lundi 4 novembre 2024

Le nucléaire, c’est bon pour la santé !

 Le nucléaire, c’est bon pour la santé !

Jean Pierre Riou 

 

Lire l'article dans "Les voix du nucléaire"

 https://www.voix-du-nucleaire.org/sante-publique/mix-energetique-et-qualite-de-lair-nucleaire-bon-pour-la-sante/

 

Selon le Conseil européen [1], les normes environnementales doivent être durcies pour respecter les dernières lignes directrices de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Malgré une diminution drastique des polluants depuis 1990, les émissions liées à l’activité humaine seraient encore responsables de 300 000 décès prématurés en Europe chaque année. De nouvelles normes, actuellement à l’étude, doivent rapidement entrer en vigueur pour respecter les lignes directrices de l’OMS. Les particules fines PM2,5 sont considérées comme les plus dangereuses. 

Figure 1: Morts prématurées de 2005 à 2020 dans l'EU-27 attribuable à la concentration de particules fines au-dessus des lignes directrice de l'OMS et l'objectif européen "zéro pollution"



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I - Renouvelable et qualité de l’air


Cette préoccupation sanitaire conforte la politique européenne de sortie des énergies fossiles et de leur remplacement par l’électrification des usages. Pour autant, elle pose la question du bien fondé du concept même d’énergie renouvelable (EnR). En effet, le chauffage individuel au bois est la première source d’EnR en France, devant l’hydraulique et l’éolien. Or celui-ci se trouve être également la principale source d’émission de particules fines, PM2,5 et PM10, devant l’industrie ou les transports. Plusieurs organismes de santé avaient d’ailleurs alerté le Parlement européen sur ce scandale sanitaire avant l’adoption, le 14 septembre 2022, d’une proposition de directive sur le sujet, destinée à modifier la directive de 2018 et abroger celle de 2015.


Figure 2 : Contribution par secteur aux concentrations annuelles de fond de PM10


source: https://www.drieat.ile-de-france.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_chauffage_bois_17092020.pdf
 

Contrairement à une idée répandue, certaines études [2] montrent que la biomasse émet davantage de polluants que le charbon et son utilisation n’est pas neutre en carbone, comme le rappelle le Citepa, organisme officiel chargé de l’inventaire des émissions françaises. Cette idée fausse provenant du fait que ses émissions sont comptabilisées dans le secteur de l’utilisation des terres, changement d’affectation des terres et forêts (UTCAFT) et non celui de la consommation d’énergie, où elles sont considérées nulles pour ne pas être comptabilisées 2 fois. Pour autant, la directive d’octobre 2023 stipule que l’utilisation de la biomasse ligneuse doit en permettre la plus haute valeur ajoutée et qu’il ne faut recourir à sa combustion que « Lorsque plus aucune utilisation de la biomasse ligneuse n’est économiquement viable ».

II - La pollution cachée l’intermittence 

Les centrales thermiques sont conçues pour fonctionner en régime optimum, et les régimes partiels et à-coups de fonctionnement que leur imposent les cycles de production photovoltaïque ou les aléas de l’éolien dégradent leurs facteurs d’émission. C’est la raison pour laquelle l’énergéticien Duke Energy a dû demander un assouplissement des normes environnementales en raison des à-coups de fonctionnement imposés à ses centrales à gaz par les cycles de production solaire.

En effet, si la combustion du gaz naturel (CH4) au contact de l’oxygène (O2) entraîne la formation de CO2 + H2O,  les oxydes d’azote (NOx) : monoxyde d’azote (NO) et dioxyde d’azote (NO2) sont présents dans tous les processus de combustion des énergies fossiles, en raison de la présence d’azote (N) dans l’air. Et les données chiffrées de Duke Energy mettaient en évidence leur nette augmentation liée aux régimes partiels imposés à ses centrales à gaz. Or le dioxyde d’azote peut réduire la fonction pulmonaire et aggraver les symptômes de l’asthme.

À lui seul, le dioxyde d’azote est considéré responsable de 49 000 décès prématurés en Europe chaque année.

La sénatrice Loisier avait d’ailleurs demandé au ministère quelle étude de terrain aurait cherché à valider les calculs théoriques de RTE sur les émissions évitées grâce aux EnR, sans que celui-ci puisse en citer une seule, alors que tout énergéticien sait bien qu’il en va de même que pour une voiture qui freine et accélère constamment au lieu de conserver un régime optimum permanent.

Figure 3 : Illustration de l'intermittence du solaire et de l'éolien, comparée à la production nucléaire 


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Source : https://x.com/TristanKamin/ 

III - Nucléaire et émissions
 

En 2022, EDF publiait une étude sur le cycle de vie du nucléaire français. Celle-ci, qui prend en compte la totalité des émissions, depuis la construction et le minage de l’uranium jusqu’au démantèlement et la gestion des déchets, mettait en évidence le chiffre de 3,7 grammes d’équivalent CO2 pour une exploitation de 40 ans. Et moins encore en cas de prolongation des réacteurs. Mais ce n'est pas cette performance climatique, aussi exceptionnelle soit-elle, qui nous intéresse ici.
Cette étude d’EDF met également en évidence le peu d’impact du parc nucléaire sur l’émission de particules (point 9.2.3 de l'étude), l’eutrophisation des terres, des milieux aquatiques ou l’épuisement des ressources.
L'énergie nucléaire a prouvé son absence quasi-totale d’émissions, autre que la vapeur d’eau, ce qui en fait une source d'énergie parfaitement respectueuse de la qualité de l'air, tout en étant pilotable, qualité essentielle au fonctionnement du réseau électrique.

IV - Une pollution venue d’ailleurs
 

La France a déjà été condamnée pour le dépassement de ses objectifs en termes de particules fines, alors qu’elle respectait leur plafond d’émission, mais pas celui du contrôle de leur concentration dans l’air. Pour l’OMS, les expositions aigües aux PM10 ne doivent pas dépasser le seuil de 50 µg/m3. Il s’avère que l’origine allemande de ces dépassements a formellement été identifiée par le programme européen Copernicus, notamment à Paris le 2 mars 2023, où 4,03 µg/m3 provenaient de Paris même, 4,53 µg/m3 du reste de la France et 16,33 µg/m3 d’Allemagne.

Figure 4 : Pollution des centrales à charbon se propageant à travers l'Europe (2013)

Le site de l’Institut Fraunhofer permet de comptabiliser avec précision les centaines de kilos d’arsenic émis chaque année par les centrales au lignite allemandes, ainsi que leurs tonnes de plomb, de cuivre, de nickel, de mercure ou de zinc relâchés dans la nature au gré des vents.


V - Applications non électriques du nucléaire
 

Alors que les atouts du nucléaire sont bien identifiés pour la production d'électricité, il reste des usages non électriques, ou mobiles, pour lesquels une substitution des énergies fossiles polluantes est nécessaire. En 2021, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et la Nuclear energy agency (NEA) avaient dressé un bilan des perspectives à long terme montrant la pertinence des applications non électriques du nucléaire, notamment sous forme de cogénération, pour le chauffage urbain, le dessalement d’eau de mer, la chaleur industrielle, l’hydrogène ou la propulsion.

Ce rapport s’interrogeait : « Quel est le rôle des pouvoirs publics ? Examinent-ils sérieusement toutes les options nucléaires dans le cadre de leur politique énergétique nationale en faveur de la réduction des gaz à effet de serre et de la sécurité d’approvisionnement en énergie ? ». Nous pouvons clairement ajouter « dans le cadre de l’enjeu sanitaire » !
 

VI - Conclusion

Alors que le charbon est encore, en 2024, la première source de production d'électricité, l'enjeu sanitaire exige la priorité absolue d’une sortie du charbon.

L'énergie nucléaire est à cet effet le meilleur substitut, puisqu'elle est, avec le photovoltaïque, responsable du moins de décès par unité d’énergie produite.

Par son absence d'émissions de produits de combustion, le nucléaire offre une alternative sûre, propre et pilotable, avec des perspectives de nouvelles applications, au-delà de la production électrique, afin de remplacer progressivement les énergies émettrices de polluants, qu'elles soient renouvelables ou fossiles.

 

 


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