Pour respecter l’obligation
constitutionnelle de faire participer le public à la définition de la
trajectoire que la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) fixera avant
la fin de l’année 2018, l’actuel débat public sur le sujet permet à chacun de
s’exprimer.
L'expertise nécessaire pour permettre de se prononcer, ainsi que la complexité du sujet et le caractère partisan de bon nombre des informations disponibles ne facilite assurément pas l'émergence d'avis éclairés.
Mais malgré la qualité de nombreux avis d'experts particulièrement pertinents, on peut imaginer que la messe serait dite, ou, plus précisément, déjà écrite.
Les questions qui ne sont pas posées
Comment réduire les risques liés à la production
d’énergie ? Comment réduire l’impact sur l’environnement ? Comment améliorer
la sécurité d’approvisionnement et l’indépendance énergétique ? Comment
maîtriser les coûts ? Comment anticiper l’épuisement des ressources
fossiles ?
Autant de de choix stratégiquement déterminants sur lesquels chacun voudra s'exprimer.
Autant de questions dont on connaît les
réponses, à travers les mises en garde maintes fois répétées par la Cour des Comptes, France Stratégie, l’Académie
des Sciences et celle des technologies, ou l’autorité de sûreté nucléaire.
Des engagements qu'on veut irréversibles ...
Mais la question posée ne sous tend que la façon
d’augmenter l’injection d’électricité intermittente.
Car la loi impose de porter à 40%
la part d’ « énergies renouvelables » dans la production
d’électricité d’ici 2030.
Or il n’est pas prévu d’augmenter la puissance
hydraulique qui représente actuellement l’essentiel de la production
renouvelable.
... Malgré leur inefficacité avérée
Certes, la PPE ne se borne pas à l’évolution du mix
électrique, qui ne représente que 7% des émissions de CO2 (eq).
Mais le débat semble se cristalliser sur le nombre de réacteurs nucléaires qu'il faudrait remplacer par des énergies intermittentes.
Et c’est d’ailleurs une raison supplémentaire de
s’inquiéter du bilan de la stratégie bas carbone publié par le Ministère, montrant la majorité de l’argent public engagé dans le
développement éolien/solaire du mix électrique, pour une absence totale de résultat sur le plan environnemental.
Des opportunités d'optimisation
La problématique repose sur le dimensionnement du
système électrique et la façon de l’optimiser grâce aux réseaux intelligents,
tarifs incitatifs, rémunération d’effacement de consommation, capacités de
stockage - d’ailleurs essentiellement hydraulique - et capacités d’import/export.
Ce dernier paramètre devant être relativisé tant par le manque prévisible d'intérêt de nos exportations lorsque nos voisins n’en auront pas besoin que par
la nécessaire sécurité de nos marges d’importations lorsque ceux-ci manqueront de courant.
En effet, avant même d’avoir réduit son parc pilotable d’un seul MW, l'Allemagne envisage déjà des difficultés imminentes pour répondre à ses pointes de consommation.
Rappelant, si besoin était, que la difficulté n'est pas de fermer des réacteurs, mais d'assurer l'approvisionnement de la consommation électrique dont rien ne permet d'augurer la moindre baisse.
Les effets pervers de l'intermittence
Ces mécanismes d'optimisation, d'ailleurs limités et coûteux, sont actuellement dévoyés au service du lissage de la
production intermittente, notamment des variations brutales de la
puissance éolienne.
Le gestionnaire de production d’EDF allant jusqu’à demander
l’arrêt complet de certains réacteurs lors de records éoliens, sans que cette
puissance capricieuse ne permette, pour autant, la fermeture définitive du moindre d’entre
eux.
La véritable question est double et se pose en ces
termes :
« Combien de réacteur jugés sûrs par l’autorité
nucléaire doit on remplacer par d'autres moyens garantissant la même disponibilité de production ?
Quelle puissance intermittente doit on adjoindre à ces nouveaux moyens pour limiter, le cas échéant, leur impact
environnemental et notre dépendance, sachant que plus on abaissera le facteur
de charge de ces moyens et plus on devra les subventionner afin qu’ils restent disponibles
en cas de besoin ? »
Car ce n’est qu’en connaissance du coût de la solution
envisagée que peut s'écrire la loi.
Pour la raison que l’argent public n’est pas
renouvelable.
Malheureusement, le débat public n'est pas le lieu de remettre en question une loi dont il apparaît pourtant déjà qu'elle est inapplicable.
La question de la transparence des informations
Mais puisque ce débat permet d'obtenir des réponses de son Maitre d’œuvre, il reste, du moins, l'occasion de demander des précisions sur la qualité des informations qui nous sont transmises, notamment sur la dévalorisation du patrimoine des riverains d'éoliennes
sur les coûts du démantèlement éolien
sur le paradoxe des décibels éoliens
ou de commenter la question de la gestion de l'intermittence en rappelant les limites des interconnexions
Ou, enfin, sur toute autre question à venir.
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