Prix du kWh : à la quête de sources
Jean Pierre Riou
Selon Eurostat, le prix TTC de l’électricité serait passé de 0,1207 €/kWh au 2ème semestre 2009 à 0,2926 €/kWh au 2ème semestre 2024, soit une augmentation de 142% en 15 ans. Ramenée en euros constants, cette hausse, alors de l’ordre de 91% n’en demeure pas moins considérable.
Cette évolution ne tient pas compte de la baisse des tarifs de l’électricité en 2025, mais prend pour écart le dernier chiffre diffusé par Eurostat avec son équivalent 15 ans plus tôt. Ses chiffres ont fait l’objet d’une vive polémique sur X (ex Twitter), qui a amené des spécialistes de la question à mettre carrément en cause la fiabilité des chiffres d’Eurostat en raison de leur différence avec l’évolution des tarifs régulés (TRVe). Cette fiabilité des sources étant la condition sine qua non de toute analyse, cet article vise à faire connaître les réponses d’Eurostat et du service statistique du Commissariat général au développement durable (CGDD) à nos interrogations.
Après avoir détaillé sa méthodologie lors de plusieurs échanges, Eurostat nous a orientés vers le service statistique du CGDD, qui est chargé de collecter les informations pour la France. Ses prix semestriels et annuels proviennent de l’enquête Transparence des prix du gaz et de l’électricité dont l’objectif premier est de répondre à la Directive 2016/1952 de l’UE sur les prix du gaz et de l’électricité. Sa méthodologie en est transparente. Elle repose sur un questionnaire bi-annuel auprès des fournisseurs avec un caractère obligatoire après passage devant le comité du label du CNIS. Cette enquête agrège plus de 95% des parts de marché en volume. Ses statistiques rendent ainsi compte concrètement de ce que payent réellement les ménages à leur fournisseur pour leur électricité.
La raison de la différence entre leurs statistiques et celles du tarif régulé, notamment le TRVe 2024, provient du fait qu’un prix statistique du kWh ne doit pas être confondu avec un tarif du kWh. Car les coûts fixes de l’abonnement doivent être ajoutés au coût variable de la consommation. Ce qu'ils font. Expliquant notamment qu'un client ayant souscrit une puissance de 6 kVA et aurait consommé 2 MWh sur l'année 2024 aurait payé pour l’année 151,86/2 =75,93 €/Mwh pour la part fixe plus 251,6 €/Mwh pour la part variable, soit 327,53 €/MWh alors que le tarif de la consommation n’est que de 0,2516 €/kWh et non 0,3275 €/kWh. Précisant d’autre part qu'il existe également des offres de marché qui peuvent être plus onéreuses que le TRVe. Ce qui montre d'ailleurs qu'à abonnement égal, les économies de consommation entrainent une augmentation relative du prix du kWh, jusqu'à un prix infini pour un compteur non utilisé. Ce qui est pris en compte dans cette enquête au cas pas cas.
La décomposition des prix de l’électricité depuis 2012 est également publiée sur Data.gouv, et c’est sur ces chiffres que le CGDD s’est appuyé pour l’exemple 2024. On voit notamment dans cette décomposition que l’abonnement du tarif de base est passé de 96,97 €TTC en 2012 à 233,7 €TTC en 2025, soit une augmentation de 141% en 13 ans.
Mais ce n’est pas en les extrapolant qu’Eurostat a calculé son indice, mais par l’agrégation des données concrètes de l’enquête collectée par le CGDD.
C’est ainsi que les chiffres d’Eurostat permettent avec fiabilité de connaitre l’évolution de ce que payent réellement les français pour leur électricité et de la comparer avec celle des autres pays européens. Et non par des extrapolations de tarifs qui en occultent la part fixe.
Pour autant toute conclusion doit prudemment intégrer la baisse attendue pour 2025.
Toujours aussi précis et éclairant sur l'évolution démentielle du prix global de l'électricité,... abonnement compris ce qui est souvent "oublié".
RépondreSupprimerQu'est ce que le CNIS?
RépondreSupprimer