mardi 2 septembre 2025

EnR : entre pression fiscale et précarité

EnR : entre pression fiscale et précarité

Jean Pierre Riou 

Publié sur Economie Matin

https://www.economiematin.fr/enr-fiscalite-energie-renouvelable-france-riou 

Les 2 parties du présent article : « La fiscalité énergétique » et « Le vrai prix des EnR » visent à éclairer à la fois la répartition sociale de l’effort fiscal du financement des énergies renouvelables (EnR) et à préciser le montant induit par celles-ci.

La fiscalité énergétique

Dans les pays de l’OCDE, le ratio impôts/PIB s’échelonnait en 2023 de 17.7 % au Mexique à 43.8 % en France. La répartition sociale permet cependant à 54,1% (en 2022) des foyers fiscaux français d’être dispensés du prélèvement obligatoire de l’impôt sur le revenu. Mais pour autant, le financement du gouffre sans fond de la transition énergétique fait injustement porter le plus gros effort sur les plus pauvres, et tout particulièrement sur ceux des campagnes. Les maladresses de la taxe carbone avaient fait sortir les gilets jaunes dans la rue, le poids du soutien aux énergies renouvelables menace aujourd’hui d’attiser la colère des « gueux ».

 

Selon le rapport sur l’impact du budget vert annexé au projet de loi de finance 2025, les ménages les plus pauvres (premier quintile), auront payé en moyenne une facture énergétique de 2270 € en 2022. Ce poste aura représenté 13,5% de leur revenu total, dont 7,7% pour leur logement et 5,8% pour le transport, contre 4,1% en tout pour les ménages les plus aisés (rapport page 232). La seule fiscalité sur cette énergie représentant ainsi un effort qui pèse bien davantage sur les ménages les plus modestes en prélevant 2,5% de leur budget, ainsi qu’illustré ci-dessous.


 Contrairement à l’impôt sur le revenu dont la répartition sociale permet donc à plus de la moitié des ménages de se dispenser de s’acquitter, cette fiscalité sur l’énergie, frappe injustement les plus pauvres pour financer la transition énergétique, et prélève ainsi 2% de leur budget via les transports (en vert) et 0,5% via leur habitat (en bleu). Le rapport montre qu’elle se décompose en 0,2% sur l’électricité, 0,6% sur la taxe carbone et 1,6% sur la fiscalité des carburants et combustibles hors taxe carbone.

Les gueux du premier quintile

De surcroît, les ménages ruraux supportent une charge supérieure ainsi que l’illustre la figure ci-dessous, en raison notamment de l’absence de service public de transport qui accroit leur budget de ce poste (en vert).



On n’en comprend que mieux le ressentiment des « gueux » dénoncé par Alexandre Jardin, lors de l’instauration des mesures de « Zones à faible émission mobilité » (ZFE) visant à interdire l’accès aux centres urbains à leurs véhicules jugés trop anciens.

La décorrélation entre les charges et la taxe destinée à la financer

Cette fiscalité énergétique, déjà lourde en 2022, a pourtant bénéficié de la parenthèse éphémère du bouclier tarifaire. En 2019, elle représentait en effet 4,5% du budget des ménages les plus pauvres, avec notamment une recette de l’accise sur l’électricité de 7837 € contre seulement 2513 € en 2022. Cette charge étant appelée à retrouver son niveau à partir de 2025 avec la fin de ce bouclier.

Cette fiscalité abonde le budget général de l’État qui finance le soutien aux EnR via le programme 345. Pour autant, en raison de l’application du bouclier tarifaire, les recettes de l’accise sur l’électricité en 2024 (1,5 milliard d’euros) ont été bien inférieures aux plus de 7 milliards de charge CSPE constatées pour 2024 dans la délibération de la CRE comme le précise le tableau du ministère reproduit ci-dessous.



Dans ce programme 345 du projet de loi de finance 2025  le Sénat fait état de ces 7 milliards de charges CSPE en 2024, et prévoit 9,5 milliards en 2025.

Une taxe chasse l’autre

Cette décorrélation entre la taxe prélevée et les charges CSPE (Charges du service public de l’énergie) date de 2016 où la CRE avait évalué le niveau nécessaire au financement de ces charges à 27,05 €/MWh pour l’électricité, mais devant l’impossibilité légale de l’augmenter de plus de 3 €/MWh, la CRE l’avait fixée à 22,5 €/MWh à compter du 1 janvier 2016, (soit 16 % de la facture moyenne TTC d’un client résidentiel). D’autre part ce financement par la CSPE (Contribution au service public de l’électricité) n’étant pas conforme à la Directive européenne 2003/96 sur la taxation de l’énergie en tant qu’il échappait au contrôle du parlement, la corrélation directe entre la CSPE et les CSPE devenait obsolète.

C’est ainsi qu’au 1er janvier 2016, cette CSPE se voyait absorbée par la Taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité (TICFE), perçue pour le compte des Douanes, puis intégrée au budget de l’État. Et dans le même temps, cette TICFE se voyait rebaptisée CSPE, ce qui ne pouvait manquer d’entretenir durablement la confusion et laisser penser que l’augmentation des charges liées aux énergies renouvelables du service public de l’électricité (CSPE) cessait enfin. Tandis que le soutien aux énergies renouvelables était assuré par un compte d’affectation spécial « transition énergétique » (CAS TE) abondé par les taxes sur l’énergie et le carbone. La Cour des Comptes relevait d’ailleurs que « dès l’exercice 2017, le financement du CAS a été profondément modifié puisqu’il a été acté que ce serait la TICPE qui prendrait le relais, essentiellement grâce au rendement croissant associé à la contribution climat-énergie (CCE) », autre nom de la taxe carbone. Et confirmait « une alimentation quasi-exclusive du CAS par de la TICPE en 2017 » (taxe sur les produits pétroliers), « le reste des ressources provenant de la TICC (taxe sur le charbon) à hauteur de 1 M€ ».

L’évolution des factures d’électricité devenait décorrélée de ce financement. Le même schéma demeure depuis le remplacement du CAS TE par le programme 345.

Pour mémoire, lors de sa création en 2003, la CSPE était de 3,3 €/MWh.

Aujourd’hui, selon le ministère des finances, l’accise sur l’électricité, qui la remplace, est passée de 20,5 €/MWh à 33,70 €/MWh au 1er février 2025 en raison de la fin du bouclier tarifaire, pour les « ménages et assimilés », puis 29,98 €/MWh au 1er août, pour compenser le passage à 20% de la TVA sur l’abonnement. Ajoutons que 29,98 est le taux HT de l’accise et qu’une TVA de 20% s’applique sur les consommations, l'accise, la CTA et l'abonnement. Le consommateur paye donc 35,98 €/MWh TTC cette accise sur l’électricité.

Le vrai prix des EnR

Selon RTE, le prix de l’électricité pour les ménages se divise en 3 tiers : 1/3 dépend du prix de production de l’électricité, 1/3 représente les frais d’acheminement, transport et distribution, et 1/3 est composé de taxes. Ce qui soulève au passage l’intérêt de l’ouverture d’un marché libéralisé dans la mesure où la concurrence ne peut jouer que sur la partie « frais de gestion » de l’abonnement, à fortiori lorsque cette concurrence ne produit rien et se contente d’acheter sur le marché pour revendre à ses clients.

D’autre part, cette concurrence est faussée par les contrats de longue durée convenus avec les énergies renouvelables, qui entraînent mécaniquement une augmentation des taxes parallèle à chaque baisse du prix du kWh en raison de la plus grande différence entre le prix convenu et le prix considéré évité par leur production, ainsi que l’observe le rapport sénatorial sur le projet de loi de finances pour 2025.  

Or, force est de constater que l’abonnement, notamment du tarif base, est passé de 96,97 €TTC en 2012 à 233,7 €TTC en 2025, soit une augmentation de 141% en 13 ans, participant à l’augmentation du prix de l’électricité, qui a plus que doublé en 15 ans, avant de connaître, il est vrai, une réduction en 2025, mais alors que ce prix n’avait pas bougé durant les 15 années précédentes, avec 0,1122 €/kWh en 1991 et 0,1123 €/kWh en 2007, soit une baisse en euros constants (2024) entre 0,19 €(2024)/kWh en 1991 et 0,15 €(2024)/kWh en 2007.

Les surcoûts induits sur le réseau

En février 2025 RTE présentait son plan à 100 milliards d’euros en 15 ans pour rénover le réseau de transport, soit un besoin comparable à celui d’Enedis pour le réseau de distribution.

RTE

Dans son schéma décennal (SDDR 2025), RTE projette en effet le triplement des coûts en 6 ans, avec 7,5 Md€ et 2030 contre 2,3 Md€ en 2024.



La part visant à rénover le réseau et l’adapter au changement climatique figure en rouge sur l’illustration ci-dessus et apparaît très minoritaire. L’essentiel des investissements vise à permettre l’augmentation d’injection des énergies renouvelables et apparaît en bleu, avec notamment la partie « raccordement de l’éolien en mer », représentée dans le segment bleu supérieur et représente 37 Md€ sur les 100 Md€ prévus dans ce SDDR2025. Le développement des interconnexions figure tout en haut en mauve et reste anecdotique après 2027, tandis que le segment inférieur bleu représente notamment la mise en service de 40 % des infrastructures prévues pour les EnR terrestres via les « Schémas régionaux de raccordement au réseau des énergies renouvelables » (S3REnR deuxième génération). Le segment jaune, enfin, représente les télécom et moyens de pilotage du système, dont la CRE a dénoncé l’insuffisance de sophistication du pilotage des EnR pour passer au pas de 15 minutes au lieu des heures rondes.

 

Sans surprise, l’Allemagne, plus ambitieuse en termes d’EnR, prévoit plus de 250 Md€ et la Grande Bretagne 150 Md€ en 10 ans (Voir page 12), mettant ainsi en évidence la corrélation entre la part d’EnR et les besoins d’investissements dans le réseau, tandis que les analystes s’accordent pour imputer le récent blackout ibérique au manque d’investissements dans le réseau espagnol.

 

Enedis

 

Quant au réseau de distribution, Enedis annonce clairement la couleur en chiffrant les besoins en fonction des projets d’EnR, pour transformer son réseau, conçu pour distribuer des quantités limitées au consommateur, en flux bidirectionnels permettant de refouler la production locale des EnR, notamment vers le réseau RTE. Transformation qu’Enedis considère comme une révolution, « un immense défi » et « un réel changement de paradigme » qui ne doit pas être sous estimé, ainsi qu’il l’a déclaré devant le Sénat. Cette corrélation est transparente dans l’en tête du chapitre 4 de ses éléments de prospective à horizon 2050 : « Le développement des énergies renouvelables raccordées au réseau de distribution sera le facteur le plus déterminant pour Enedis » qui prévoit un besoin pouvant aller de 1,5 Md€ par an à 8 Md€ par an selon la croissance et le scénario de développement des EnR, avec un rythme actuel de 2 Md€. Dans le SDDR 2025, RTE explique que « Éolien terrestre, solaire et petites installations hydrauliques sont raccordés majoritairement aux réseaux de distribution, mais leur développement dépend de plus en plus des renforcements qui seront réalisés sur le réseau haute tension (63 et 90 kV, voire 225 kV) via des postes électriques permettant de collecter leur production et de la répartir plus largement sur le territoire. »

Le détail de ces besoins avait été analysé par Le Mont Champot dans « Pourquoi il est urgent de dégraisser le mammouth ».

 

La croisée des chemins

 

Ces investissements dans le réseau sont financés via le TURPE, celui-ci représente entre 20% et 30 % de la facture d’un client résidentiel, selon la CRE. Mais c’est toute la fiscalité énergétique qui devra assumer l’explosion du poids des subventions et coûts induits par le doublon intermittent éolien/photovoltaïque, bien inutile à notre parc de production déjà décarboné et surcapacitaire. Coûts auxquels il convient d’ajouter les subventions aux centrales pilotables dont on ne peut toujours pas se passer du moindre MW installé. Et ces subventions devront être d’autant plus fortes que les modulations à la baisse leur seront fortement imposées par les EnR, y compris au parc nucléaire. Car la difficulté n’est pas de fermer la moindre d’entre elle, mais bien d’arriver à s’en passer, ainsi qu’en a alerté l’Entsoe en avril dernier dans son « Évaluation de l'adéquation des ressources européennes » (ERAA)et dans laquelle il attire l’attention sur les « risques importants » qui le menacent, en raison de la perte de viabilité économique des capacités pilotables, dites « flexibles ».

 

Ce budget colossal ne sera pas financé par le truchement d’un prélèvement réparti en fonction des revenus, mais en demandant le plus gros effort à ceux qui ont déjà le moins. La France, à la veille de la publication de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE3) se trouve à la croisée des chemins.

 

Une fuite en avant vers l’augmentation de la puissance de notre doublon intermittent porterait une lourde responsabilité dans l’explosion d’un conflit social.

 

SDDR 2025 https://assets.rte-france.com/prod/public/2025-02/RTE_SDDR2025_Synthese.pdf

 

 

In medio veritas

 

In medio veritas

Jean Pierre Riou 

L'impact visuel d'un "FAUX !" 

Entre des chiffres excessifs prêtés à certains opposants aux énergies renouvelables et l’impact visuel d’un « FAUX ! » supposé informer, la communication de la CRE "démêler le vrai du faux" semble appeler quelques précisions, malgré l’exactitude de ses chiffres. 

1- Les factures d'électricité ont-elles doublé en 10 ans ? FAUX ! 

Dans sa réponse, la CRE confond tarif réglementé et prix de l’électricité en oubliant le prix de l’abonnement.*

En intégrant celui-ci qui est notamment passé de 96,97 €TTC en 2012 à 233,7 €TTC en 2025 pour le tarif base, soit une augmentation de 141% en 13 ans selon les chiffres du service statistique du CGDD, les chiffres d’Eurostat ,montrent que le prix TTC de l’électricité est passé de 0,1207 €/kWh au 2ème semestre 2009 à 0,2926 €/kWh au 2ème semestre 2024, soit une augmentation de 142% en 15 ans. Ramenée en euros constants, cette hausse, reste de l’ordre de 91%. 

Ces chiffres sont issus de l’agrégation des données réelles de 95% des parts de marché et non une quelconque extrapolation.

Malgré une baisse attendue en 2025, cette augmentation de 91% en euros constants en 15 ans reste considérable comparée à la baisse en euros constants (2024) sur les 15 années précédentes entre 0,19 €/kWh en 1991 et 0,15 €/kWh en 2007.

En tout état de cause 142% en 15 ans ne veut pas dire 100% en 10 ans, qui ne s’est effectivement jamais produit, mais n'est pas si loin de la réalité qu'on pourrait le croire.

* Voir l’article publié à la suite d’une demande d’information auprès des services statistiques d’Eurostat et du Commissariat général au développement durable (CGDD)

https://lemontchampot.blogspot.com/2025/08/prix-du-kwh-la-quete-de-sources.html

2- Les EnR sont-elles responsables de l'évolution de la facture ? FAUX !

Le soutien des énergies renouvelables par l’État n’est à ce jour pas directement répercuté sur la facture

C’est parfaitement exact, comme l’affirme la CRE, les factures d’électricité n’ont  financé les EnR que jusqu’en 2015, faisant passer les taxes de 18,71% en 1991 à 33,82% du prix de l’électricité en 2015, (niveau où elles sont restées depuis). Pour la raison que la CSPE, créée pour financer les EnR en 2003 au taux de 3,3 €/MWh a trop rapidement progressé pour devoir s’élever selon la CRE à 27,05 €/MWh pour financer les charges 2016, soit une augmentation supérieure au seuil légal de 3 €/MWh. S'est alors opérée une bascule vers le financement par le budget de l’État à partir de 2016, ainsi que c’est expliqué dans « Entre pression fiscale et précarité ». 

Précisons donc que ce taux de taxes est resté globalement le même depuis 2016 (35,35%) jusqu’à la parenthèse du bouclier fiscal dont le dernier effet s'applique à 2024 (S2) avec 20,04% de taxes. 

Mais seule l’augmentation du TURPE peut désormais transparaître sur la facture.

3 – Le tarif d’utilisation des réseaux va-t-il doubler ? FAUX !

« Selon la prévision de la CRE, le TURPE devrait évoluer de manière maitrisée dans les années à venir. Selon ses prévisions à long terme, incluant les investissements annoncés par les gestionnaires de réseaux qui amènent à envisager un TURPE en hausse de l’inflation + 1% par an jusqu’à 2040 pour les clients résidentiels ».

Rappelons cependant que lors du précédent TURPE (6) RTE avait sollicité en 2019 l’autorisation de mobiliser 33 milliards d’euros sur les 15 ans à venir (2020-2035) pour permettre notamment l’intégration des EnR



Et que le président de la CRE avait tout d’abord refusé catégoriquement, jugeant la somme exorbitante.

Et que dans son nouveau SDDR(2025), c’est une somme 3 fois supérieure que sollicite RTE avec ~100 Md€ pour les investissements dans le réseau public de transport d’électricité sur 15 ans. Chaque TURPE recouvre une période de 4 ans, ainsi qu’indiqué ci-dessous par l’illustration de RTE qui montre notamment que la part imputée à la rénovation du réseau, en rouge, est très minoritaire.

 



La CRE affirme « Après une augmentation en 2025, celui-ci évoluera chaque année de la période à un niveau proche de l’inflation ». Ce qui est logique puisque chaque TURPE est calculé pour 4 ans. Mais il n’apparaît pas pour autant que ce « niveau proche de l’inflation » s’appliquera au TURPE 8. Notamment au vu de l’évolution des besoins et selon les chiffres de RTE qui relève que l’Allemagne prévoit plus de 250 Md€ et la Grande Bretagne plus de 150 Md€ en 10 ans.

La CRE affirme que le TURPE ne va pas doubler, mais se garde de dire avant quelle date en n’évoquant que les 4 ans à venir, période lors de laquelle il sera bloqué.

4 – La France a-t-elle prévu d’investir 300 milliards d’euros pour développer les EnR ? FAUX !

Concernant les 100 Md€ de RTE et les 90 Md€ de Enedis, la CRE considère que

« L’essentiel de ces investissements vise la maintenance, le renouvellement des réseaux existants, le raccordement des consommateurs et des zones industrielles de décarbonation et l’adaptation au changement climatique. »

Cette proportion n’apparait clairement pas dans l’illustration de RTE ci-dessus, où le « renouvellement des réseaux existants, et l’adaptation au changement climatique » sont représentés en rouge, le segment bleu supérieur chiffrant le seul raccordement de l’éolien en mer et le bleu inférieur représentant notamment la mise en service de 40 % des infrastructures prévues pour les EnR terrestres via les « Schémas régionaux de raccordement au réseau des énergies renouvelables » (S3REnR deuxième génération). Quant à Enedis, il ne saurait être plus clair que dans l’en tête du chapitre 4 de ses éléments de prospective à horizon 2050 : « Le développement des énergies renouvelables raccordées au réseau de distribution sera le facteur le plus déterminant pour Enedis » et prévoit de ce fait un besoin pouvant aller de 1,5 Md€ par an à 8 Md€ par an selon la croissance et le scénario de développement des EnR. 

En plus de ces coûts, la CRE évoque 50 Md€ d’ici 2060 pour le soutien public aux EnR, mais n’évoque pas ni le manque à gagner d’EDF lié à la modulation forcée à la baisse de son parc nucléaire, chaque fois que le soleil luit, ni les subventions qui seront nécessaires à l’entretien des centrales de secours pour les périodes sans vent ni soleil et dont la perte de rentabilité a motivé une alerte de l’Entsoe en avril dernier dans son « Évaluation de l'adéquation des ressources européennes » (ERAA)et dans laquelle il attire l’attention sur les « risques importants » qui le menacent, en raison de la perte de viabilité économique des capacités pilotables, dites « flexibles », pour la raison que la sécurité exige que l’Europe en conserve l’intégralité.

 5 - Le blackout espagnol a été provoqué par un trop plein d'énergie solaire que le réseau n'a pas pu absorber FAUX !

Il se peut que des fantaisistes aient évoqué cette raison pour dénigrer les EnR, mais on se demande bien lesquels ! La plupart des analyses évoquaient plutôt une instabilité aggravée par le manque de machines synchrones, alors remplacées par une trop forte part d'EnR. Dans l'attente des conclusions définitives de l'Entsoe, il convient de rester prudent. Mais il est inutile de dénoncer des affirmations qui n'auraient jamais été proférées par quiconque sait globalement de quoi il parle.

Et pour conclure, rendons grâce à la CRE pour les "VRAI" qui suivent, notamment que les EnR coûtent d'autant plus cher qu'elles font baisser les prix ou que la France produit plus qu'elle ne consomme. (Pourquoi d'ailleurs ne pas dire qu'elle est plus gros exportateur MONDIAL d'électricité ?

Mais l'argument des EnR qui restent nécessaire pour passer les pointes reste léger :

La pointe de consommation est hivernale et après la tombée du soleil. 

Or les grands froids sont anticycloniques, c'est à dire sans vent ...