En réponse à la plupart des affirmations gratuites visant à stigmatiser toute opposition à l’éolien.
Jean Pierre Riou
Avant de mettre en balance les avantages et inconvénients comparés de l’éolien et du nucléaire, il faut bien comprendre en préambule que l’éolien ne se développe pas « à la place » mais en plus du nucléaire. L’Europe n’ayant toujours pas réussi à fermer de moyens pilotables depuis 2000, ainsu qu’en attestent les chiffres officiels d’Eurostat repris dans http://lemontchampot.blogspot.com/2020/05/intermittence-et-charbon.html
Les scénarios allemands à horizon 2045 sont clairs su ce point et prévoient une augmentation de 50% de leurs centrales à gaz, malgré 600% d’augmentation de leur parc éolien/PV dont la puissance installée est déjà 3 fois plus puissante que notre parc nucléaire (200GW, contre 61 GW).
https://www.energy-charts.info/charts/remod_installed_power/chart.htm?l=fr&c=DE&source=renewable
Car ils savent qu’ils ne sont pas près de disposer d’une capacité de stockage suffisante pour affronter leurs « Dunkelflaute », périodes prolongées sans soleil ni vent.
Sans donc qu’elles puissent remplacer le moindre réacteur, il est désormais admis, même par RTE, que les énergies renouvelables amènent le nucléaire à moduler de plus en plus à la baisse en fonction de leur production. Sur l’illustration ci-dessous, on voit clairement le nucléaire (en rouge) s’effacer devant chaque pic solaire (en jaune) bien plus profondément que lors des baisses de consommation nocturne, et davantage lors des fortes productions éoliennes (en gris).
Or, cette modulation a pour principal effet d’augmenter la quantité d’effluents radioactifs (par borication/déborication) et d’entraîner une fatigue prématurée des composants, énoncée dans (https://montelnews.com/fr/news/4d02011c-e9d6-462b-a676-f5c369f2bb60/la-modulation-nucleaire-francaise-augmente)
Ce n’est qu’après l’éclairage de ce constat qu’on peut sereinement éclairer point par point les affirmations généralement rencontrée, qui n’en donnent d’ailleurs que très peu leurs sources.
1 Les éoliennes seraient inefficaces ? A. Merkel, alors présidente du CDU aurait déclaré « Auf die Dauer gibt es so viele Profiteure der Windenergie, dass sie keine Mehrheiten mehr finden, um das noch einzu-schränken“, warnte Angela Merkel (CDU) im Oktober 2004 vor einigen 100 Energiema-nagern in Köln. » ("À long terme, il y aura tellement de gens qui profiteront de l'énergie éolienne qu’on ne parviendra plus à trouver une majorité pour la restreindre"), (octobre 2004 devant une centaine de responsables de l'énergie à Cologne. En quoi le nombre de ces profiteurs serait donc gage d’efficacité ?
2 Absence de vent dans notre département ? C’est un fait, on développe l’éolien même dans les régions les moins ventées, et c’est même la raison pour laquelle il faut aller le chercher à 250 mètres en Franche Comté contre 150 en Bretagne
On ne subventionnerait pas l’éolien par nos impôts ?
La Cour des comptes avait estimé ces subventions liées au tarif d’achat éolien, et payées par nos factures, mais aussi nos impôts sur le budget général de l’État, à plus de 100 milliards à horizon 2045, pour les seuls contrats passés avant 2017. Il est vrai que l’explosion du cout du MWh (ponctuellement jusqu’à 3000 € en 2022) lui a ponctuellement donné tort, les éoliennes rapportant même au budget de l’État en 2022. La dernière délibération de la CRE faisant état du retour le la charge de l’éolien en 2025, le cours du MWh étant retombé dans la situation d’avant cette crise.
Mais surtout les EnR, qui sont quasiment toutes raccordées au réseau Enedis, demandent la restructuration du réseau pour remonter les 2/3 de leur production sur le réseau RTE. Le prochain TURPE (7) qui sera sur nos factures, envisage 100 milliards pour Enedis et 100 milliards pour RTE.
Oui les éoliennes, par elles mêmes sont compétitives, mais dans les scénarios envisagés par RTE, c’est celui avec la plus forte composante nucléaire (N03) qui aurait le cout complet annualisé le plus faible. (50 Md€ par an contre 80 milliards pour une plus forte composante renouvelable (M1)) https://www.revolution-energetique.com/futurs-energetiques-2050-les-lecons-de-letude-rte-1-2/
Le préjudice esthétique serait compensé par sa production d’ énergie locale L’énergie éolienne n’a rien de local, elle coûte même une fortune pour en remonter les 2/3 vers le réseau de transport et largement exportée à perte, la France étant presque chaque année 1er exportateur mondial d’électricité .
Inoffensives pour la santé ?
La Cour d'appel de Toulouse, 3ème chambre, 8 juillet 2021, n° 20/01384 a formellement reconnu l’existence d’un syndrome éolien et la responsabilité des éoliennes dans les troubles sanitaires occasionnés en condamnant leur exploitant à indemniser les 2 victimes à hauteur de 4.000 € à chacun au titre du pretium doloris et 2.216,25 € au titre de la réparation de leur déficit fonctionnel temporaire dont les « Souffrances endurées avant consolidation »
Les témoignages de souffrance sont innombrables, En 2017, l’ANSES avait publié un rapport comportant l’analyse d’un grand nombre d’études sur le sujet et avait conclu : « Toutes les études épidémiologiques transversales qui ont recherché une association entre l’exposition au bruit des éoliennes et la qualité du sommeil (sauf une) ont montré une relation significative. »
En 2017, l’Académie de médecine confirmait dans son rapport : « Toutes les données de la littérature concordent pour souligner l’effet très négatif du bruit sur le sommeil. De fait, les troubles du sommeil représentent sans doute la doléance la plus constante des riverains. Ils sont d’ailleurs objectivés par les enregistrements somnographiques effectués par des cliniques du sommeil. Ces études concluent qu’à l’intérieur d’un périmètre de 1,5 km le bruit émis par les éoliennes perturberait la qualité du sommeil.
Au moyeu, la puissance acoustique d’une éolienne se situe entre 104 dBA (Vestas V 90 2 MW) et 109 dBA, selon leur puissance et ce n’est pas à leur pied qu’on les entend le mieux. Les lois de l’acoustique lui interdisent de respecter le seuil du code de la santé publique (30dBA) aux distances autorisées.
En tout état de cause, les éoliennes ont été dispensées du respect du code de la santé publique par l’arrêté du 26 aout 2011, sur amendement au texte prévu déposé par le syndicat des énergies renouvelables, au prétexte que les éoliennes ne pouvaient pas respecter le seuil de 30 décibels de ce code. Ainsi que s’en était inquiétée la sénatrice Loisier. https://www.senat.fr/questions/base/2015/qSEQ151219322.html
Impact sur la biodiversité
La LPO espagnole (SEO birdlife) a montré les lacunes du suivi de la mortalité de l’avifaune dont les cadavres sont rapidement enlevés par les charognards. Elle chiffreà de plus de 8 millions d’oiseaux et chauves souris tués dans l’année par les 17 780 éoliennes espagnoles, à partir de l’évaluation de plus de 400 décès par éolienne et par an, et non entre 2 et 3 comme le prétendent les chiffres officiels. Ajoutons que les exploitants doivent nettoyer les pales pour éliminer les tonnes de cadavres d’insectes agglutinés capable de baisser leur rendement jusqu’à 30%. https://www.lefigaro.fr/environnement/2012/04/04/01029-20120404ARTFIG00817-la-puissance-des-eoliennes-plombee-par-les-insectes.php
Pour mémoire, une éolienne émet 14,1gCO2/kWh sur l’ensemble de son cycle de vie, selon la base empreinte de l’ADEME et le nucléaire 3,7 grammes. Ces chiffres ne sont contestés nulle part.
Mais la question, une fois encore, n’est pas de choisir entre nucléaire et éolien, puisque qu’une puissance intermittente installée n’est pas près de remplacer une puissance pilotable
C’est la raison pour laquelle on voit mal la contrepartie de la perte de valeur de 30% du patrimoine des rivearins, attesté notamment par le récent jugement de la Cour d’Appel de Rennes du 12 mars 2023, qui a reconnu une dévalorisation allant jusqu’à 40% de la valeur des habitations à proximité d’éoliennes, et ordonné à l’exploitant de dédommager 13 riverains pour un total de 633 000€.
Autant leur impact aurait été négociable pour l’intérêt général, autant c’est difficile en connaissance de ce qui précède.
Et le problème est pire encore en raison du retard colossal pris par l’Allemagne sur son réseau pour intégrer les énergies intermittentes, (plus de 500 milliards selon la Cour fédérale allemande) l’entrainant à déstabiliser le réseau français, tandis que le gestionnaire du réseau européen alerte sur le risque croissant de blackout à l’échelle continentale si on ne trouve pas de solution pour compenser la perte d’inertie du réseau provoquée par la part croissante d’énergie renouvelable.
Annonçant explicitement que ce n’est pas à lui de dire si ce risque, qui est croissant, est acceptable ou non, mais aux politiques.
Toutes les sources de ces dernières considérations se trouvent dans l’article http://lemontchampot.blogspot.com/2024/07/focus-sur-les-loop-flows.html
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