Jean Pierre Riou
Avec un parc éolien de 22 863 MW en 2018, l'Espagne fait figure de modèle au même titre que l'Allemagne. A la différence avec celle ci, qu'elle est parvenue à réduire en même temps ses émissions de CO2(eq).
Parti de 0,403 tonnes de CO2(eq) par MWh produit en 1990, le facteur d'émission de son parc de production d'électricité et descendu à 0,217 tCO2eq/MWh en 2018.
Décryptage :
Le graphique ci dessous illustre l'évolution du parc électrique de la péninsule espagnole* depuis 1990.
(Cliquer sur le graphique pour le visionner)
Une ligne horizontale rouge marque la puissance programmable installée en 2006, année où la consommation de 253,654 TWh était identique à celle de 2017 (253,082 TWh).
On remarque particulièrement l'apparition, en 2002, puis le développement rapide, ensuite, des centrales à cycle combiné, en gris bleuté, au dessus du charbon, en noir.
Leur technologie de pointe permet d'améliorer le rendement tout en réduisant les émissions atmosphériques.
Dans le même temps, on observe la disparition complète des centrales fioul et gaz de conception plus ancienne (en marron, au dessus du charbon, jusqu'en 2011). On observe également une augmentation sensible des capacités hydrauliques, en bleu, en bas.
La stabilité programmable
Mais nous observons surtout que le développement considérable de l'éolien (en vert) et du solaire (en jaune) ne s'accompagne pas de la moindre réduction de la capacité installée en centrales "programmables".
Cette puissance programmable étant même supérieure en 2018 qu'en 2006, alors que les besoins de la consommation n'ont pas progressé.
Pire, l'Espagne qui exportait en 2006 (3,28 TWh) est redevenue importatrice pour la 2ème année consécutive en 2017 avec un solde import de 9,171 TWh parallèlement à une baisse de production éolienne.
Ses moyens aléatoires, au gré du vent, permettent à l'Espagne de battre d'éphémères records de production éolienne.
Mais il est capital de bien comprendre que leur paralysie dès que le vent tombe, notamment lors de patates anticycloniques sur toute l'Europe, qui peuvent durer une semaine entière, interdit à l'Espagne, comme d'ailleurs à la France ou l'Allemagne, de se priver du moindre MW programmable installé. Seuls ces derniers ayant un caractère dimensionnant pour le parc de production.
Complémentarité nucléaire
Cette constante est particulièrement lourde de sens pour la France, puisqu'il est difficilement justifiable de coupler des réacteurs nucléaires avec des énergies intermittentes, si ce n'est pas pour permettre de se passer du moindre d'entre eux.
Si le risque du nucléaire n'est pas jugé acceptable, il est envisageable d'en sortir.
Quoi qu'il en coûte, tant sur le plan climatique, géostratégique que financier.
Mais en se dotant impérativement d'une puissance équivalente également programmable, notamment de centrales à cycle combiné à gaz, moins émettrices de CO2(eq) que le charbon.
Toute autre hypothèse reste une chimère.
*Pour plus de clarté, les situations particulières des Baléares, Canaries, Melilla, Ceuta, ne sont pas intégrées
Le graphique est en CAPACITES (MW). Que deviendrait-il en termes de PRODUCTION RÉELLE (MWh) si on appliquait aux EnR intermittentes les taux de charge dus à l'intermittence : 14% pour le PV et 23% pour l'éolien (peut-être plus élevés en Espagne) ? Ceci expliquerait-il pourquoi, en dépit d'une croissance apparente de la somme des moyens de production, la consommation en 2017 est identique à 2006 ? En d'autres termes PV + éolien ne servent à rien...
RépondreSupprimerPierreB
Effectivement. Et les moyens pilotables doivent s'arrêter lorsque le vent souffle pour ne pas perdre d'argent avec la chute des cours. Ce qui aide à réduire les émissions ... si on ne tient pas compte de l'augmentation de leurs facteurs d'émission, et qu'on est prêt à les subventionner, car on ne peut se passer d'eux.
RépondreSupprimer