Consultation européenne sur les énergies renouvelables [1]
Contribution au nom du Collectif Science Technologies Actions (STA)
Une fuite en avant dont les conséquences ont été mal appréciées
La politique européenne a confondu objectifs et moyens en fixant pour objectif des parts d’énergies renouvelables dans le mix énergétique. Elle a ainsi participé à la dangereuse augmentation des énergies renouvelables intermittentes dans la production d’électricité avant même qu’on sache la stocker.
Dès lors, l’augmentation de cette capacité intermittente n’est toujours pas parvenue à réduire le nombre de centrales pilotables connectées au réseau européen, ainsi que le détaille l’article « Intermittence et charbon » [2]. Mais cette politique a compromis l’équilibre du marché du MWh et privé de visibilité les décisions et investissements lourds et de long terme qui sont indispensables à toute alternative pérenne. C’est ainsi que cette politique compromet notamment le modèle économique de la filière nucléaire qui reste pourtant la seule, avec l’hydraulique, à fournir une énergie décarbonée et se passer du secours d’énergies fossiles comme le gaz et le charbon, ainsi que le rappellent, sans exception, les émissions de CO2 de tous les mix énergétiques mondiaux. [3]
La politique allemande, dont on nous propose pourtant le modèle, relève du dangereux pari d’un recours à l’hydrogène et à la méthanation à horizon 2050 pour alimenter un parc de centrales à gaz au moins aussi puissant que la totalité de son parc pilotable d’aujourd’hui. [4] On sait pourtant qu’avec le doublement récent du gazoduc Nord Stream et l’entreprise Gazprom Germania destinée à permettre à l’Allemagne d’être la plate forme européenne du gaz à horizon 2035 que la sortie du gaz fossile n’est pas à l’ordre du jour outre Rhin.
Le risque d’ériger l’intermittence de production électrique en objectif européen n’est pas acceptable tant qu’on ne dispose pas d’un modèle économique viable pour produire le « gaz vert » promis ou toute autre solution de stockage en masse pour un coût acceptable par la collectivité.
Ce qui reste indispensable, mais toujours hors de portée.
Le succès de l’impressionnante sortie du charbon au Royaume-Uni [5] doit se comprendre à la lumière du pragmatisme de ses taxes sur le CO2.
Les objectifs en termes d’énergies renouvelables sont malheureusement de nature à en corrompre l’efficacité, notamment en France [6] où le système électrique est pourtant déjà décarboné à plus de 90% depuis ¼ de siècle [7].
La Cour des Comptes a récemment évalué à 121 milliards d’euros, en euros courants, le surcoût pour le contribuable/consommateur des seules énergies renouvelables électriques dont les contrats ont été conclus avant fin 2017, ainsi que l’illustre le graphique n°9 de son rapport [8].
Ce qui représente une imposition de plus de 4000€ pour
chacun des 29 millions de ménages français, à payer jusqu’en 2046.
Le collectif STA s’oppose donc fermement à ce projet, sauf pour la Commission européenne à produire un document démontrant sur des arguments scientifiquement vérifiés par des experts vraiment indépendants, qu'il est plus efficace pour le climat, moins coûteux pour le consommateur, et moins nuisible pour l'environnement que le système actuel, en particulier pour les pays où l'électricité est déjà très décarbonée comme la France, la Norvège, la Suisse ou la Suède.
Cette contribution est publiée par la Commission européenne sous le lien
1 http://lemontchampot.blogspot.com/2020/05/intermittence-et-charbon.html
3 http://lemontchampot.blogspot.com/2018/03/debat-public-sur-la-ppe.html
4 http://lemontchampot.blogspot.com/2020/08/energiewende-ca-sent-le-gaz_7.html
5 http://lemontchampot.blogspot.com/2020/07/le-systeme-electrique-au-royaume-uni.html
6 http://www.economiematin.fr/news-eloge-taxe-carbone
7 http://lemontchampot.blogspot.com/2019/01/2019-la-fuite-en-avant.html
8 https://www.ccomptes.fr/fr/publications/le-soutien-aux-energies-renouvelables