La fin de l’Energiewende ?
Jean Pierre Riou
Jean Pierre Riou
La politique énergétique européenne imite le modèle allemand
qui mise essentiellement sur le développement éolien et photovoltaïque pour
remplacer les énergies fossiles et nucléaires.
Par comparaison, cette puissance est aujourd’hui de 89 GW et
celle de notre parc nucléaire de 63 GW.
Cette puissance colossale ne produit, hélas, que de façon
intermittente, l’intermittence des éoliennes étant, de surcroit, aléatoire.
Des surproductions
problématiques
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, c’est quand ces
moyens produisent qu’ils posent le plus de problèmes à l’équilibre du réseau
européen. Le Mont Champot en a évoqué le prix dans l’article « Le
prix de l’intermittence ».
Des arrêts
intempestifs
Mais quelle que soit la puissance installée, il ne semblait
pas difficile de prévoir que dès la tombée de la nuit, le solaire ne produirait
rien, ni qu’en cas de forte pression anticyclonique, les vents disparaitraient,
impliquant que même aujourd’hui, avec des creux de moins d'1 GW (ci dessous 0,33 GW), cette formidable puissance intermittente
installée ne peut garantir l’Allemagne de la moindre puissance effective.
Ce qui explique qu’en termes de puissance installée, l’Allemagne
n’a toujours pas pu fermer le moindre MW de puissance pilotable, c'est-à-dire
disponible quand on en a besoin, ainsi que le montre l’article « L’échec
d’une politique énergétique », montrant qu'en fait, ce sont les + 8GW de gaz et + 7 GW de biomasse ont intégralement compensé les quelques 11 GW nucléaires en moins.
Laquelle biomasse n'ayant d'ailleurs rien à envier au charbon en termes d'impact néfaste sur l'environnement.
La mise en échec d’un
modèle
Une puissance si considérable, à l’épreuve des grands froids
anticycloniques de ce début d’année, semble avoir enfin mis en évidence
l’incongruité de l’entêtement à développer des énergies intermittentes pour
assurer le fragile équilibre du réseau européen. D’autant qu’on semble nous
cacher soigneusement que c’est la
France, 1° exportateur mondial d’électricité grâce à la
puissance et la disponibilité de son parc nucléaire, qui régule ce réseau
européen, y compris le réseau allemand vers lequel elle est également largement
exportatrice. (Voir l’article « Nucléaire
français, un enjeu européen »
La fin d’une fuite en
avant
La mise en échec de cette politique vient d’être mise en évidence par l’important économiste allemand Heiner Flassbeck selon l’édifiant article « The
End of the Energiewende? » qui décrit point par point l’impasse dans laquelle
s’est engagée l’Allemagne et dont le froid anticyclonique actuel aura servi de
révélateur.
Des coûts mal
anticipés
La gratuité du vent et du soleil est à l’origine, voilà tout
juste 10 ans, de promesses devant le Sénat de
retours sur investissements et de véritable "rente" pour la collectivité dès 2015.
Alors que les surcoûts des énergies renouvelables ne cessent
de croître, la Commission
de régulation de l’énergie (CRE) affiche une
prévision 2017 de 5,7 milliards d’euros, dont 1,5 milliard d’euros pour nos
seules éoliennes et que l’Allemagne a déjà dépassé les 25 milliards d’euros
annuels.
Ces surcoûts, ainsi que la nécessité d'entretenir en parallèle et de façon non rentable, les centrales prêtes à démarrer quand le vent tombe, expliquent la stricte corrélation entre les prix de l’électricité
en Europe et la puissance solaire/éolien installée par habitant.
Source http://euanmearns.com/green-mythology-and-the-high-price-of-european-electricity/
Une prise de
conscience tardive
L’aspect le plus grave de cette politique erratique semblant
le coup porté aux possibilités d'émergence de toute alternative pérenne.
En effet, l’injection d’électricité intermittente, prioritaire et
subventionnée, dans le réseau européen a ruiné le marché du MWh en le faisant
plonger jusqu’à des prix négatifs à chaque épisode de surproduction, comme ci-dessous
où le lien entre la production éolienne allemande et le cours du MWh (intraday)
en bleu semble évident.
Ce qui ruine la rentabilité de toute production non
subventionnée et enlève toute visibilité de retour sur investissement pour la recherche et l’innovation.
Un espoir venu d’ailleurs
Devant cet échec ruineux des politiques publiques, c’est l’investissement
privé qui se pose désormais en alternative, notamment sous l’impulsion de Bill
Gates, figure de proue d’un groupe d’investisseurs pesant
170 milliards de dollars, décidé à miser sur l’innovation, notamment avec
sa société Terrapower, dédiée à l’avènement
d’une énergie nucléaire économique, sûre,
propre et durable.
Face aux défis
actuels, aussi bien climatiques que géostratégiques, avions-nous, en fait,
réellement d’autres perspectives ?
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