruit dans les spectres de fréquences basses et très basses.
Jusqu'ici, les preuves concernant l'influence de l'IS sur l'activité cérébrale sont limitées à deux études fMRI.
Dommes et al. [18] ont été les premiers à montrer que la stimulation monaurale avec une tonalité IS à 12 Hz entraînait une activation de la STG bilatérale, lorsque des stimuli étaient appliqués à des niveaux de pression de 110 et de 120, mais pas à 90 dB. Cependant, cette étude pionnière a souffert de la méthodologie.
L’inconvénient est qu’au cours de la stimulation à 12 Hz, des harmoniques à 36 Hz étaient présents, ce qui laisse à penser qu’il s’agissait bien de la composante IS qui a déclenché la réponse neurale. De plus, Dommes et al. (2009) n'ont pas été en mesure de faire référence à des données psychophysiques sur les seuils d'audition des participants ou leurs rapports verbaux et ne pouvaient donc que supposer que l'exposition à IS à 110 et 120 dB devait avoir conduit à une sensation auditive, alors qu'une stimulation à 90 dB ne devrait pas avoir dépassé le seuil d'audition. Récemment, Weichenberger et al. [19] ont également signalé une activation bilatérale de la STG en réponse à une stimulation IS supra-seuil,
Cependant, dans cette étude, une configuration améliorée empêchant les harmoniques plus élevés d'atteindre l'oreille des participants, combinée à des participants bien caractérisés sur le plan acoustique, donnant des comptes rendus verbaux après la session de numérisation ont été utilisés. Étonnamment, la présente étude fait face à une situation totalement différente, l'activation de la STG étant absente pendant la stimulation supra-seuil, mais clairement présente lorsque l’IS a été administré près du seuil d'audition. Ces résultats sont particulièrement remarquables, car non seulement la configuration expérimentale, mais aussi 11 des 14 participants étaient identiques dans les recherches de Weichenberger et al. [19] et dans la présente enquête. Il apparaît donc que les résultats apparemment contradictoires ne peuvent pas être attribués à une instrumentation ou à des participants différents, mais plutôt à des réponses neuronales véritablement différentes qui ont été découvertes en raison de la nature de l'acquisition des données et du déroulement temporel de l'application d'un stimulus choisi dans cette étude.
Puisque nous étions intéressés à étudier la réponse du cerveau dans des conditions qui ressemblent davantage à celles trouvées à l’extérieur du laboratoire, nous avons choisi des intervalles de stimulus nettement plus longs (200 s) et avons également fourni un niveau constant de stimulation pendant tout l'intervalle. Ceci est en contraste avec les études susmentionnées dans lesquelles des intervalles de stimulus courts consistant en plusieurs impulsions sonores successives (1 et 3 s respectivement) avec des acquisitions d'images imbriquées ont été utilisés. L'absence d'activation de STG pendant une exposition IS supérieure au seuil pourrait donc être le résultat d'une adaptation spécifique à un stimulus, selon laquelle le signal BOLD (blood-oxygen-level-dependant, ou signal cortical d’oxygénation du sang) diminue progressivement en réponse à l'administration d'un stimulus en cours [68 ± 69].
Cependant, bien que des temps d’adaptation spécifiques à un stimulus allant jusqu’à des dizaines de secondes ont été rapportées dans le cortex auditif des animaux [70], on ne sait rien de l'adaptation sur des échelles de temps comparables chez l'homme. De plus, cette explication ne permet pas de comprendre pourquoi de tels mécanismes pourraient affecter dans une moindre mesure la stimulation proche du seuil.
En revanche, nous émettons l'hypothèse que nos résultats reflètent plutôt l'implication complexe de différents processus physiologiques en réponse à une IS proche du seuil et du seuil supérieur, ainsi que l'interférence des effets de l'attention, qui peuvent jouer un rôle de plus en plus important lorsque les stimuli sont présentés sur des durées plus longues. Plusieurs études fournissent des preuves de l'existence d'une «voie auditive subconsciente» pour les IS, selon lesquelles les IS pourraient exercer des effets sur l'organisme via les cellules ciliées externes, même si elles sont présentées à des niveaux de pression inférieurs au seuil d’audition [71, 31]. Alors que les cellules ciliées internes - les principaux transducteurs de signaux impliqués dans «l'audience consciente» - se connectent aux cellules fusiformes du noyau cochléaire à partir desquelles le signal est ensuite relayé aux niveaux supérieurs du système auditif, les cellules ciliées externes se terminent dans les régions de noyau cochléaire [72] et à partir de là, se connectent à de nombreux sites de traitements corticaux auditifs et non auditifs [73].
Fait important, étant donné que certains de ces centres participent au contrôle de l’attention et à l’excitation [74], il a été suggéré que l’activation de cette voie pourrait par exemple réveiller les gens la nuit, tout en les empêchant de déterminer ce qui les a fait réveiller [75]. De même, dans notre expérience, les participants étaient constamment amenés à deviner, si une stimulation se produisait réellement ou non quand un IS proche du seuil était présenté, alors que lors de la stimulation supra-seuil, les participants étaient clairement en mesure d’attirer l’attention sur le percept ou à l’écart de celui-ci tout au long du stimulus. Nous suggérons par conséquent qu'une exposition persistante à un IS supérieur au seuil peut avoir conduit à une atténuation du signal via des mécanismes attentionnels, alors qu'en l'absence d'un percept clairement identifiable, l'activation de la STG restait élevée. Cependant, il convient de mentionner que le SPL moyen (médian) du stimulus supra-seuil (122,3 dB SPL, déterminé par la mise à l'échelle individuelle de la sonie) était très proche de la limite de sécurité de 124 dB SPL, ce qui indique probablement la présence d'un effet de plafond. Nous ne pouvons donc pas exclure que les participants puissent avoir signalé une sensation auditive moyenne à des niveaux de pression acoustique plus élevés encore, si nos directives en matière d’éthique nous avaient permis d’appliquer des stimuli à de telles intensités. L'effet de plafond peut avoir entraîné de légères divergences en ce qui concerne la perception de la sonie interindividuelle lors des cycles supra-seuil et ainsi avoir produit une variabilité supplémentaire dans nos données d'imagerie. Néanmoins, nous concluons que l’effet n’a probablement pas été suffisamment prononcé pour supprimer un effet par ailleurs significatif. Il convient également de noter que, contrairement aux études susmentionnées sur le traitement des IS, une stimulation proche du seuil a entraîné une réponse corticale ipsilatérale, et non bi-hémisphérique, mais également plus forte du côté controlatéral (cortex auditif gauche) lors de l’utilisation de la stimulation à seuil supérieur [18 - 19]. Cela touche à l’aspect d’une latéralisation présumée du système auditif, dont la vraie nature fait toujours partie d’un débat en cours, en tant que preuve à la fois en faveur d’une dominance controlatérale des sons présentés de manière monaurale [76 - 77], ainsi qu’une préférence hémisphérique gauche, quelle que soit l'oreille stimulée (Devlin et al., 2003) [78]. Il semble donc que, si les résultats précédents semblent soutenir la notion de "dominance frontale latérale" s'étendant aux sons dans le spectre des infrasons, les résultats des présentes études pourraient plutôt s'expliquer par le fait que les émissions otoacoustiques (générées par les cellules ciliées externes) ont également tendance à être plus prononcées sur l'oreille droite [79 - 80]. Cependant, il convient de recueillir davantage d'informations sur la manière dont les signaux OHC (cellules ciliées externes) sont traités en amont au niveau du tronc cérébral et sur la manière dont l'activation des OHC influe sur l'activité des centres auditifs (et éventuellement non auditifs).
Le CAC est généralement considéré comme un acteur clé dans la surveillance et la résolution de problèmes cognitifs [81 - 83], ainsi que dans les conflits émotionnels [84 -  87]. Fait intéressant, une méta-analyse récente de Meneguzzo et al. [88] a également révélé que l’ACC présentait de manière fiable une activation en réponse à la fois à des stimuli excitants présentés de manière supraliminale, ce qui a conduit les auteurs à suggérer que cette région cérébrale pourrait fonctionner comme une passerelle entre des états affectifs automatiques («pré-attentifs») et processus cognitifs d'ordre supérieur, en particulier lorsque l'affect et la cognition sont en conflit. En outre, les auteurs ont explicitement attribué le fait que le terme «conflit» peut également inclure des perturbations inattendues de la physiologie du corps en l'absence de prise de conscience.
De plus, un autre axe de recherche met également en évidence l'implication de l'ACC dans le contrôle autonome via ses liens étroits avec l'insula, le cortex préfrontal, l'amygdale, l'hypothalamus et le tronc cérébral [89 - 90]. L'activation de l'ACC en réponse à une stimulation d'IS proche du seuil pourrait donc être interprétée comme un conflit signalant l'enregistrement du stimulus qui, s'il n'est pas résolu, peut entraîner des modifications de la fonction autonome.
De même, l'amygdale est bien connue pour son implication dans le traitement des émotions, notamment en ce qui concerne le conditionnement de la peur, mais également dans le contexte plus large des troubles psychiatriques liés au stress et à l'anxiété [91]. Plusieurs études ont documenté l'activation de l'amygdale en réponse à des stimuli sensoriels aversifs selon différentes modalités, telles que les odorants [92], les goûts [93], les stimuli visuels [94 - 96], ainsi qu'en réponse à la vocalisation émotionnelle [97 - 99 ] et les sons non conditionnés perçus comme aversifs [100 - 102]. L'activation de rAmyg lors d'une exposition à un IS proche du seuil peut présenter un intérêt particulier pour une évaluation des risques liés à un IS, car l'amygdale est impliquée dans le traitement auditif et peut également jouer un rôle majeur dans les acouphènes et l'hyperacousie débilitants [103]. Il est assez établi que l’audition peut être traitée par deux voies neuronales distinctes, la voie classique (lemniscale).
et la voie non classique (extralemniscale) [104 - 105]. Alors que les signaux transitant par la voie classique sont relayés par des noyaux thalamiques ventraux principalement vers le cortex auditif primaire, les signaux voyageant le long de la voie non classique contournent le cortex auditif primaire en tant que projet des noyaux thalamiques dorsaux vers les cortex secondaires et d'association, ainsi que vers des parties de la structure limbique telle que l'amygdale.
Il est important de noter que la voie non classique (fréquemment appelée «voie basse») permet un traitement sous-cortical direct du stimulus dans l'amygdale, sans implication d'aires corticales [106 - 107] et peut donc jouer un rôle crucial dans l'enregistrement subliminal. de stimuli «biologiquement significatifs», tels que les IS proches du seuil. En fait, il a été suggéré que, dans certaines formes d'acouphènes, l'activation de la voie non classique peut véhiculer la peur sans contrôle conscient [108] et, via ses connexions avec la formation réticulaire [109], exercer également une influence sur la vigilance et l'excitation. . Des preuves supplémentaires de l'implication de l'amygdale dans le traitement subliminal et le contrôle de l'autonomie proviennent d'une étude menée par Glaëscher et Adolphs [110], dans laquelle des patients présentant des lésions unilatérales et bilatérales de l'amygdale étaient présentés de manière supraliminale, alors que les réponses de conductance cutanée (SCR) ont été enregistrées en tant que mesure de l'activation autonome. Fait intéressant, on pourrait montrer que l’amygdale gauche décode l’activation signalée par le stimulus spécifique (lié à une réaction de peur consciente), alors que la rAmyg fournit un niveau global d'activation autonome déclenchée automatiquement par tout stimulus excitant (lié à une réponse de peur subconsciente).
Il est particulièrement intéressant de noter que, si rAmyg a présenté une connectivité locale accrue en réponse à une IS proche du seuil, l’ACI a révélé un découplage de rAmyg du réseau sensorimoteur par rapport à la condition d'absence de tonalité. Il a été maintes fois soutenu que le découplage de l'amygdale des zones impliquées dans le contrôle exécutif pouvait permettre à l’organisme de retenir l'attention et soutenir la mémoire de travail [111], aidant ainsi potentiellement les processus de contrôle cognitif après le stress [112].
Intéressant, le fait que la connectivité fonctionnelle de la gFOS était plus élevée pendant une stimulation proche du seuil confirme cette affirmation. Encore une fois, plusieurs études démontrent que rSFG (cortex frontal supérieur droit) et rAmyg partagent des connexions fonctionnelles et que l'activité entre les deux régions a tendance à être négativement corrélée [113, 112]. Ainsi, les participants qui devinaient si une stimulation avait eu lieu pouvaient s'être engagés dans une régulation volontaire de l'affect, essayant de minimiser les conséquences du stress sur les réseaux de contrôle cognitif.
Enfin, nos résultats nous permettent également de tirer des conclusions préliminaires sur les risques potentiels à long terme.des effets sur la santé associés à la stimulation IS (sub-) liminale. Plusieurs études ont signalé qu'une exposition prolongée au bruit peut entraîner une augmentation des taux de catécholamine et de cortisol [114 - 116]. En outre, des modifications des fonctions corporelles, telles que la pression artérielle, la fréquence respiratoire, les schémas EEG et la fréquence cardiaque, ont également été documentées dans le contexte d'une exposition à une IS sous le seuil ou près du seuil [117 - 118]. Nous suggérons donc que plusieurs des réactions autonomes mentionnées ci-dessus pourraient en fait être médiées par l'activation de zones du cerveau telles que l'ACC et l'amygdale. L’augmentation de la connectivité locale dans ACC et rAmyg n’est possible que
traduisent une réaction initiale de stress corporel vis-à-vis d’un IS (sub-) liminal, nous supposons que la stimulation sur de plus longues périodes pourrait exercer un effet profond sur les fonctions autonomes et éventuellement conduire à la formation de symptômes tels que des troubles du sommeil, des attaques de panique ou de la dépression, en particulier en présence de facteurs de risque supplémentaires, tels qu'une sensibilité accrue au bruit ou de fortes attentes quant à la nocivité des IS. En outre, pendant cette discussion, nous mettons fortement l’accent sur les implications physiologiques d’une exposition prolongée à l’IS, il serait également intéressant de voir si notre paradigme rsfMRI pourrait être utilisé pour mettre en relation les changements induits par l’état global du cerveau et ceux dans le domaine expérimental.

Conclusion
À notre connaissance, cette étude est la première à documenter les modifications de l'activité cérébrale dans plusieurs régions en réponse à un IS prolongé proche du seuil et utilisant l'IRMf. L'analyse ReHo a révélé une connectivité locale plus élevée des RSTG, des CAC et du rAmyg que lorsque l’IS a été administré près du seuil d'audition et que l'ACI a montré que des effets peuvent également être constatés au niveau interrégional. D'une part, ces résultats semblent corroborer l'hypothèse selon laquelle l'IS (sub-) liminal peut exercer une influence sur l'organisme via une voie de traitement subconsciente (supposée impliquer une transduction de signal médiée par les cellules ciliées externes).
D'autre part, bien que clairement audible, la stimulation prolongée avec IS au-dessus du seuil d'audition n'a pas entraîné de modification de l'activité cérébrale, ce qui pourrait indiquer que le signal traité le long de la voie auditive consciente pourrait avoir atténué de manière descendante via des mécanismes attentionnels. De plus, étant donné que la réponse du cerveau aux IS proches subliminaux implique l’activation de zones du cerveau, connues pour jouer un rôle crucial dans le contrôle émotionnel et autonome, un lien potentiel entre les changements d’activité cérébrale induits par l’IS et l’émergence de divers facteurs physiologiques tels que des effets psychologiques sur la santé peuvent être établis.
La régulation transitoire de ces zones du cerveau en réponse à un IS inférieur ou proche du seuil peut ainsi refléter une réponse initiale au stress du corps, favorisant ainsi la formation de symptômes à mesure que la stimulation se répète et que de nouveaux facteurs de risque entrent en jeu. Néanmoins, des recherches supplémentaires, en particulier des recherches sur l'exposition longitudinale, sont nécessaires pour corroborer ces résultats et contribuer à une meilleure compréhension des effets sur la santé liés aux systèmes d'information.