Contribution du Collectif Science Technologies Actions
au Grand débat
Le
développement éolien et photovoltaïque en France est un non sens
stratégique, climatique, économique, écologique et sanitaire.
Stratégique
Le
prix du CO2 est appelé à croitre considérablement. Tant dans le système
d’échange européen de quotas (SEQU UE) que par la trajectoire prévue
de la taxe sur le carbone.
La production du parc électrique français est décarbonée à plus de 90% depuis 1995,
grâce à ses centrales nucléaires et hydrauliques. Ce qui confère à la
France un avantage décisif en termes de compétitivité sur ses voisins,
notamment sur l’Allemagne. Quand bien même celle-ci parviendrait à
fermer ses centrales à charbon à moyen terme, son recours au gaz,
nécessaire pour lisser l’intermittence de son parc éolien/solaire ne
manquera pas d’être pénalisé par son contenu carbone.
De plus, la France est le plus gros exportateur d’électricité au monde,
quasiment chaque année depuis 1990, grâce à la disponibilité de son
parc nucléaire dont le coût négligeable du combustible lui assure une
grande indépendance énergétique.
Mais
en développant des énergies intermittentes sur son sol, elle condamne
avec certitude la rentabilité d’un parc nucléaire aux dimensions
actuelles, en raison de la plus grande flexibilité qui lui sera alors
imposée et de l’instabilité des cours du MWh liée aux caprices du vent.
Pourtant,
ce parc est en mesure de sécuriser les productions intermittentes de
nos voisins, comme vient de le prouver l’épisode anticyclonique de fin
février. Car la production éolienne de toute l’Europe s’est effondrée en
raison de l’absence de vent, tombant à moins de 10% de puissance
disponible, aussi bien au Royaume Uni, en Espagne, au Portugal, en Autriche, en Allemagne ou jusqu’aux pays nordiques comme le Danemark.
Avec un creux de moins de 2% en Allemagne, le 26 février à midi. Et les
exportations massives de la France sur toutes ses frontières ont alors
permis d’éviter le pire.
Or l’Allemagne redoute une telle situation de « Dunkelflaute » ou épisode prolongé à production solaire et éolienne quasi nulle, comme elle en connaît pourtant presque chaque hiver.
Ce qui lui a interdit de fermer le moindre MW pilotable malgré un doublon complet de plus de 100 GW éolien/solaire.
C’est
pourquoi le gaz, dont elle n’est pas à la veille de se passer et
surtout le charbon/lignite qui constitue encore plus de 40% de sa
production d’électricité, pénaliseront durablement le parc allemand par
rapport au nucléaire français, en raison du prix du carbone.
A
l’inverse, la réduction de notre parc nucléaire favorisera la
compétitivité du charbon allemand, comme le constate naturellement le
rapport franco allemand « L‘Energiewende et la transition énergétique à l’horizon 2030 ».
Et qu’on le veuille ou non, le développement éolien/solaire obligera la France à fermer des réacteurs en dégradant la compétitivité d’un parc nucléaire aux dimensions actuelles.
Il ne convient pas d’ignorer que la guerre économique est une guerre à mort, même entre nations réputées amies.
La Raison d’État exige une analyse économique et stratégique rigoureuse et ne peut se contenter d’un dogme insufflé notamment par l’Office franco allemand pour la transition énergétique (OFATE) au sein de notre Ministère.
Car
on doit s’interroger sur les raisons qui ont motivé la décision de
privilégier le secteur électrique, pourtant déjà décarboné, dans
l’objectif de part d’énergies renouvelables.
En tout état de cause, la raison ne saurait être climatique.
Climatique
La France s’est dotée de la 4ème taxe carbone la plus chère au monde.
Son aspect insuffisamment redistributif pénalise la reprise économique. Mais surtout elle contrevient au principe généralement préconisé par les économistes qui
consiste à lui interdire toute subvention aux énergies de substitution
telles que l’éolien et le solaire. Car c’est le signal prix de
l’augmentation progressive du coût du carbone qui est de nature à
modifier mécaniquement les comportements sans augmenter pour autant la
pression fiscale.
Or
cette taxe alimente désormais le Compte d’affectation spéciale
transition énergétique (CAS TE) destiné à financer les énergies
renouvelables.
En
augmentant la pression fiscale pour subventionner une solution
dogmatique, c’est à la fois le pouvoir d’achat des ménages qu’on
affaiblit et l’efficacité de la taxe qu’on compromet.
Plus de 3500 économistes américains, dont 27 Nobel d’économie viennent de confirmer cette analyse en lançant un appel pour que les taxes carbone respectent 5 principes.
Le 5ème principe étant précisément cette redistribution de l’intégralité des recettes.
En
l’espèce, le financement des énergies renouvelables électriques est
inopérant pour le climat puisque le recours au gaz restera nécessaire
afin de lisser les aléas de leur production.
Économique,
Devant le Sénat, la filière éolienne évoquait, en 2007, l’avenir en ces termes : « En
tablant sur une augmentation régulière des prix de 5 %, la contribution
à la CSPE s'avère positive jusqu'en 2015. Les consommateurs seront donc
obligés de payer plus cher pour le développement de l'éolien. Ensuite,
la contribution devient négative. Les producteurs éoliens génèrent alors une rente pour la collectivité. »
Aujourd’hui, ce n’est pas moins de 121 milliards d’euros, selon le rapport de
la Cour des Comptes, qui restent à payer jusqu’en 2046 pour les seuls
contrats déjà conclus jusqu’à fin 2017 avec les énergies renouvelables
électriques EnRe éolien/ photovoltaïque (et biométhane).
Mais surtout, leur intermittence de production nécessite de coûteuses restructurations du réseau dont le dimensionnement n’a plus désormais pour objet « d’acheminer
du courant vers les consommateurs locaux (…), mais de le refouler (…)
vers les niveaux de tension supérieure pour les répartir sur l’ensemble
des territoires », ainsi que le relève le rapport Derdevet.
A
ces coûts s’ajoutent ceux de fonctionnement comme le redispatching
destinés à rééquilibrer les points de production sur le réseau, d’autant
plus importants que la pénétration des énergies renouvelables variables
(VRE) est plus grande, comme l’illustre le rapport The Full Costs of Electricity Provision (page 18).
Malgré
ces surcoûts, les États sont désormais contraints de se protéger contre
les flux aléatoires et indésirables qui les traversent, notamment ceux
des éoliennes de l’Allemagne du Nord, pour éviter le risque bien réel du déclenchement en cascade des systèmes de sécurité.
Mais surtout, les énergies intermittentes n’évitent pas de devoir garder en réserve les moyens programmables pour faire face aux périodes sans vent ou sans soleil,
Le bon sens élémentaire commanderait
d’investir dans la recherche, y compris sur le stockage, et non de
développer des moyens intermittents actuellement inutiles qui
n’auront pour effet que de ruiner l’ensemble du système tant qu’on ne
saura pas en stocker la production pour un coût acceptable par la
collectivité.
Car
en dehors des stations de transfert d’énergie par pompage dont notre
réseau hydraulique n’augure guère d’extension, on ne sait même pas
encore quelle technologie permettrait ce stockage, un jour.
Écologique
L’éolien
le solaire et les batteries qui leur sont nécessaires, sont fortement
consommateurs de matériaux, dont le cuivre, l’aluminium et l’acier.
La Banque Mondiale a alerté sur les conséquences des besoins de ces technologies vertes dont « L’intensification
des activités d’extraction et de production aura certainement aussi des
conséquences locales non négligeables sur les systèmes
d'approvisionnement en eau, les écosystèmes et les populations ». Baotou en Mongolie, surnommé le « village du cancer »
est le triste symbole des effets pervers des technologies vertes en
raison des conséquences écologiques et sanitaire dramatiques de
l’extraction des terres rares.
Le démantèlement des éoliennes en fin de vie pose également question en raison d’un retour d’expérience des coûts 8 fois supérieur aux sommes provisionnées. Ainsi qu’à cause d’un recyclage problématique des pales et de l’abandon sur place des fondations en béton.
Les vibrations, basses fréquences, infrasons et flashes lumineux des éoliennes polluent l’habitat des écosystèmes.
Les
destructions de l’avifaune sont bien supérieures aux chiffres
généralement diffusés, en raison de la sous estimation de la disparition
des cadavres, liée aux charognards et à la fuite des individus
mortellement blessés. La ligue de protection des oiseaux espagnole (SEO Birdlife),
notamment, a précisé cette carence méthodologique et parvient à un taux
de mortalité infiniment supérieur, de 400 individus par éolienne par an
au lieu de l’estimation officielle, comprise entre 2 et 3.
Par leur gabarit hors d’échelle, enfin, éoliennes
et panneaux photovoltaïques ridiculisent le petit patrimoine bâti des
zones rurales. Ils artificialisent et dénaturent des pans entiers du
paysage français.
Sanitaire
L’exposition chronique aux éoliennes fait l’objet de quantité de plaintes de riverains.
Des troubles du sommeil sont reconnus par l’Académie de médecine dans un rayon de 1500m.
Le
bruit éolien se caractérise par une grande amplitude de modulation liée
au passage des pales devant le mât, par le caractère variable et
imprévisible d’un bruit qui peut durer
des nuits entières à une puissance bien supérieure à celle autorisée par
le code de la santé publique. De plus, les basses fréquences, infrasons
et vibrations des éoliennes ne font l’objet d’aucun contrôle, alors que
de nombreuses études en suggèrent les effets sanitaires néfastes, même rotors arrêtés.
Enfin,
l’Académie de médecine réclame depuis 2006 qu’une étude épidémiologique
permette d’en quantifier les effets. Cette étude n’a toujours pas été
menée.
La
place considérable nécessaire au développement éolien promet un impact
significatif sur la qualité de vie en milieu rural, privant celui-ci du
principal atout de son développement au lieu de valoriser sa rareté.
Le nucléaire en question
Contrairement à une idée reçue, le nucléaire français a été conçu pour permettre un pilotage à manœuvrabilité accrue, ou pilotage gris, par les « spécifications
techniques qui prévoient le mode de fonctionnement dit « pilotage gris »
et par la prise en compte dans les dossiers de dimensionnement de
toutes les sollicitations thermo -mécaniques associées à ces
transitoires ».
Cette
spécificité permettrait un mix électrique entièrement décarboné grâce
au concours de l’hydraulique, dont la réaction est plus rapide encore.
Et
ce parc nucléaire est susceptible d’exploiter au mieux la flexibilité
du système électrique et ses quelques capacités de stockage, notamment lors des baisses nocturnes de la consommation, sans que soit besoin de lui adjoindre des énergies intermittentes qui n’offrent pas la moindre valeur ajoutée au système.
La
France de demain ne peut faire l’impasse de la sécurité de chaque
instant de son approvisionnement électrique, pour sa défense, son
industrie, ses transports, ou ses applications numériques et
stratégiques.
Il importe de protéger le système centralisé permettant d’en assurer la sécurité.
Le
socle nucléaire, qui semble désormais incontournable, nécessite une
politique industrielle à long terme dont la sécurité de financement
s’accommode mal d’aventures dont le principal effet est d’en dégrader la
compétitivité sans permettre de remplacer le moindre réacteur.
En
privant de visibilité les investissements dans le secteur de la
production d’électricité, les énergies intermittentes en compromettent
la sécurité et retardent l’émergence de toute alternative pérenne.
Sur proposition de M. Julien Aubert, il a été créé une « commission
d’enquête de trente membres, sur l’impact économique, industriel et
environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence des
financements et sur l’acceptabilité sociale des politiques de transition
énergétique. »
Pour toutes ces raisons, Science Technologies Actions (STA), qui est un groupe d'action pour la promotion des sciences et des technologies réclame instamment :
- La
mise en place immédiate d’un moratoire à toute nouvelle implantation
éolienne ou photovoltaïque tant que la commission d’enquête concernée
n’aura pas rendu ses conclusions.
- La
mise en œuvre de l’étude épidémiologique sur les effets des éoliennes
actuellement en fonctionnement, ainsi que le réclame l’Académie de
médecine depuis 2006
- L’obligation,
pour ces éoliennes, de respecter le code de la santé publique dont le
régime acoustique de l’arrêté du 26 août 2011, qui leur est propre, les
dispense
Le
Collectif STA composé de chercheurs, ingénieurs, médecins, enseignants
et autres citoyens consternés par la marginalisation de la Science et
les attaques incessantes contre les technologies innovantes, a pour but
de faire entendre la voix de la raison, de l'approche scientifique et du
progrès, notamment auprès des décideurs et des médias.