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samedi 17 octobre 2020

Réacteurs nucléaires : le vrai du faux

Réacteurs nucléaires : le vrai du faux

 Dominique Grenêche est Docteur en physique nucléaire. Auteur de très nombreux ouvrages et de conférences sur le sujet, il est aujourd'hui consultant en France et aux États-Unis, après une carrière au CEA.

Dans le but de mieux faire connaître la réalité des faits, il nous autorise à reproduire ci-dessous 2 fiches de synthèse qu'il a rédigées afin de mieux faire connaître la réalité des problématiques du démantèlement des centrales nucléaires, et de la gestion de leurs déchets

Démantèlement des réacteurs nucléaires

Fiche de synthèse - Dominique Grenêche – Octobre 2020

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Le démantèlement (appelé aussi « déconstruction ») des réacteurs nucléaires est une opération qui, lorsqu’elle est menée à son terme, consiste à démonter entièrement l’ensemble de l’installation jusqu’à retrouver le terrain dans un état où il se trouvait avant sa construction (d’où l’expression imagée de « retour à l’herbe » qui est parfois utilisée pour marquer la fin de cette opération). Cela veut dire que le site d’implantation du réacteur retrouve son niveau de radioactivité naturelle. Sa surveillance n’est alors plus nécessaire et il est rendu disponible pour de nouveaux usages industriels (ce que l’on appelle quelquefois la « banalisation » du site).   

Aujourd’hui, la grande majorité des réacteurs nucléaires électrogènes dans le monde peut se diviser en deux grandes catégories : ceux de la première génération qui sont maintenant tous arrêtés définitivement et ceux qui sont actuellement en fonctionnement et qui sont pratiquement tous des réacteurs à eau légère standardisés avec deux variantes : les réacteurs dits « à eau bouillante » (REB) et les réacteurs dits à « eau pressurisée » (REP). La France n’exploite que des REP (56 aujourd’hui).

Pour les réacteurs de la première génération, le démantèlement est parfois assez complexe à réaliser car il s’agit d’installations anciennes non standardisées qui soulèvent chacune des problèmes spécifiques de démantèlement, ne serait-ce que par la nature des matériaux qui ont été employés pour leur conception. C’est par exemple le cas en France avec les anciens réacteurs de puissance de la filière dite « Uranium Naturel Graphite-gaz ». En effet ces réacteurs, dont 6 exemplaires ont été construits et exploités, renferment notamment de très grandes quantités de graphite radioactif (environ 20 000 tonnes au total) dont la manipulation et l’élimination est techniquement difficile. De plus, la conception même de ces réacteurs a beaucoup évolué dans le temps ce qui fait que leur architecture générale est très différente selon les modèles. Des problèmes spécifiques de démantèlement se posent également pour le réacteur à eau lourde de Brennilis, unique en son genre, et pour le réacteur à neutrons rapides refroidi au sodium Superphénix (en pratique ces opérations de démantèlement sont en cours depuis plusieurs années et les difficultés sont maintenant surmontées). 

Par rapport à ces réacteurs de première génération, les réacteurs à eau légère sont techniquement plus faciles à démanteler pour au moins trois raisons.

D’abord, on dispose dans ce domaine d’un retour d’expérience très significatif grâce aux opérations de démantèlement complet déjà réalisées dans plusieurs pays sur ce type de réacteur, notamment aux Etats-Unis (4 REP entièrement démantelés), mais aussi au Japon et en Allemagne. En France, le démantèlement complet du premier REP Chooz-A, qui a été arrêté définitivement en 1991, est en cours d’achèvement et devrait être totalement terminé en 2022. Ensuite, les compétences et le tissu industriel sont disponibles, y compris pour la gestion des déchets, grâce au fait que des centaines de réacteurs de ce type sont en exploitation pour longtemps encore et que de nombreux autres sont en construction dans le monde (réacteurs de troisième génération, plus modernes mais de la même « filière », avec une architecture générale très semblable à celle des REP ou REB en fonctionnement). Enfin, l’architecture même de ces réacteurs est relativement simple et elle est standardisée, ce qui permet de bénéficier de l’effet de série dans la mise en œuvre des procédures comme dans celle des moyens de démantèlement (dont les performances sont au demeurant en continuelle progression grâce à la R&D consacrée à ce secteur et grâce aux effets d’apprentissage). Pour un REP cette architecture est essentiellement constituée d’une cuve principale qui contient le combustible formant le cœur du réacteur, d’un circuit de circulation d’eau pour l’extraction et le transport de la chaleur générée dans ce cœur par la réaction nucléaire en chaine (circuit dit « primaire »), d’un dispositif qui permet d’utiliser cette chaleur pour générer de la vapeur d’eau (générateur de vapeur, « GV »), d’une turbine actionnée par cette vapeur et couplée avec un alternateur qui produit de  l’électricité. La cuve principale et le circuit primaire ainsi que les GV sont enfermés dans une enceinte en béton permettant d’assurer le confinement des produits radioactifs en cas d’accident grave. Il faut ajouter à cela les dispositifs de sûreté tels que des circuits de secours ainsi que les moyens de manutention et de gestion du combustible avec notamment une piscine où sont entreposés les combustible neufs ainsi que les combustibles usés. Bien entendu on trouve aussi de nombreux dispositifs et circuits de contrôle-commande.

Lorsqu’un REP est définitivement arrêté, on procède d’abord à l’évacuation de tout le combustible contenu dans le cœur et dans la piscine d’entreposage après une période suffisante de refroidissement d’au moins un ou deux ans, puis on vidange les principaux circuits du réacteur. Ces opérations permettent d’éliminer 99,9 % de la radioactivité du réacteur. Un décret autorise alors le passage en phase de démantèlement proprement dite (c’est un impératif de la réglementation française), qui comprend les principales étapes de démantèlement suivantes, incluant l’évacuation des déchets :  

Ø  - salle des machines qui abrite essentiellement la turbine et l’alternateur ainsi que du transformateur

Ø  - tour ou station de refroidissement (du condenseur)

Ø  - piscine d’entreposage des combustibles

Ø  - circuit primaire avec ses GV

Ø  - cuve principale

Ø  - enceinte de confinement

Une fois ces opérations terminées, on procède à l’assainissement général du site qui peut alors être utilisé pour d’autres usages (installation de nouveaux moyens de production d’électricité par exemple).

Les coûts associés à ce démantèlement on fait l’objet de nombreuses études sur le plan international dont les résultats sont assez convergents aujourd’hui compte tenu du retour d'expérience évoqué plus haut (les écarts parfois constatés sont dus aux différents contextes locaux, notamment au coût de la main d’œuvre qui représente évidemment une part importante du coût total des opérations). Edf estime aujourd’hui ce coût total entre 300 et 350 millions d’euros pour un REP standard (1 GWe), ce qui est très loin des chiffres abracabrantesques que l’on voit fleurir de temps à autres dans les médias. Cette somme représente environ 10 % du coût de construction du réacteur. Quant à la durée d’un démantèlement complet elle est de l’ordre d’une quinzaine d’année pour des opérations courantes dans lesquelles les aléas sont très réduits (sauf interruption volontaire des opérations). Signalons enfin qu’en France, il existe une réglementation stricte qui oblige l’exploitant (ici EDF) à provisionner l’argent nécessaire à la réalisation de ces démantèlements. Ces sommes sont d’ailleurs intégrées au coût de kWh. Ces provisions sont en outre auditées régulièrement par les autorités nationales et même par la Cour des comptes (voir son dernier rapport publié le 4 mars 2020 intitulé « l’arrêt et le démantèlement des installations nucléaires »). Quelle industrie procède de façon aussi stricte et transparente ? Aucune.    

En conclusion, dans le domaine du démantèlement, il faut faire connaître de façon le plus large possible ces quelques éléments irréfutables. Ils servent à « déconstruire » les fausses idées propagées à plaisir par les anti-nucléaires dont le but n’est pas d’informer mais de déformer.

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Complément sur les coûts et les déchets de démantèlement

1 – Les coûts (source Edf)

La décomposition des coûts de démantèlement est illustrée par le graphique suivant :


2 – Les déchets (source Edf)

D’une façon générale, 90 % des déchets générés par le démantèlement d’une centrale nucléaire sont des déchets conventionnels, c’est-à-dire non-radioactifs (hors radioactivité naturelle) tels que les métaux et gravats (par exemple gravats issus du démantèlement des grosses structures en béton comme l’enceinte de confinement qui peuvent facilement être recyclés).

Les 10 % restants sont, pour l’essentiel,

Ø  - pour 6,6 %, des déchets faiblement ou très faiblement radioactifs ce qui autorise leur recyclage éventuel pour une bonne partie d’entre eux, dans des conditions réglementaires bien précises

Ø  - pour 3,3% des déchets de faible activité qui sont stockés définitivement dans les centre de stockage de surface agréé, géré par l’ANDRA (Agence Nationale des Déchets Radioactifs)

Ø  - pour 0,1 %, des déchets de moyenne activité à vie longue, entreposé provisoirement sue des sites agréé en vue de leur stockage définitif par l’ANDRA dans un stockage souterrain (Cigéo).  

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Déchets radioactifs : la vérité des faits et l’exactitude des chiffres

Dominique GRENECHE

 

Comme pour de nombreux sujets de société, en particulier ceux qui se rapportent à l’environnement, la question des déchets radioactifs suscite des débats parfois agités dans lesquels les protagonistes essayent de renforcer leurs arguments en s’appuyant sur des faits parfois discutables ou sur des chiffres souvent erronés. Cet article vise simplement à rappeler les fondamentaux scientifiques et techniques incontestables et facilement vérifiables concernant les déchets radioactifs afin d’étayer au mieux les débats sur ce sujet si controversé.

Qu’est-ce qu’un déchet radioactif ?

La réponse est écrite dans le code de l’environnement qui définit d’abord ce qu’est une « substance radioactive » : « substance qui contient des radionucléides, naturels ou artificiels, dont l'activité ou la concentration justifie un contrôle de radioprotection ». Ce code stipule ensuite que les déchets radioactifs sont des substances radioactives pour lesquelles aucune utilisation ultérieure n'est prévue ou envisagée ou qui ont été requalifiées comme tels par l'autorité administrative. Il est précisé en outre dans ce même texte que « Les déchets radioactifs ultimes sont des déchets radioactifs qui ne peuvent plus être traités dans les conditions techniques et économiques du moment, notamment par extraction de leur part valorisable ou par réduction de leur caractère polluant ou dangereux ». C’est un point fondamental dans les débats actuels sur les matières nucléaires issues de traitement des combustibles usés, puisque l’uranium et le plutonium séparés par cette opération ne peuvent pas légalement être considérés en France comme « déchets ultimes ».

La problématique des déchets radioactifs est-elle nouvelle ?

Non. Pour s’en convaincre il suffit de rappeler qu’à la naissance même des premiers concepts de réacteurs nucléaires civils, en avril 1944 aux Etats-Unis, Enrico Fermi avait déclaré lors d’une réunion entre les savants de l’époque « il [n’était] pas clair que le public accepte[rait] une source d’énergie qui produit autant de radioactivité ». Un comité spécial de haut niveau fut mis en place dès le début des années 1950 aux Etats-Unis pour réfléchir à cette question, et depuis un nombre considérable d’études et d’expériences diverses ont été menées dans le monde. Ce comité avait notamment conclu dans un rapport datant de 1957 : « The Committee is convinced that radioactive waste can be disposed of safely in a variety of ways and at a large number of sites in the USA”.

 

Quelle est la nature d’un déchet radioactif ?

Il existe une multitude de types de déchets radioactifs dont les caractéristiques sont d’abord liées à leurs propriétés radioactives pour les principaux radionucléides qu’ils contiennent : types de rayonnements émis, activité, contenu éventuel en matières fissiles, contamination surfacique, etc. Ces caractéristiques peuvent dépendre également de leurs diverses propriétés physico-chimiques : quantités, composition et formes chimiques, caractéristiques vis-à-vis de certains risques tels qu’inflammabilité, volatilité, corrosion, dispersabilité, solubilité, etc. Toutefois, les déchets radioactifs sont généralement traités et conditionnés de façon à réduire au maximum voire à supprimer ces risques d’ordre physico-chimique. C’est pourquoi les critères de classification des déchets reposent essentiellement sur les deux paramètres liés à leur radioactivité :

1.       Leur activité  massique (ou volumique), c’est-à-dire le nombre de rayonnements qu’ils émettent par unité de temps dans une masse donnée ou un volume donné.

 

2.       Leur durée de vie qui est le temps nécessaire pour que leur activité passe en dessous d’un certain seuil de « dangerosité » potentielle (qui peut être par exemple l’activité d’une substance naturelle radioactive répandue sur la terre comme l’uranium naturel). La grandeur physique la mieux adaptée à cet égard est la demi-vie, qui est le temps au bout duquel leur activité a été réduite de moitié du fait de leur décroissance radioactive.

Comment gère-t-on les déchets radioactifs ?

Il s’agit d’abord de leur appliquer des traitements physico-chimiques afin de réduire éventuellement leur volume et de les « stabiliser », si nécessaire, puis de les conditionner pour pouvoir ensuite les stocker définitivement de façon sûre dans un centre de stockage dédié conçu et exploité par l’Agence Nationale des Déchets Radioactifs (ANDRA), sous le contrôle de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Tous les déchets radioactifs peuvent être classés en fonction de leur activité et de leur durée de vie ce qui permet de distinguer différentes catégories auxquelles sont appliqués des modes de gestion spécifique, en particulier pour leur stockage définitif. A cet égard, si on écarte quelques déchets spéciaux hérités du passé et les déchets de très faible activité (dits « TFA »), on distingue schématiquement deux grandes classes de déchets en France :

1.       les déchets de faible ou moyenne activité à vie courte (FMA-VC), stockés de façon rigoureuse dans un site de stockage de surface, comme le centre de stockage de l’Aube ouvert en 1992. Pour ces déchets, qui représentent 60 % du total du volume des déchets radioactifs, IL EXISTE DEJA DONC UNE SOLUTION de gestion sûre et pérenne.

 

2.       Les déchets de haute activité à vie longue qui se subdivisent en deux catégories : ceux qui sont de moyenne activité, les MA-VL et ceux qui sont de haute activité, les HA. Pour ces déchets, un stockage réversible en formation géologique profonde est à l’étude (projet CIGEO, dans un milieu argileux).

Il faut souligner que de toutes les options envisageables pour l’élimination définitive de ces déchets radioactifs ont été abondamment étudiées dans monde et que la seule solution qui apparait comme parfaitement sûre est celle d’un stockage définitif dans une formation géologique profonde adaptée à un tel stockage (stabilité prouvée sur des échelles géologiques, absence ou circulation d’eau très limitée, éloignement de toute ressource naturelle potentielle, etc.). D’ailleurs, il existe déjà un stockage géologique de déchets radioactifs opérationnel dans le mode, contrairement à ce qui est parfois affirmé : le WIPP (pour « Waste Isolation Pilot Plant ») aux Etats-Unis, ouvert en 1999. Les déchets y sont stockés définitivement dans des galeries  percées à 650 m de profondeur dans une formation géologique qui n’a pas bougé depuis 225 millions d’années.     

Combien de déchets radioactifs ?

Il existe un inventaire national très précis de l’ensemble des déchets radioactifs (y compris d’origine médicale) que l’on trouve sur le territoire français, actualisé régulièrement pas l’ANDRA et dont les données sont entièrement accessibles au public. Dans sa dernière version publiée en 2018, on constate que les déchets HA et MA-VL conditionnés ne représentent qu’une très faible part du volume total des déchets radioactifs français : respectivement 0,2 % (3650 m3) et 2,9% (45000 m3). Par contre ils concentrent PRESQUE la TOTALITE de la RADIOACTVITE générée par l’ENERGIE NUCLEAIRE en France avec une proportion de 94,9 % pour les HA et 4,9% pour les MA-VL. C’est là un point fondamental qui mérite d’être explicité puisque ce sont bien ces déchets qui entretiennent la plupart des polémiques et à propos desquels on cite parfois des chiffres extravagants pour ne pas dire « abracadabrantesques ».

Examinons donc de plus près les déchets HA puisqu’ils rassemblent presque 95% de toute la radioactivité de NOS déchets nucléaires. Ils contiennent deux catégories de radionucléides : les produits de fission (PF) et les actinides dits « mineurs » (AM). Il est possible de faire un calcul simple et vérifiable par tout le monde de la quantité de PF en procédant de la façon suivante. On prend l’énergie dégagée par la fission d’un noyau atomique qui se transforme en énergie électrique dans une centrale nucléaire avec un rendement de l’ordre de 34%. Cette fission donne naissance à deux PF dont la masse totale est très proche de celle du noyau atomique initial. On peut ainsi associer à une production d’électricité donnée une masse de PF, et cela de façon rigoureuse et irréfutable. En prenant une production annuelle de 400 TWhe (en gros celle de nos réacteurs nucléaires qui fournissent 72 % de notre électricité), on parvient à 50 tonnes de PF par an. De plus, seulement 15 % de ces PF, donc à peine 8 tonnes, restent radioactifs au moment de leur vitrification. Ils sont constitués de 7 radionucléides à vie longue mais faiblement radioactifs (par définition !) et de 2 radionucléides qui ont 30 ans de période radioactive, le Cs137 et le Sr90, dont l’activité est réduite de plus d’un facteur mille après 300 ans (diviser 10 fois par 2 donnant 1024). Il faut ajouter à ces PF les AM (neptunium, américium, curium) dont la masse ne peut pas être calculée « à la main » comme pour les PF, mais dont on sait que la masse totale produite annuellement dans nos réacteurs nucléaires est d’environ de 1,6 tonne.  Ainsi :


Cela tiendrait facilement dans un camion ! On peut décliner ce chiffre de multiples façons. A titre d’exemple, toute l’électricité consommée par la SNCF pour faire rouler ses trains toute l’année (et transporter 1,7 milliards de voyageurs !) est de 9 TWhe, ce qui correspond à moins de 200 kg de déchets radioactifs de haute activité en supposant que toute l’électricité soit d’origine nucléaire. Si cette électricité était produite avec du charbon, cela génèrerait environ  700 000 tonnes (sept-cent-mille tonnes) de cendres solides, généralement stockées à l’air libre, et à l’émission dans l’atmosphère de presque 1000 tonnes de suies et de particules fines. Ces déchets du charbon contiennent des produits plus ou moins toxiques et de durée de vie souvent illimitée tels que de l’arsenic, du plomb, du thallium, du mercure et même de l’uranium et du thorium, dont les quantités se chiffrent en tonnes ou même dizaines de tonnes.

Évidemment, ces radionucléides (PF et AM) sont mélangés aux autres PF non radioactifs et ils sont conditionnés dans des « colis standards de déchets vitrifiés » (CSDV) ce qui conduit à des masses de déchets HA conditionnés nettement supérieures à cette valeur. Pour fixer les idées, un CSDV pèse environ 500 kg dont 400 kg de matrice vitreuse enrobant les PF et AM qui se présentent sous forme d’oxydes et qui représentent environ 17 % de la masse totale de cette matrice. Le traitement de tous les combustibles à uranium enrichi du parc nucléaire français génère environ 800 CSDV par an qui ont chacun un volume de 0,175 m3, ce qui fait un total d’environ 140 m3 par an de déchets HA conditionnés (2 cm3 par habitant). Le cumul des productions depuis l’origine de la fabrication des CSDV en France est de 3650 m3 (chiffre cité plus haut) : ce volume tient dans une seule piscine olympique.  

Les déchets radioactifs sont-ils dangereux et pour combien de temps ?

Il importe de souligner que la TOXICITÉ des déchets radioactifs DIMINUE avec le temps du fait de la décroissance radioactive caractérisée, rappelons-le, par la demi-vie radioactive. Un bon indicateur de la nocivité potentielle des déchets radioactifs est la notion simple de « radiotoxicité potentielle » (RP) calculée à un instant donné. Pour un radionucléide donné et une masse donnée de ce radionucléide, cet indicateur est obtenu en multipliant son coefficient de dose par ingestion, en Sievert/Becquerel, par son activité spécifique à un instant donné exprimée en Becquerel par unité de masse. Il suffit de faire la somme des RP de tous les radionucléides contenus dans un déchet auquel on s’intéresse (avec les masses individuelles de chaque radionucléide contenu dans le déchet) pour avoir la RP globale de ce déchet, en prenant soin cependant d’inclure dans ces calculs la RP des descendants éventuels de chacun des radionucléides. Si on prend la quantité totale de déchets HA contenue dans un stockage géologique on obtient ce que l’on appelle « l’inventaire radiotoxique » du stockage. En fait, les valeurs obtenues n’ont pas beaucoup de signification dans l’absolu, sauf peut-être pour de très petites masses puisque la nocivité ainsi calculée suppose qu’une personne ingère directement cette masse de déchets. En revanche, on peut comparer cette RP avec celle de la masse d’uranium naturel (Unat) extraite du sous-sol qui a été utilisée pour générer une masse donnée de déchets. Cela peut être par exemple la masse d’Unat qui a été utilisée pour fabriquer une tonne de combustible, qui est d’environ 8,5 tonnes (pour un enrichissement initial de 4,2 %). Cette comparaison donne un repère valable pour estimer la « dangerosité » d’un déchet puisqu’on la compare au produit radioactif naturel qu’est de l’Unat. Ces calculs montrent alors que :

La radiotoxicité potentielle des déchets nucléaires de haute activité (qui rassemblent 95 % de la totalité de la radioactivité des déchets nucléaires en France) devient inférieure à celle de l’uranium naturel après environ 10 000 ans

On trouve quelques critiques sur l’emploi de ce critère de RP mais il est simple à comprendre et il permet de répondre plus facilement à la question souvent posée « pendant combien de temps les déchets sont-ils dangereux » ? Un autre critère est celui de la radiotoxicité dite « résiduelle » qui essaye de quantifier la dose possible sur le très long terme à l’exutoire d’un stockage géologique de déchets nucléaires. Il est basé sur des calculs qui utilisent des modèles complexes et des données parfois très incertaines, ainsi que sur des scénarios d’évolution du stockage malaisés à justifier. Quoiqu’il en soit, on aboutit à des doses tellement faibles (tout au plus quelques fractions de micro-sievert) au bout de temps tellement longs (centaines de milliers ou même millions d’années) que ces résultats ne sont pas très facile à « vulgariser ». Son seul avantage est de montrer que l’impact radiologique d’un  stockage géologique (bien conçu) de déchets radioactifs est pratiquement NUL, même à très long terme.

Notons pour terminer que ce résultat énoncé n’est valable que pour des déchets ne contenant PAS DE PLUTONIUM, ce qui est le cas en France du fait que le plutonium issu du retraitement des combustibles usés (CU) est recyclé dans les réacteurs nucléaires pour produire de l’électricité ou bien stocké pour un usage futur (par exemple avec le multi-recyclage). Dans le cas d’un stockage géologique direct des CU, l’intervalle de temps de 10 000 ans que l’on vient de citer passe à 300 000  ans du fait de la seule présence du plutonium qui contribue à plus de 90 % de RP des CU entre quelques centaines d’années et 100 000 ans. Stocker définitivement du plutonium en formation géologique profonde n’est d’autant pas une bonne idée qu’il peut être recyclé pour produire de l’électricité. En France, une ampoule électrique sur 10 est éclairée par du combustible recyclé. Vers 2030, ce sera plus d’une ampoule sur 4.

EN CONCLUSION ….

Les quantités de déchets potentiellement et durablement toxiques produits par l’énergie nucléaire sont  extrêmement faibles rapportées au service rendu. Ce sont même certainement les plus faibles parmi les déchets générés par toutes les activités industrielles dont certains (comme les métaux lourds non recyclables) sont d’ailleurs très toxiques et ont des « durées de vie » pratiquement infinies. L’élimination de ces déchets « nucléaires » noyés dans une matrice pratiquement inaltérable (le verre) enfouie dans une formation géologique dont les propriétés pétro physiques n'ont guère varié depuis ces derniers 30 millions d'années constitue une solution parfaitement sûre. Ces faits sont prouvés. Ils sont INCONTESTABLES.

 

 

 

 

mardi 6 juin 2017

Démantèlement éolien en Allemagne

Démantèlement éolien

Le retour d'expérience allemand
Mis à jour le 20/10/2019 avec le retour d'expérience US
En annexe à http://lemontchampot.blogspot.fr/2017/06/demantelement-eolien.html

Jean Pierre Riou 


En Allemagne, les sommes provisionnées pour le démantèlement des éoliennes dépendent des régions (ländern).

Le décret de 2015 du Land Rhénanie-Westphalie, permet notamment à l´autorité locale de demander 6,5% de l´investissement total comme garantie financière pour la déconstruction d´une éolienne.


Ce qui correspond à un provisionnement de 715 000 € pour une machines telle que l'Enercon E 126, dont le coût à la construction est de 11 millions d'euros. 
(http://www.energienpoint.de/erneuerbare-energien/windenergie/e-126/)

D'autre part, Selon un jugement du tribunal administratif supérieur du Land Schleswig-Holstein de 2016,  (http://www.pontepress.de/pdf/u14_201605.pdf ), l´inflation sur une période de 20 ans, indique plutôt que le coût réel de la déconstruction dépassera de 40% le montant de la garantie financière ainsi calculée. 
C'est à dire, pour le précédent modèle d'éolienne, un coût de démantèlement dépassant le million d'euros.
Ce qui semble confirmé par la simulation de plan d'amortissement d'une simple éolienne de 3 MW, prenant en compte une inflation de 2% par an, entraînant une prévision de 36 701 € par an, pour un coût total de démantèlement de 734 020 € après 20 ans.


lvbw-wka.de/media/linnen/Investitionsrechnung_Windkraft-Enercon-E101-01.04.2014.pdf

Enfin, la déduction des valeurs résiduelles revalorisées par le recyclage du matériel de déconstruction reste problématique car l´autorité locale n´a pas d'accès direct à ces actifs. Ce qui implique la vraisemblance d'un coût de revient réel bien supérieur encore, pour la collectivité amenée à devoir opérer le démantèlement en cas de disparition de l'exploitant.
La plupart des devis ne proposant la suppression des massifs en béton (sur une profondeur de 1,5m) que de façon optionnelle, avec un coût supplémentaire de plusieurs dizaines de milliers d'euros.


En 2016, Greenpeace portait plainte contre EDF pour tromperie sur sa santé financière par la falsification de ses comptes qui auraient notamment sous estimé les coûts du démantèlement des réacteurs nucléaires:
https://www.greenpeace.fr/edf-soupconnee-de-trafiquer-ses-comptes-greenpeace-porte-plainte/

Serait ce donc moins grave dans le cadre du démantèlement éolien, pour lequel la sous estimation est sans commune mesure, au prétexte que ce sont les collectivités territoriales qui risquent bien d'avoir à l'assumer?

Malgré l'importance des sommes provisionnées en Allemagne, cette question du démantèlement des éoliennes fait l'objet d'une inquiétude significative :




Les sommes concernées sont largement équivalentes en France comme le montre la proposition de  900 000€ HT, hors suppression des massifs en béton, en réponse faite par le président de la société Saint Pierre à un appel d'offre concernant une éolienne de 3 MW.
Cette réponse figure p 130 du procès verbal de l'assemblée plénière du Conseil régional du Rhône des 23 et 24 octobre 2013. 

Il ne semble pas, pour autant, que cette hypothèque sur l'avenir empêche les propriétaires ou les élus locaux de dormir. 


Pour comparaison, d'autres décrets allemands sur le sujet:

décret  Land Brandebourg de 2006







décret Land Saxe de 2006, mise à  jour 2016




Un article américain [*] estime ce démantèlement à $ 532 000 par machine. 
Il s'appuie notamment sur la mise à jour de la prévision de 2011établie pour le projet éolien de NOBLES, dans le Minnesota, dont il fournit la copie [**] et qui prévoyait $ 445 000 par machine.

* https://www.americanexperiment.org/2019/10/it-costs-532000-to-decommission-a-single-wind-turbine/
** https://www.edockets.state.mn.us/EFiling/edockets/searchDocuments.do?method=showPoup&documentId=%7b70B7CE89-9575-4971-80B2-B240078960F7%7d&documentTitle=20112-59334-01


jeudi 1 juin 2017

Démantèlement éolien



Nucléaire & Éolien
Étude comparée de démantèlement
Suivi d'une annexe sur le retour d'expérience allemand  
http://lemontchampot.blogspot.fr/2017/06/demantelement-eolien-en-allemagne.html 

Jean Pierre Riou

Où il apparaît que  le démantèlement éolien risque de coûter plus cher que le démantèlement nucléaire, mais pourrait surtout incomber à des personnes qui ne s’attendent pas à devoir l’assumer

Les hypothèses du présent article pourraient être utilement approfondies, notamment par une Mission parlementaire telle que celle qui vient de se prononcer sur la faisabilité du démantèlement nucléaire.

Démantèlement nucléaire

La problématique
Le démantèlement nucléaire recouvre les 58 réacteurs à eau pressurisée (REP) actuellement en exploitation et 9 anciens réacteurs à l’arrêt.
Les difficultés techniques du démantèlement de ces anciens réacteurs sont considérables.
Le petit réacteur expérimental à eau lourde de Brennilis multiplie surcoûts et délais, notamment rallongés par l’annulation, par le Conseil d’Etat, du décret qui autorisait la procédure de démantèlement, après qu’il eut été saisi par le réseau « Sortir du nucléaire ».  

De même, les difficultés concernant les 6 réacteurs à uranium naturel graphite gaz (UNGG), ont amené EDF à changer de stratégie et accumuler surcoûts et retards.
Ces filières des débuts de l’aventure nucléaire française ont été abandonnées au profit des réacteurs à eau pressurisée actuels.

Ajoutons enfin le cas de Superphénix, pour lequel l’anticipation des limites des ressources en uranium avait entrainé la volonté politique de développer ce prototype de surgénérateur.
Il avait été exploité par le consortium européen Nersa.
Après sa meilleure année de fonctionnement, c’est à nouveau la volonté politique qui en a décidé la fermeture.
EDF est resté seul actionnaire de Superphénix à l’annonce de son arrêt définitif et assume, depuis, la charge de son démantèlement dans des conditions jugées satisfaisantes par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
La versatilité politique a transformé l’aventure en gouffre financier.
Le surgénérateur BN 800 de Rosatom en a fait la « meilleure centrale nucléaire au monde ».

Son financement
Après 40 ans de fonctionnement, le parc actuel de REP aura produit un peu plus de 17000 milliards de kWh (en considérant les 77% de taux de charge de ses 63,130 GW).
Le coût total du démantèlement, première génération comprise, est estimé par EDF à 60 milliards d’euros et correspond ainsi à une charge de 0,35 centimes d’euro par kWh.
Ce qui représente une quantité négligeable quand bien même cette évaluation devrait être doublée, comme tente de le suggérer l’accusation de Greenpeace au vu d’un audit commandé par elle au cabinet Alpha Value.

Cependant, la question n’est pas de savoir si on doit, ou non, démanteler les premiers réacteurs de l’épopée nucléaire française, mais de se prononcer sur la pertinence stratégique du surcoût du démantèlement des réacteurs actuels (REP) et futurs, en regard du service attendu de la filière nucléaire.
Or la faisabilité et les coûts du démantèlement de ceux-ci bénéficient déjà d’un retour d’expérience, notamment américaine, qui met en évidence la maîtrise technologique et financière du problème.
Une Mission parlementaire a rendu ses conclusions sur ce sujet en février 2017

Il y apparait que les coûts de référence pour le démantèlement des réacteurs à eau pressurisée se situent, selon les exemples retenus, entre 439,7 €/kW, 537,8 €/kW et 550 €/kW.
EDF vient d’ailleurs de démontrer sa propre expertise avec le démantèlement du REP de première génération de Chooz A. Et confirme sa capacité à respecter une telle fourchette de prix, comprise entre 350 et 500 millions d’euros pour un réacteur d’1 GW.

Quel coût par unité d’énergie produite ?
Un REP d’1 GW peut, au minimum, fonctionner 40 ans et être prolongé à 50 ou 60 ans.
La Suisse notamment, qui vient d’opter pour une sortie progressive du nucléaire, a décidé par référendum l’an dernier de prolonger ses réacteurs en état de fonctionnement au-delà de 45 ans.
Le parc nucléaire français, qui représente d’ailleurs moins de la moitié de la puissance de production électrique totale, (63,130GW pour un total de 130,818GW) ne fonctionne qu’avec le taux de charge moyen de 77%.

Malgré cette restriction de puissance et une durée de vie abrégée à 40 ans, un réacteur de 1 GW produira ainsi 77% de 1GW pendant les 8760 heures de chacune des 40 années de son fonctionnement, soit 269 808 GWh.
En retenant la fourchette haute de 500 millions d’€, son démantèlement reviendra ainsi à 1853€ par GWh produit, c'est-à-dire un surcoût de 1,85€ par MWh (ou 0,185 centimes d’euro par kWh)
Tandis que la fourchette basse (350 millions), pour un réacteur fonctionnant 50 ans avec 87% de taux de charge, comme la plupart des réacteurs au monde, diviserait ce coût par 2 avec 0,09 centime d’euro de surcoût pour chacun des 381 milliards de kWh produits.

Remarque importante
L’exception française : une trentaine de réacteurs sur les 58 du parc nucléaire sont engagés dans la participation au « service système » du réglage primaire et secondaire du réseau et aux mécanismes d’ajustement.
A cet effet, ils fonctionnent de façon réduite afin de conserver une marge de manœuvre pour la modulation de puissance, grâce à leur possibilité de la faire varier jusqu’à 80% en plus ou en moins en moins d’une demi heure.
C’est ainsi que, pour suivre les besoins de la consommation, notre parc nucléaire a effectué en 2015 plus de 140 variations d’amplitude supérieures à 5000 MW, contre moins de 60 en 2008.

(Source SFEN : « Introduction accrue d’énergie renouvelable dans le système électrique : quelles conséquences sur le parc nucléaire ? »)

Ce qui permet au parc nucléaire français de suivre au plus près les besoins de la consommation, contrairement à une idée bien ancrée.

(Source Analyse Jean Paul Hulot d’après données consolidées RTE)

Le service rendu par un tel fonctionnement, qui semble constituer une exception mondiale, demande une juste rémunération.
On peut également considérer le manque à gagner, pour EDF, par rapport au taux de charge de 10% supérieur de la plupart des parcs nucléaires, notamment de son voisin allemand.
La délibération de la CRE du 2 mars 2017  portant sur la rémunération du surdimensionnement des installations nécessaire à ce « service système » ne semble pas répondre à l’importance de l’enjeu.
Le manque à gagner pour EDF d’un tel fonctionnement qui représente une baisse de 10% de taux de charge moyen, entraîne en effet une moindre production d’environ 55 TWh chaque année, soit une moindre recette annuelle de 2,3 milliards d’euros (en retenant le seul prix Arenh de 42€/MWh)

Si cette exception française trouvait toute sa justification dans le cadre d’un monopole, l’ouverture du marché de l’électricité exige le respect des lois de la concurrence qui s’accommodent mal d’une rivalité entre un tel service et des producteurs intermittents subventionnés qui, de surcroit, cassent les prix du marché lorsque le vent souffle ou que le soleil brille.

Démantèlement éolien

Il est régi par l’arrêté du 26 août 2011 qui en prévoit le provisionnement à hauteur de  50 000 euros par machine.
Les développeurs de projet évoquent généralement eux même des sommes entre 2 et 3 fois supérieures, tandis que le retour d’expérience semble indiquer un coût réel 8 fois plus important, dépassant 400 000 € pour une machine (hors enlèvement du massif en béton !)

Quel coût par unité d’énergie produite ?
Avec un taux de charge moyen de 23% pendant les 20 ans de sa durée de vie, une éolienne de 2,3MW aura produit 92,680 GWh.
La seule somme officiellement provisionnée pour son démantèlement correspond donc déjà à un minimum de 539,49€ par GWh produit, tandis que le retour d’expérience (400 000€) évoque un coût de 4315 € par GWh (ou 4,3€ par MWh produit).
Le démantèlement d’un réacteur à eau pressurisée ne représentant, rappelons le que 1853€ par GWh produit, (1,8€/MWh) en considérant la fourchette haute, et la moitié pour la fourchette basse.

Cette comparaison ne prend pas en considération la différence de service rendu entre un MWh disponible à la demande et un MWh intermittent qui implique d’importants surcoûts.
Mise en perspective
La Mission parlementaire dénonçait l’insuffisance du provisionnement nucléaire avec encore seulement 36 milliards d’euros de provisions constituées par EDF au 31 décembre.
En tout état de cause, le taux de charge des réacteurs et leur durée d’exploitation en conditionneront la rentabilité et le poids relatif du démantèlement pour EDF.
Une partie considérable de cette charge provenant des débuts de l’aventure du nucléaire français et de l’évolution des volontés politiques qui l’ont accompagnée.

A l’occasion d’une décision politique sonnant le glas des moyens de production intermittents, notamment en raison de leur incapacité à remplacer quelque moyen pilotable que ce soit, peut être s’apercevrait on alors que le véritable problème du démantèlement n’est pas celui qu’on croit, mais celui des milliers de « Jurassic Parks éoliens» qui défigurent les campagnes et en bétonnent les sols.
Il semble nécessaire que d’ici là, les coûts en soient provisionnés dans la plus grande transparence.

Faute de quoi les propriétaires des terrains sur lesquelles les éoliennes sont implantées risqueraient d’en faire les frais, puisque la forme des baux emphytéotiques, comme la législation concernant la nomenclature ICPE des machines, semblent en faire les propriétaires des machines et seuls responsables de leur démantèlement et de la dépollution des sols en cas de disparition de l’exploitant.

Ce problème concerne également les collectivités territoriales, mais aussi les acteurs des projets participatifs, destinés à en faire accepter les nuisances aux futurs riverains en leur faisant miroiter l’espoir de retombées financière mais ne dédouanant pas pour autant du principe pollueur payeur.

L’éventuelle double peine d’une déconvenue financière risquant assurément de trouver son apogée devant le gouffre du démantèlement.