mardi 28 février 2017

La Raison d'Etat: version courte



La Raison d’État

Développement éolien : les dessous d’une utopie

Jean Pierre Riou

Résumé des éléments développés dans l’article :http://lemontchampot.blogspot.fr/2017/02/la-raison-detat.html qui cite ses sources. 

 
Le malentendu

Un MWh intermittent ne pourra jamais se prétendre compétitif avec un MWh pilotable en raison de la différence fondamentale de nature qui les oppose et qui interdit au MWh intermittent d’offrir les mêmes services qu’un MWh pilotable.
Pour en comparer la valeur, il lui faudrait assumer seul les surcoûts liés aux efforts de stockage, d’interconnexions et du « back up » des centrales pilotables chargées de prendre le relai en fonction des aléas météorologiques.

Le défaut de garantie

L’absence de garantie de sa moindre puissance effective n’a toujours pas permis aux énergies intermittentes de fermer la moindre centrale pilotable.
Et cela, quelle que soit cette puissance installée, comme le montre l’exemple allemand, fort de 89 GW intermittents, soit 26 GW de plus que tout notre parc nucléaire.

Le « vert » dans le fruit

En déversant des surplus aléatoires sur le marché, les productions intermittentes en corrompent les cours, privant ainsi les exploitants de centrales pilotables des moyens de leur sécurité et de leur modernisation.
Elles dissuadent l’investissement dans toute technologie novatrice en enlevant la visibilité financière du secteur de l’énergie.

L’étrange complémentarité

En forçant le parc nucléaire français à suivre leur régime chaotique, les réductions intermittentes ne lui permettent pas de limiter des émissions de CO2 pour la raison que la production nucléaire n’en émet pas.
Incapables de permettre la fermeture du moindre réacteur et pénalisantes pour leur rentabilité, les EnRi sont pourtant présentées comme complémentaires avec la filière nucléaire.
Cette complémentarité s’apparente essentiellement à celle de la puce avec le chien, ou même de la chèvre avec le chou. Pour un intérêt qui pose question.

Le détournement d’argent public

La tentative d’intégration des énergies intermittentes nécessite des centaines de milliards d’euros d’argent public pour la restructuration de l’ensemble du système à leur intention, sans que leur existence ait encore évoqué leur moindre capacité à remplacer quoi que ce soit, condition pourtant indispensable pour prétendre représenter une alternative pérenne.

L’échec d’une politique climatique

Leur bilan CO2 est dérisoire en Allemagne malgré des sommes engagées considérables, et même contre productif en France, avec 2 années consécutives de régression sur ce plan.
L’augmentation des facteurs de pollution liée aux régimes du back up n’étant même pas pris en compte dans ces bilans.

La compétitivité sacrifiée

La corrélation du développement de l’intermittence avec l’élévation du prix de l’électricité pour le consommateur est clairement établie.
Cette circonstance menace l’industrie, notamment celle qui est forte consommatrice d’énergie.
L’alternative ne demeurant plus qu’entre la réduction du coût de la main d’œuvre ou la délocalisation.

La France pour modèle

C’est la France qui est le pays au monde le mieux classé pour son efficacité climatique.
Elle doit quasi exclusivement ce domaine d’excellence à son parc de production d’électricité qui explique à lui seul notre avance considérable sur l’Allemagne.
La France est le 1° exportateur mondial d’une électricité bon marché, décarbonée et pilotable.

La dépendance géostratégique

La dépendance aux importations d’énergies fossiles est croissante en Europe, tout spécialement concernant les importations de gaz russe.

La décroissance verte

Les slogans sur l’emploi sont démentis par les faits.
De nombreuses études considèrent qu’un emploi créé dans les énergies subventionnées en détruit 3 autres.

La Raison d’État

Le programme nucléaire français avait été élaboré pour conserver l’indépendance énergétique de la nation, lors du premier choc pétrolier, qui avait enfermé la France dans le piège des années de pétrole facile et bon marché.
Les années qui suivirent ont porté au plus haut point l’indépendance et  l’excellence nationale dans le domaine énergétique, dont la politique visionnaire répondait déjà, même sans le savoir, aux exigences climatiques.
Cet effort porte actuellement les fruits d’une énergie parmi les moins chères du marché.

Pour ou contre le nucléaire ?

La question ne se pose pas de savoir si on est favorable ou non à ces décisions historiques, mais de comprendre les impératifs de la  gestion de leur héritage.
Les promesses fantaisistes que nous inflige l’actualité semblent bien étrangères aux motivations premières de notre histoire contemporaine.
A la seule raison légitime de ses choix politiques.

A la Raison d’Etat.




vendredi 24 février 2017

La Raison d'Etat



La Raison d’État
Les tribulations d'une politique énergétique

Jean Pierre Riou

Le malentendu de la compétitivité

Le principal malentendu de la politique énergétique actuelle semble apparaître en termes de compétitivité.
En effet, comment comparer les prix de 2 fournitures aussi différentes qu'un MWh pilotable et un MWh intermittent, celui ci étant bien incapable de rendre le même service.

La sécurité exige une alimentation électrique constante, permettant une stricte adéquation aux besoins de la consommation. 
Comme le serait l'adéquation du nombre de parachutes avec celui des passagers d'un avion à l'instant T.
Un MWh intermittent susceptible de faire défaut au moment où on en a besoin, ne peut être comparé en terme de compétitivité avec un MWh pilotable au seul prétexte qu'il est mélangé avec lui dans un même réseau électrique. 
Sa présence, confondue dans un même marché, fausse celui ci avec une même évidence que l'utilisation forcée et subventionnée de parachutes qui ne s'ouvrent que lorsqu'il y a du vent fausserait celui de la sécurité aérienne. 

Le vent étant gratuit, le coût marginal nul des surplus aléatoires entraîne un effondrement du cours. 
Et celui ci dissuade alors les investissements nécessaires dans toute production de qualité et garants tout aussi bien de la fiabilité des parachutes que de l'absence d'émission de CO2 dans la production d'électricité.

C'est la raison pour laquelle quand le vent tombe, ce sont actuellement les moyens les moins vertueux qui sont encouragés à prendre le relai, tandis que des moyens plus coûteux mais plus propres comme les centrales Cycle combiné à gaz (CCG) sont contraintes de fermer leurs portes.
 
On ne peut parler de compétitivité entre 2 produits de nature différente.
La situation critique de TOUS les électriciens européen en est la dramatique illustration, pour le plus grand malheur d'EDF.
Cette situation compromet également le fonctionnement de son parc nucléaire, sans proposer d'alternative pérenne pour autant.

L'incapacité des centrales intermittentes à remplacer le moindre MW pilotable

Alors que le réseau demande un équilibre permanent, le taux de charge éolien est susceptible de s'effondrer à moins de 1% de sa puissance installée, celui du photovoltaïque tombant chaque soir à 0% de celle ci.
(Source RTE http://www.rte-france.com/fr/eco2mix/chiffres-cles )
 L'absence de possibilité de stockage à grande échelle pour un coût acceptable par la collectivité interdit ainsi aux énergies intermittentes de permettre la fermeture de quelque centrale pilotable que ce soit.
En Allemagne
Le développement exponentiel de surplus intermittents n'a toujours pas permis de fermer le moindre MW pilotable, avec, à besoins constants, 102,88GW pilotables en 2002 et 105,19 GW en 2016.
En France

La même incapacité se vérifie en France où, depuis 2005, notamment, la consommation - de 483 TWh - était strictement égale à celle de 2016, les seuls 3,2 GW de thermique qui ont été fermés correspondent au seul remplacement de l'usine d'enrichissement G.Besse 1 [qui consommait la production des 3 réacteurs du Tricastin (3000MW)] par G.Besse 2, qui consomme 50 fois moins (60 MW) et rend disponible cette puissance supplémentaire sur le réseau depuis 2013.
Le développement parallèle de la biomasse, (1,9 GW en 2016) qui elle, est pilotable, a donné la marge de manœuvre supplémentaire de réduction, notamment avec le pic historique de 27,4 GW thermiques installés en 2010.
Tandis que le parc hydraulique est inchangé depuis 1990 et que le nucléaire a accompagné l'augmentation de la consommation jusqu'en 1999, date depuis laquelle il reste également inchangé.
(Source statistiques RTE de l'électricité complétées du bilan RTE 2016)
 
La concurrence déloyale
Mais c'est, pour 2 raisons, quand elles produisent, que les éoliennes sont les plus néfastes à la pérennité du système électrique.
Baisse de rentabilité des nécessaires centrales pilotables
La ruine avérée du système électrique européen provient notamment des surproductions aléatoires éoliennes dont l'impact sur la bourse du MWh ne saurait être contesté. ​
Source https://www.energy-charts.de/price.htm

Ce qui ruine la rentabilité des centrales pilotables dont on ne peut, pour autant, se passer.


Et pendant que la production éolienne est intermittente selon les caprices du vent,
(Source: analyse J.P.Hulot sur les données consolidées RTE)
notre parc nucléaire suit au plus près les besoins de la consommation et se vante même de suivre l'évolution de la production éolienne, pour un intérêt qu'on est en droit de se demander.
(Source: analyse J.P.Hulot sur les données consolidées RTE)

Tandis que plus le cours s'effondre, lorsque les éoliennes produisent, et plus le consommateur doit payer cher la compensation avec les largesses qui leur sont accordées, quel qu'en soit ce système de compensation.

Leur besoin de restructuration de l'ensemble du système  pour exister
Le plus grave étant le problème que cette surproduction pose au réseau pour lui permettre de la refouler, toujours plus loin, vers des lignes de tension toujours plus fortes.
Impact négatif sur le CO2 et les prix du MWh
Bernard Durand vient de publier une excellente étude dans laquelle il met en évidence la corrélation de l'augmentation du prix du kWh avec la quantité d' EnRi installées dans les 15 pays de l'UE. Ou, plus précisément d'ELRi, puisqu'il s'agit des "électricités" renouvelables intermittentes.

ainsi que la corrélation inverse avec la réduction de CO2!
C'est ainsi que sans permettre la moindre fermeture de réacteur, ces ELRi qui soufflent sur la bourse du MWh et ruinent la compétitivité d'EDF, le prive des moyens de sa sécurité et de son indispensable renouveau.
Tandis que pour la 2° année consécutive, les émissions de CO2 de notre parc électrique ont augmenté en 2016, avec plus de 28 Millions de tonnes contre 19 en 2014. 
(En Allemagne, c'est plus de 300 Millions)


Une augmentation de CO2 minimisée par les chiffres

De plus, ces estimations ne prennent même pas en compte le fait que que les centrales thermiques, ainsi empêchées de fonctionner à leur régime optimum, émettent bien d'avantage de CO2, par l'augmentation de leurs facteurs de pollution ainsi entraînée.
Ce dont les bilans ne tiennent aucun compte le seul calcul des MWh produits étant retenu.
Le prétendu retard de la France

Sait on même que la France n'est aucunement en retard sur quiconque, dans la lutte climatique, mais au contraire, est en 4° position mondiale sur la faiblesse de l'intensité CO2,
(Source Enerdata)

et vient de se voir attribuer le meilleur indice au monde sur l'efficacité climatique.
L'indépendance énergétique

En l'absence de moyens de stockage à grande échelle, dont l'horizon reste hypothétique, toute transition énergétique passe, avant tout, par le gaz et les relations avec la Russie, comme le montre l'importance croissante de la dépendance de l'UE avec celle ci


Et le rôle de plaque tournante du gaz européen que s'apprête à jouer l'Allemagne, à horizon 2035, horizon pour lequel une quelconque sortie du gaz ne semble pas à l'ordre du jour.

Une sortie du nucléaire allemande bien timide

La prétendue "sortie du nucléaire" allemande n'aura d'ailleurs consisté, pour le moment, qu'à une réduction de 12 GW de son parc nucléaire depuis 2002, ceux ci étant largement remplacés par les seuls + 6 GW de biomasse et + 8 GW de gaz. 
Tandis que la puissance installée en charbon et lignite est restée strictement inchangées depuis, ainsi qu'on peut le vérifier avec le lien du 2° graphique.
Et cette réduction de son parc nucléaire ne correspond, en fait, qu'à peu près à celle que vient d'affronter la France en raison des contrôles systématiques qui viennent d'être imposés aux générateurs de vapeur d'une bonne dizaine de réacteurs durant les jours les plus froids, et avec une réussite dont on aura assurément masqué la réalité.
Pour plus de détails, voir:

La gestion du risque
Quantité de nouvelles technologies émergent, qui s'imposeront pour remplacer progressivement les réacteurs actuels. Le renouveau de la conquête spatiale n'est d'ailleurs pas étrangère à cette quête du Graal. Après la Chine, même l'Inde semble s'y intéresser de près

Ce n'est pas en refusant de gérer les déchets nucléaires de la génération actuelle de réacteurs, qui sont d'ailleurs appelés à devenir combustibles d'une génération future, qu'on risque de faire progresser la question, pas plus qu'en décidant, pour raison de promesse électorale, de fermer des réacteur considérés sûr par l'autorité chargée de se prononcer. 
Et tant que les solutions alternatives ne sont en mesure de les remplacer, le nucléaire demeure, qu'on le veuille ou non la source d'électricité pilotable la moins dangereuse à l'heure actuelle.

La croissance verte


Le hiatus entre slogans et réalité n’est pas moindre dans le domaine de l’emploi.
Les panneaux solaires proviennent essentiellement de Chine, les éoliennes de cette zone Asie Pacifique (APAC, en rouge ci-dessous), d’Allemagne (GE, Siemens, Enercon) et d’Espagne (Gamessa)

(Source http://www.planetoscope.com/eolienne/1060-production-mondiale-d-energie-eolienne.html)

Depuis 2014, date de ce classement, AREVA a soldé sa tentative dans le domaine par un fiasco économique en revendant à Gamessa, désormais propriété de Siemens. Avec, selon "Challenges", 550 millions de pertes dans les renouvelables pour la seule année 2014

On se doute que ce n'est pas non plus en phase exploitation que ces énergies créeraient plus d'emplois qu'elles n'en détruisent.
En tout état de cause leur faiblesse en emplois temps plein par MW installé en phase exploitation est confirmé par le rapport des 400 experts de l'ANCRE.
(Source Scénarios de l'ANCRE pour la transition énergétique)
Et suffisamment d'études, telles que celles de l’Universidad Rey Juan Carlos, de Beacon Hill Institute, de Gordon Hughes , de l’Instituto Bruno Leoni ou bien d’autres avaient conclu que le développement des énergies renouvelables détruisait les emplois.
Rappelons que concernant les sources des chiffres officiellement avancés, la Cour des Comptes avait considéré:
« ces sources sont souvent croisées entre elles ou avec celles non validées des organisations professionnelles, ce qui multiplie les incertitudes et les risques de propagation des erreurs d’estimation ». (Rapport juillet 2013, p 64)

La Raison d’État
La politique nucléaire française avait été initiée par Georges Pompidou,afin de  sortir le pays du piège où l'avait enfermé les années de pétrole facile et bon marché, face au premier choc pétrolier.
Cette politique volontariste affranchissait en même temps le pays de l'emprise de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) créée à cette occasion. 
Cette politique exprimait clairement ses objectifs qui étaient dictés par la Raison d’État et qu'elle a amplement atteints en contribuant à l'indépendance et la grandeur de la France d'alors.

La Raison d’État céda ensuite la place à des raisons électorales et à l'apparition d'une cohorte d'apôtres de la décroissance, pour le plus grand bonheur des pays que menaçait cette réussite.
Une campagne publicitaire sans précédent et des décisions bureaucratiques européennes auront achevé la mise en œuvre de cette politique contraire aux intérêts de la France.

Des promesse inconséquentes

Les promesses de sortie du nucléaires qui ne proposent pas d'alternative pilotables engageront des centaines de milliards d'euros d'argent public sur des hypothèses d'une fragilité extrême, pour ne pas dire fantaisistes, au vu du bilan de bientôt un quart de siècle de leur développement.

Mais bien pire encore, elles priveront EDF des moyens de sa sécurité et de son renouveau, seule sa branche "renouvelable" lui permettant alors de survivre, par perfusion d'argent public.
Tandis que s'éloignera la perspective de toute alternative pérenne.

La politique énergétique conditionnera la prospérité des années à venir. C'est elle qui peut rendre possible la réalisation des programmes industriels, sociaux et économiques de notre prochain gouvernement.
Le futur président ne doit pas jouer sur l'émotion irrationnelle, mais sur des bilans chiffrés.
Il ne doit pas plus évoquer des promesses à l'Europe sur un sujet pour lequel le traité de Lisbonne nous laisse encore notre souveraineté.

La seule Raison d’État doit prévaloir.








samedi 18 février 2017

La France vertueuse



La France vertueuse... mais jusqu'à quand?

Jean Pierre Riou

L’avenir de notre planète est menacé par 9 à 10 milliards de terriens, à horizon 2050, dont les capacités de pillage et de destruction seront directement liées avec la quantité d’énergie dont chacun d’eux disposera.

Cette quantité d’énergie est également corrélée au pouvoir d’achat en révélant le niveau d’industrialisation et de capacité de transformations, qui correspondent aux créations de richesses de toute société.

Si la véritable vertu reste la frugalité, face au défi climatique, celle d’une société aspirant à la croissance se mesure par le rapport entre ses émissions de CO2 et son pouvoir d’achat.

Enerdata indique, pour la plupart des pays, cette intensité CO2, ou quantité de CO2 émise par la consommation totale d’énergie d'un pays, divisée par son produit intérieur brut (PIB) et exprimée en kilo de CO2 par dollar constant (2005).

Dans le classement mondial, la France apparait en 4° position, derrière le Nigéria, la Suède, et la Colombie.
(Source https://yearbook.enerdata.net/#CO2-intensity-data.html)

Cette excellente place est permise par son exceptionnel système électrique dont 95% de la production est exempte d’émissions de CO2.
Cet atout, à lui seul, explique la différence avec l’Allemagne, puisqu’il n’émet que moins de 30 millions de tonnes de CO2 par an, tandis que le système allemand, dont la première ressource est le lignite et la seconde le charbon, en émet plus de 300 millions. 
Et dont la seule biomasse émet à elle seule, selon les critères RTE appliqués à la France (0,98t/MWh), plus de CO2 que tout notre parc électrique…




Cette différence entre nos systèmes électriques, rapportée au nombre d'habitants, correspond, grosso modo, à la différence d'émissions entre nos 2 pays. 

(France 298Mt/CO2, Allemagne 713Mt/CO2 en 2015: source Enerdata)



Partant de ce constat, 2 questions raisonnables se posent : 

1° Doit on tendre, en France, vers une décroissance, en consommant moins d’énergie, ou peut on se contenter de limiter les émissions des 9/10° de la consommation d’énergie moins « vertueuse » que le secteur de la production d’électricité ?

2° Peut on éviter d’aider les populations actuellement privées de l’accès à cette énergie, et, dans la négative, comment les mettre sur la voie d’une utilisation rationnelle d’une énergie climato – compatible ?


L’évidence de l’impasse vers laquelle nous entrainent les politiques actuelles en matière d'énergie nous décourage de répondre à chacune de ces 2 questions et même de préciser pourquoi...
     

mercredi 15 février 2017

De l'aspect contre productif de l'éolien


De l'aspect contre productif du développement éolien en regard des objectifs pour lequel il est subventionné
Jean Pierre Riou

RTE vient de publier le bilan électrique 2016.


Malgré l'augmentation de la puissance éolienne installée, les émissions du parc électrique français sont en hausse pour la 2ème année consécutive.


La puissance éolienne était de 11 670 MW fin 2016, en augmentation de 13% par rapport à 2015. Le solaire, avec 6772 MW a progressé de 9,3%.

(Pour mémoire, le seul surcoût de leur tarif d'achat avait été estimé pour 2016 à 1,3 milliards d'euros pour l'éolien et 2,6 milliards pour le solaire, lors de la délibération de la CRE de juillet 2016
On sait, d'autre part, que ces conditions d'achat des énergies intermittentes ne représentent que la partie émergée de l'iceberg.)

Pourtant, malgré cette augmentation et une baisse de la production totale de 2,8%, la production à base d’énergie fossile est en augmentation de 33,4% par rapport à 2015,
ce qui explique les 28,3 Millions de tonnes de CO2 en 2016, contre 19 millions de tonnes en 2014!

Limitant les dégâts, la production hydraulique est pourtant en hausse de 8,2%, avec 63,9 TWh, ce qui laisse craindre un bilan CO2 pire encore en 2017,où les stocks hydrauliques sont historiquement bas.



Ce qui devrait rappeler, si besoin était, que la part d’énergies renouvelables dans le mix énergétique n’a pas vocation à demeurer un but en soi, si celles ci s’avèrent incapables de tendre vers le but pour lequel elles sont subventionnées.

Or la réduction des émissions de CO2 a été identifiée comme but prioritaire de la politique énergétique européenne.

Quatre remarques importantes s’imposent.

La première remarque est que la réduction brutale d’émissions entre 2013 et 2014 correspond strictement à la mise en service de l’usine d’enrichissement d’uranium Georges Besse 2 en mars 2013, qui consomme 50 fois moins de courant que son prédécesseur, soit 60 MW au lieu des 3000 MW de Georges Besse 1.
Cette réduction du soutirage du secteur de l’énergie libère ainsi pour la consommation la quasi-totalité de la production des 3 réacteurs nucléaires du Tricastin qui étaient affectés à Georges Besse 1.
Cette économie correspond exactement à la réduction de 2800 MW de charbon ainsi permise courant 2013 et en 2014.
Ce qui met en évidence l’impact positif des 3 réacteurs nucléaires supplémentaires obtenus sur les émissions de CO2.
Et peut faire regretter que rien de cette circonstance ne puisse apparaitre dans les bilans, les comparaisons annuelles étant effectuées en "Consommation corrigée (hors soutirage du secteur énergie)"

La deuxième remarque est que les bilans CO2 ne prennent en compte que la quantité d’électricité produite par chaque filière, sans se préoccuper de la quantité de ressource fossile nécessaire pour les produire.
Et moins encore des émissions que leur combustion entraîne réellement, en fonction de l’optimisation des régimes de fonctionnement des centrales qui les brûlent.
Or, non seulement le fait de fonctionner en régimes partiels et chaotiques, pour suivre au plus près les aléas des énergies renouvelables, est bien loin d’éviter la quantité de CO2 annoncée, mais elle est même susceptible de les accroitre, malgré une production moindre.

Ce qui doit faire comprendre que le bilan, déjà négatif en matière de de réduction d'émissions, est en fait pire encore dans la réalité que cela n'apparaît dans les chiffres.

La troisième remarque est que, contrairement à l'Allemagne où le nucléaire fonctionne à son régime optimum en base, avec un taux de charge moyen de 84,6% en 2016 (80 TWh pour 10,8 GW installés), le nucléaire français s'efforce de faire varier ses régimes, jusqu'à 80% en moins de 30 minutes pour s'adapter aux aléas des énergies intermittentes dont il se targue d'être ainsi complémentaire.
Son taux de charge dépasse rarement une moyenne annuelle de 77%, il a été exceptionnellement bas en 2016 avec moins de 70% (384 TWh pour 63,130 GW installés). 
Les contrôles de réacteurs n'y sont pas étrangers, mais il est facile de prévoir que plus les énergies intermittentes se développeront et moins la production nucléaire sera optimisée, tandis que les centrales thermiques auront une part croissante dans l'adéquation exacte avec les besoins de la consommation.


La dernière remarque concerne le mystère qui préside à la décision de consacrer une telle masse d’argent public pour réduire les émissions du seul secteur qui n’émet pratiquement pas de CO2 en France - puisque 95% de sa production en est exempte - alors que l’Allemagne, qui a doublé son parc de production d'électricité par une puissance intermittente bien supérieure à celle de tout notre parc nucléaire, n’a toujours pas réussi a fermer le moindre MW pilotable installé.
Cela apparaît sans équivoque sur le graphique de l'évolution de son parc électrique



Si ce n'est, à l'évidence, ni pour permettre de fermer le moindre réacteur nucléaire, ni de réduire les émissions de CO2, quelqu'un saurait il encore expliquer les raisons de l'objectif de l'augmentation de la part d'énergies renouvelables dans le mix électrique français?