Jean Pierre Riou
L' Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (Ademe) vient de publier un rapport
sur les vertus de l'énergie éolienne.
Les retombées fiscales pour les collectivités territoriales y sont détaillées, notamment à travers le graphique ci dessous.
Ces alléchants revenus, multipliés par les 12 278 MW actuellement installés sur le territoire, correspondant ainsi à une manne de 152 millions d'euros par an.
Malheureusement, cette somme correspond strictement au 1/10° de celle prélevée chaque année aux ménages, à travers la CSPE, qui finance le seul surcoût des tarifs préférentiels accordés à cette filière, soit 1513 millions d'euros en 2018 comme le montre la délibération de la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) publiée en juillet dernier.
Verser dans une poche le dixième de ce qui a été prélevé dans l'autre est il bien une opération à mettre au crédit de cette filière ?
Cette CSPE ne représentant d'ailleurs que la partie émergée des charges supplémentaires liées au développement de l'intermittence, ainsi que nous l'avons déjà évoqué dans "Le prix de l'intermittence".
Gestion des risques
Le rapport fait état, p 183, de 1,9 mort par TW éolien installé, contre 7,3 pour le nucléaire.
Outre le fait que la source évoquée (d'ailleurs chapitre 9 et non le 7 comme indiqué qui y renvoie), comptabilise les "décès latents" hautement contestables, cette présentation occulte le fait que l'important n'est pas la puissance nominale installée mais le service rendu par l'énergie effectivement produite.
Une mise à jour de la comparaison de la mortalité par TWh (milliard de kWh) produit par chaque filière a été publiée en 2016 qui confirme que le nombre de décès est 4 fois plus important pour l'éolien que le nucléaire.
(Voir tableau ci dessous :)
CO2 évité par l'éolien
Le parc électrique français a produit 531,3 TWh en 2016, en émettant 28,3 millions de tonnes de CO2 (bilan RTE 2016). C'est à dire une moyenne de 53 g de CO2 par kWh.
L'Ademe considère pourtant que chaque kWh éolien produit éviterait l'émission de pas moins de "500 à 600 g par kWh éolien" (p 173).
Semblant ainsi ignorer l'important suivi de charge du nucléaire qui sait s'effacer lorsqu'on le lui demande, notamment la nuit ou quand le vent souffle, ainsi que les exportations (à perte) qui résultent de productions indésirables, notamment à 3 heures du matin, comme le montre le graphique de RTE Eco2mix.
Des chiffres contestés
En 2008, la CRE contestait déjà le chiffre de 300g de CO2/kWh éolien alors évoqué par l'Ademe considérant qu'un tiers de cette production terminait à l'export et rappelant qu'elle se substitue également à l'énergie nucléaire qui n'émet pas de CO2.
Mais surtout, aucun compte n'est tenu de l'augmentation des facteurs de pollution des centrales thermiques liée aux régimes chaotiques que leur impose l'intermittence de la production éolienne, comme le montre l'article http://www.economiematin.fr/news-quand-les-eoliennes-augmentent-les-emissions-de-co2.
Des avertissements répétés
France Stratégie vient de publier une analyse très critique du développement des énergies intermittentes qui amène l'Allemagne à abandonner ses ambitions climatiques.
La Cour des Comptes vient de fustiger les coûts et l'inefficacité de cette politique climatique européenne.
Jean Paul Bouttes vient d'en dresser un brillant réquisitoire devant l'Académie des Sciences morales et politiques.
Le Comité de prospective en énergie de l'Académie des sciences venait de dénoncer le non sens que représente l'équilibrage d'un réseau électrique par des énergies intermittentes.
Et si on écoutait d'autres avis sur l'éolien que celui de l'Agence chargée de leur développement?