dimanche 27 avril 2025

L’exception ibérique

 

L’exception ibérique

Jean Pierre Riou

En 4 ans, l’Espagne et le Portugal ont réussi le tour de force d’inverser largement leur classement par rapport à la France sur le prix de l’électricité. Par delà la pertinence de leurs investissements dans le système électrique, cet article tentera de comprendre le contexte susceptible de les avoir favorisés.

La région CORE

Le marché couplé de l’électricité permet d’optimiser les capacités d’interconnexion par un calcul en amont du prix du transport permettant den reporter le coût par des enchères implicites couplées avec les MWh concernés. La principale région concernée par ce mécanisme est la région CORE (Région Europe Centre Ouest) représentée ci-dessous par l’ACER



Le 7 avril 2025, le gestionnaire du réseau européen Entsoe, a lancé une alerte concernant le fonctionnement de ce marché de l’électricité pour la raison que sa volatilité ne donne pas les signaux nécessaires aux investisseurs pour financer les indispensables moyens de production pilotable ainsi que les capacités de stockage et de flexibilité.

Cette menace est l’occasion d’examiner l’incontestable réussite de l’exception ibérique dont la particularité est de profiter d’un double marché avec celui de l’Afrique et de n’être que faiblement connectée avec cette région CORE, dont elle ne fait pas partie, via les seules interconnexions franco-espagnoles.

L’exception ibérique

Selon la CRE, (voir illustration ci-dessous), en 2023 les capacités d’échange aux frontières françaises étaient de 20,6 GW à l’export et 18,7 GW à l’import, tandis que la péninsule ibérique, dont la production annuelle électrique de 335 TWh (2023) correspond à plus de la moitié de la production française,  n’est reliée au marché couplé européen que par les liaisons France-Espagne dont la capacité d’interconnexion est 10 fois moins importante que la totalité de celles de la France.


En projet GB Projet Aquind 2 GW en courant continu
Irlande Projet Celtic France Irlande 700 MW en courant continu
En projet Espagne Golfe de Gascogne 2GW courant continu (2028)

En 2024, sur les 29,5 TWh exportés par l’Espagne, 10 seulement ont été exportés vers le réseau européen via la France, selon le site Red Electricita, et sur les 19,3 TWh importés, seuls 12,9 venaient de France, car l’Espagne est également reliée Portugal, mais a la particularité de l’être également au réseau africain par ses interconnexions avec le Maroc. Même si ces échanges représentent une part mineure du marché espagnol, ils lui permettent de se couvrir lors de flambée des prix ponctuelles ou d’épisodes de prix négatifs européens. C’est ainsi que le 1er avril 2024, l’Espagne connaissait le premier prix négatif de son histoire alors que la France en était déjà à son 373ème. L’Espagne ne fait qu’un avec le Portugal dont elle est l’unique partenaire commercial, en achetant 100% de ses 680 millions de dollars d’export d’électricité et  unique fournisseur de ses 1,3 milliards d’import (2023).

Cet isolement de la péninsule ibérique la protège de la contamination de la flambée des prix, notamment allemands en cas d’épisodes prolongé sans vent ni soleil, que le ministre norvégien de l’énergie, Terje Aasland,  avait dénoncés en affirmant sa volonté de couper ses interconnexions avec l’Allemagne, dont l’instabilité du marché entraîne une « situation absolument merdique » en Norvège, selon ses propos rapportés par le Financial Times, déplorant que l’électricité de ses barrages soit utilisée par l’Allemagne, tandis que la flambée des prix Outre Rhin contaminait son propre marché. Le principe même de ce marché libéralisé de l’électricité étant en effet de promouvoir le libre échange de MWh entre acteurs privés en interdisant toute préférence nationale. 

 D’autre part, selon les chiffres de la Commission européenne, les capacités de stockage espagnoles sont déjà bien supérieures à celles de la France (7,42 GW contre 5,98 GW en France) pour une consommation 2 fois moindre (226 TWh en 2023 contre 411 TWh en France) et l’Espagne mise sur le stockage avec de nouvelles capacités autorisées 5 fois plus importantes qu’en France (3,51 GW contre 0,72 GW en France). Elle profite également du stockage de l’hydraulique portugais qui représentait 30% de sa production avec 14,4 GWh sur les 48,9 GWh produits en 2023.

Cet isolement de la péninsule ibérique est d’ailleurs la raison de la dérogation temporaire qui l’a autorisée à encadrer le prix du gaz pour éviter la flambée du prix de l’électricité qui a affecté l’Europe en 2022 et 2023. L’engorgement rapide de ses faibles interconnections, renforcé par son double marché avec l’Afrique lui permet également de se tourner vers le Maroc pour écouler sa production éolienne en cas d’écroulement du marché européen, ainsi que de s’y approvisionner quand les prix allemands en font flamber les cours.

La plateforme d’information marocaine Charika confirme de rôle actif du Maroc sur le marché spot espagnol, et les vaines pressions du gouvernement destinées à compenser l’avantage de sa dispense de taxes sur le CO2 et de son cours du MWh 2 fois inférieur à celui de l’Espagne. Selon les années, le solde en est exportateur ou importateur comme en 2019 (7760 GWh) ou 2021.

En tout état de cause, quand les prix flambent en France, comme le 20 janvier où le prix de toute la région CORE était de 473,28 €/MWh à 18 heures, le cours n’était alors que de 154,93 €/MWh en Espagne et au Portugal, indiquant la saturation des interconnexions espagnoles avec la France et la provenance du Portugal de la dernière centrale appelée pour établir l’équilibre, avec un solde importateur de 2422 MWh. Le dernier moyen appelé fixant le cours du MWh quelle que soit la quantité nécessaire appelée pour établir l’équilibre. Et l’excédant (1540 MWh) était ce même jour revendu au Maroc. A l’inverse, le 6 avril à 14 heures, les surplus de production EnR faisaient chuter la bourse française au cours négatif de moins 115,46 €/MWh, écroulant le cours de toute la région CORE, tandis que la péninsule ibérique tirait son épingle du jeu avec seulement moins 1 €/MWh grâce à 9,5 GW d’export vers le Maroc et la prise en charge par le réseau portugais de 10,9 GW d'import (en haut en ocre sur le graphique ci-dessous) grâce à la baisse immédiate de l’hydraulique (en bleu ), et 1650 MW de stockage.

 


Source Ren Electricity

Dans les 2 cas, ces modestes moyens locaux auraient été inopérants avec une plus grande capacité d’interconnexion, tant en regard du prix du dernier moyen appelé qui aurait dû permettre l’équilibre de toute l’Europe, que de celui de l’écoulement des surplus que les barrages portugais et la consommation marocaine auraient été incapables d’absorber, entraînant alors la péninsule ibérique dans ces mêmes extrémités.

Le système nordique, connecté au réseau CORE, a d’ailleurs récemment manifesté sa volonté de réduire ses capacités d’interconnexion pour ne pas être tributaire des à coups du marché allemand.

Corrélation n’est pas causalité. Mais l’exception ibérique coïncide avec une baisse du prix de leur électricité depuis 2020 aussi spectaculaire que la hausse française qui la place en 2024 en 10ème position de l’électricité la plus chère d’Europe sur 41 pays, tandis qu’Espagne et Portugal ont réussi à inverser le classement à leur avantage. L’explication simpliste d’évoquer la seule raison de l’avantage économique des énergies renouvelables tombant immédiatement au regard des pays où les prix sont les plus élevés, notamment les 2 plus chers d’Europe, l’Allemagne et le Danemark.



Source Eurostat

Le propos de cet article n’est pas de comparer les avantages des énergies intermittentes avec ceux des énergies pilotables. Cette confrontation doit faire l’objet d’un triptyque à paraître. Mais de faire connaître l’alerte de l’Entsoe sur le mauvais signal donné par le marché actuel aux investisseurs, et de suggérer que de compter sur la régulation par un marché qui multiplie les interconnexions comporte à la fois un risque systémique pour la sécurité européenne ainsi que pour le financement du parc de production Français.

Et de conclure, une fois de plus avec le jugement de Marcel Boiteux : « En théorie économique, l’électricité cumule pratiquement toutes les exceptions aux heureux effets de l’économie de marché. D’où suit qu’on peut militer avec conviction pour la régulation par le marché, et en exclure l’électricité. »

Mise à jour du 28/04

On ignore encore les causes de la panne géante qui a affecté la quasi totalité de la péninsule ibérique le lendemain même de la publication de cet article et il serait prématuré d'évoquer la responsabilité d'une stabilité dynamique insuffisante du réseau dont le risque lié à l'augmentation de la part d'EnR a été dénoncé par l'Entsoe. Quoi qu'il en soit, les prix négatifs annoncés le matin et les conditions d'ensoleillement plaident en faveur d'une forte part d'EnR dans un réseau dont les liaisons en courant continu avec la France ne permettent pas de bénéficier de l'inertie de ses réacteurs nucléaires.

Les données de Red Electrica le confirment, juste avant la panne, qui montrent l'Espagne saturer ses connexion vers la France et le Portugal pour se débarrasser d'excédents d'un mix comportant 48,3% d'éolien/photovoltaïque dépourvus d'inertie, réduisant par là même la marge des GRT pour réagir au moindre écart. Son site permet de suivre la chronologie de la balance électrique.


 

 

Ces 48,3%, qui représentent la moyenne de la journée, battent ainsi le record britannique de 47,8% annoncé fièrement le 9 août 2019 par le gestionnaire de réseau britannique ESO .... dans la minute même où un blackout de grande ampleur frappait le Royaume uni et dans lequel le manque d'inertie était identifié parmi les causes par l'Entsoe


https://lemontchampot.blogspot.com/2024/03/its-wind-oclock.html


En tout état de cause, l'exception ibérique coche toutes les cases pour tester la résilience des EnR confrontées à un risque de blackout.
L'Entsoe avait publié un rapport ce 9 janvier dans lequel il enjoignait les États européens à recouvrer d'urgence une constante d’inertie minimum ( Hmin ) égale à 2 sMW/MVA au risque de connaître un blackout à l'échelle du continent, les maigres connexions en courant continu avec la France ne lui ayant pas permis de bénéficier de l'inertie de nos réacteurs nucléaires

Une capture d'écran publiée sur X à l'heure précise de l'incident fait état d'un % bien supérieur encore

https://x.com/JavierBlas/status/1916857352197701963
 https://x.com/JavierBlas/status/1916857352197701963

Mise à jour du 05/05/2025

Différents chiffres ont circulé sur les réseaux concernant le % d'EnRi, Eolien + PV, qui détermine l'inertie du système dont ceux ci sont dépourvus. Le solaire thermique a parfois été comptabilisé à tort, celui-ci n'étant pas dépourvu d'inertie, d'autres % ont été calculés sur une production dont on retranchait la consommation du stockage (3044 MW) obtenant ainsi des chiffres supérieurs à 70%.

Le site officiel espagnol permet de vérifier que la part éolien+ solaire était de 64,1% de la production.

D'autre part, le site de l'institut fraunhofer permet de constater que les prix négatifs, qui étaient annoncés à partir de 11h depuis la veille sont probablement la raison de l'écroulement des centrales à gaz en capacité de répondre aux demandes d'ajustement, tandis que le site espagnol fait état de variations importantes de la production au pas de 5 minutes.

Le 5 mai, RTE a communiqué sur les premiers éléments connus en évoquant une part de 70 % éolien-solaire, en incluant donc les 4,43% de solaire thermique.

Et rappelle les difficultés de tels mix électriques

Dans ce communiqué, RTE confirme que l'arrêt automatique du réacteur n° 1 de Golfech au moment précis du blackout était bien lié à l'incident espagnol, ainsi que celui de quelques autres centrales du sud ouest pour lesquelles les sécurités s'étaient déclenchées.
 


 Ces observations des difficultés rencontrées lors de fortes productions d'EnRi sans inertie ne sauraient prétendre à la moindre explication du blackout, pour laquelle il est nécessaire d'attendre les premières constatations de l'Entsoe.

samedi 26 avril 2025

Mon credo


Le choix de cette photo d’illustration n’a pas été simple, jusqu’à ce déclic : un vieux moulin à vent, symbole d’une époque où l’homme savait composer avec l’intermittence de la nature. Pendant des siècles, on a moulu le blé quand le vent soufflait, sans illusions. Aujourd’hui, alors que les éoliennes modernes promettent une énergie constante, Jean-Pierre Riou nous rappelle une vérité oubliée : on ne peut s’affranchir du réel. Dans cet entretien, il dénonce les dérives d’une transition énergétique qui ignore ces limites et plaide pour un retour au pragmatisme.

Jean-Pierre Riou
Chroniqueur indépendant sur l’Énergie
Alors que les énergies renouvelables divisent et que l’Europe flirte avec des risques électriques majeurs, Jean-Pierre Riou, chroniqueur indépendant et président de l’association Le Mont Champot, décortique sans relâche les dérives des politiques énergétiques. Il alerte depuis plus de quinze ans sur les impacts des éoliennes – nuisances, inefficacité dans un mix déjà décarboné – et regrette l’abandon de projets nucléaires comme Superphénix. Dans cet entretien exclusif, il nous livre une analyse percutante des illusions du « tout renouvelable », plaide pour un retour au pragmatisme nucléaire et alerte sur un système au bord de l’effondrement. Ses écrits, étayés par des sources solides, n’esquivent pas la remise en question, faisant de lui une figure clé pour qui cherche à comprendre les défis d’une énergie pilotable et durable.

Face à une transition énergétique marquée par des choix contestables et des risques croissants pour la stabilité du réseau européen, Jean-Pierre Riou, connu sur X sous le pseudo@rioujeanpierre, incarne une voix à la fois technique et engagée.

Membre du bureau énergie du Collectif Science Technologies Actions, il a été entendu au Sénat et à l’Assemblée nationale pour ses analyses sans concession et son plaidoyer pour le nucléaire. OHERIC-Média l’a interrogé pour comprendre ce qui le pousse à scruter sans relâche les failles d’un modèle qu’il juge insoutenable, et ce qu’il propose pour éviter le chaos.

Vous êtes chroniqueur indépendant et président de « Le Mont Champot ». Qu’est-ce qui vous a poussé à vous investir autant dans l’analyse et la défense d’une vision rationnelle de l’énergie ?

Depuis un quart de siècle, les éoliennes ont envahi l’espace médiatique et leur gigantisme a bouleversé la nature de leurs sites d’implantation, transformant des paysages ruraux chers à l’inconscient collectif en zones industrielles sans emploi. D’un naturel sceptique quant à leur prétendue contrepartie d’énergie gratuite, sur fond des sommes colossales en jeu, je me suis penché, voilà plus de 15 ans, sur chacun des aspects de leur développement : aménagement du territoire, nuisances acoustiques, impact sur l’avifaune, démantèlement et même leurs effets sur la circulation des vents et le réchauffement local. Mais j’ai consacré encore plus de temps à disséquer les contreparties qu’on en attendait sur le système électrique français, déjà décarboné à plus de 90 % depuis 1990 et plus gros exportateur mondial quasiment chaque année, afin d’en dégager l’intérêt général par-delà les nuisances locales. Je me suis également interrogé sur le concept même de « renouvelable », véritable fourre-tout hétéroclite et trompeur qui laisse croire que les faiblesses de l’une sont compensées par les qualités de l’autre. Une interrogation que j’ai ultérieurement mise en forme dans « Science sans conscience ». J’ai alors voulu laisser une trace des sources officielles que je découvrais en les partageant dans la revue de presse du Barsczus, puis sur Twitter, que j’ai rejoint en 2012, avant de créer mon propre blog « Le Mont Champot » en 2013.  Mon profil X (ex-Twitter) indiquait déjà simplement « Regard sur les sources de l’énergie », par distinction avec les « sources d’énergie », pour marquer mon attachement aux sources de ce que j’affirme, souvent d’ailleurs entre guillemets afin d’exclure toute interprétation fallacieuse. Car, pour moi,Bridging the gap between the desire to do something and actually doing it. la qualité de la source est primordiale. Elle doit faire autorité, avoir été vérifiée et pouvoir être vérifiable. Tant d’analyses ne cherchent que la visibilité médiatique sans permettre la vérification des chiffres avancés en préambule. Je n’en retiens aucune.
Cette rigueur sur les sources m’a rapidement valu les sollicitations de divers médias pour publier mes articles. Par la suite, j’ai été convié à une audition devant une commission sénatoriale sur l’aménagement du territoire, puis à une audition à l’Assemblée nationale sur l’impact économique, industriel et environnemental des énergies renouvelables (EnR). Cette dernière audition a été reprise dans le documentaire « Éoliennes : du rêve aux réalités », qui m’a également interviewé, à l’instar de personnalités comme JM Jancovici, A. Waechter ou H. Proglio, suivie d’une participation à la série « L’énergie autrement » aux côtés de sommités telles qu’Yves Bréchet, Hervé Machenaud ou Louis Gallois.

Vos publications sont reconnues pour leur précision et leur ancrage factuel. Pourquoi accordez-vous autant d’importance aux faits dans un domaine où les opinions semblent souvent dominantes.

Comme dans toute controverse, les opinions sur l’énergie sont souvent tranchées, et les sommes en jeu, ainsi que la peur irrationnelle du nucléaire, confèrent une grande violence au débat sur les énergies renouvelables. Par ailleurs, la fameuse loi de Brandolini montre qu’il faut infiniment moins d’énergie pour répandre efficacement un mensonge que pour démontrer qu’il s’agit d’un mensonge. Mon caractère ne m’incite pas à sauter dans l’arène pour donner des coups ou en recevoir. De plus, je ne crois pas en une objectivité absolue d’analyse. Tout analyste me semble tenté de privilégier tout élément nouveau qui confirmera ses conclusions précédentes en s’imbriquant efficacement dans la démonstration qu’il cherche à faire. Je n’ai d’ailleurs jamais prétendu être objectif moi-même, mais simplement rigoureux sur les faits et leurs sources. Mes convictions ne sont pas figées, et je m’efforce de les faire coïncider avec l’évolution de la situation, qui est permanente et extrêmement rapide. Je cherche également à être honnête en ne minimisant pas la portée des arguments des contradicteurs, encore moins à les occulter lors d’échanges privés.
Je crois en la force des faits. Nombre d’entre eux sont contre-intuitifs, et je pense qu’il est utile de faire connaître certains d’entre eux, qui vont à l’encontre des idées reçues mais dont personne ne parle.
Il est vrai qu’au fond de moi s’est toujours ancré le sentiment, purement subjectif, que l’avenir ne réside pas dans la multiplication de machines gigantesques dont la puissance installée devra être d’autant plus importante que leur puissance effective tend vers zéro dans les périodes sans vent ni soleil, et que rien ne permet encore d’espérer se passer de la moindre puissance pilotable installée, en raison de la durée de ces événements météorologiques, qui peut atteindre 15 jours. L’Allemagne en a récemment fait la douloureuse expérience, provoquant du même coup la colère du ministre norvégien de l’énergie face aux répercussions de la flambée des prix sur son propre sol.

Comment vous informez-vous pour rester au plus près de la réalité énergétique, entre données techniques, rapports officiels et échanges avec d’autres experts ?

Au fil du temps, de nombreuses associations m’ont contacté pour échanger sur l’énergie, notamment Sauvons le Climat (SLC), Patrimoine nucléaire et climat (PNC), Science Technologies Actions (STA), l’Association française pour l’information scientifique (AFIS), les Voix du nucléaire ou le Cereme. Pour autant, j’ai toujours refusé leurs propositions d’intégrer un conseil d’administration afin de préserver la liberté de mes publications, sans jamais devoir m’aligner sur une quelconque chapelle. Ces échanges quotidiens avec chacun d’eux m’ont permis d’approfondir les analyses dont je m’étais imprégné, dans la mesure où j’avais souvent l’occasion d’échanger directement avec leurs auteurs. Ces interlocuteurs avaient occupé les plus hauts postes de responsabilité à EDF, dirigé des centrales thermiques ou nucléaires en France ou en Allemagne, ou collaboré au programme nucléaire français.
Par ailleurs, Google m’a permis de mettre en place des alertes sur les publications de la CRE, de l’Entsoe, du Citepa ou de l’Institut Max Planck, acronymes barbares dont les conclusions font autorité. Je consulte régulièrement d’excellents sites qui permettent de suivre l’évolution de la production d’énergie, comme Eco2Mix, ElectricityMaps, Enerdata, Eurostat et bien d’autres. Les échanges sur X ont fait le reste. Enfin, j’ai été surpris par la facilité à obtenir des précisions en écrivant personnellement à des experts, comme RTE, Coreso, NordPool ou les plus hautes sommités spécialisées dans les effets sanitaires des basses fréquences. C’est ainsi que j’ai eu l’heureuse surprise de voir l’Institut national de santé publique polonais, dont j’avais traduit les recommandations concernant l’impact des éoliennes, prendre en compte ma remarque pour corriger leur propre texte, ou encore d’échanger avec la direction du centre hospitalier de Fukushima. Cette démarche m’a conduit à intégrer le groupe de travail de l’Afnor chargé de rédiger la norme acoustique de mesurage du bruit des éoliennes, jusqu’à sa regrettable dissolution, ou à solliciter la Cada (Commission d’accès aux documents administratifs) pour obtenir le compte rendu d’une séance stratégique non rendu public.
Ces 15 ans de travail m’ont permis de saisir plus rapidement les enjeux de chaque nouvelle publication ou rapport.

Vous n’hésitez pas à réviser vos positions face à de nouvelles informations. Comment gérez-vous cet équilibre entre conviction et ouverture à la remise en question ?

L’évolution rapide du système électrique européen oblige tous les acteurs engagés à adapter leur discours à la situation. J’ai notamment dû revoir mes positions sur l’intérêt de la flexibilité de la consommation, la pertinence du transfert d’énergie par pompage (STEP) ou le modèle économique de l’électrolyse. J’ai également dû prendre acte de la descente aux enfers du nouveau nucléaire, conséquence de la perte de compétences liée à 20 ans d’absence de nouveaux projets, ou du délai sans cesse repoussé de la production de l’EPR de Flamanville 3, dont le dernier avis, le repoussant au 17 avril, est pour la première fois accompagné de la mention « sous réserve ».
Par-delà les différents impacts négatifs de l’implantation d’éoliennes, c’est désormais la viabilité du système électrique de demain qui me préoccupe le plus. Les alertes se multiplient, et le risque est désormais caractérisé, tant sur le plan de la stabilité du réseau, en raison du manque avéré d’inertie permis par les centrales conventionnelles, dont le fonctionnement est désormais réduit, que sur celui du manque de capacité pilotable, dénoncé par le gestionnaire du réseau européen, qui menace la sécurité d’alimentation des besoins à court terme. Ce gestionnaire (Entsoe) a clairement énoncé qu’il ne lui appartenait pas de définir ce qu’est un risque acceptable. On se demande alors quelle entité politique aurait pesé le pour et le contre pour juger que ce risque méritait d’être pris. Car, hors le système électrique, l’Europe n’a pas de plan B pour se doter d’une industrie décarbonée.

En tant que voix reconnue sur les questions énergétiques, ressentez-vous une responsabilité particulière dans l’impact de vos écrits sur le débat public ou les décisions politiques ?

À ma grande surprise, j’ai eu le plaisir d’être contacté par des personnalités de haut niveau qui me demandaient l’autorisation de reprendre mes articles dans leurs publications, ou encore de confirmer l’exactitude de leurs chiffres. Mes articles sont également référencés comme sources dans de nombreuses publications. Le domaine évolue rapidement, et le marché de l’électricité est devenu une jungle impénétrable sur fond de sables mouvants. Mes analyses décortiquent, point par point, des aspects précis, comme l’évolution des EnR, l’impact des flux de boucle sur le marché ou la stabilité dynamique du réseau. Ces articles sont, je le reconnais, hermétiques pour le grand public, qui n’est pas ma cible, mais les retours montrent qu’ils ont un impact certain auprès des spécialistes qui interviennent dans le débat public. Cette responsabilité m’amène à m’interroger en permanence sur la subjectivité inévitable de mon point de vue.

Face aux dérives actuelles – désinformation, choix politiques hasardeux –, que faudrait-il faire, selon vous, pour garantir une approche énergétique solide et éviter les pièges à l’avenir ?

Le domaine de l’énergie est vaste, et je ne saurais émettre un avis sur la pertinence des carburants de synthèse, de l’hydrogène ou du captage du CO2, qui semblent pourtant incontournables pour atteindre l’ambitieux objectif de neutralité carbone. Je considère toutefois qu’une électricité abondante et bon marché en est la pierre angulaire. C’est à ce titre que j’y consacre l’essentiel de mon attention, en me focalisant sur les enjeux en France, non seulement parce que je suis particulièrement touché par leur traitement erratique, mais aussi parce que la stabilité du réseau européen repose sur la France. Sa propre décarbonation a déjà été opérée avant l’heure grâce au plan Messmer et à la maîtrise visionnaire d’hommes tels que Marcel Boiteux. De plus, la France a la chance de n’être sous la pression d’aucune urgence à moyen terme, grâce à un parc de production surdimensionné, tandis que la consommation stagne sous l’effet conjugué de l’efficacité énergétique, du succès de la sobriété et de la désindustrialisation. La prolongation des réacteurs, dont 22 d’entre eux sont déjà revenus de leur grand carénage, lui permet d’envisager sereinement un avenir qui doit être celui de la fermeture du cycle nucléaire par la surgénération, pour laquelle nous disposons déjà de plus de mille ans de combustible – une technologie dont la France était leader mondial avant son abandon en 1997. Les défenseurs des énergies renouvelables sont eux aussi amenés à revoir leur argumentation en fonction de l’évolution de la situation et doivent généralement convenir désormais qu’on ne se passera pas de sitôt d’un parc pilotable suffisamment dimensionné pour assurer seul les besoins lors de périodes prolongées sans soleil ni vent. D’autres pays que la France considèrent à juste titre que les EnR permettent de limiter les effets néfastes des énergies fossiles pour produire de l’électricité en prenant le relais en fonction de la générosité de la météo. En France, cet argument ne tient pas en raison de l’absence d’émissions du nucléaire, ce qui pousse certains à évoquer une urgence à répondre à une consommation croissante.
Là encore, les faits leur donnent tort.
Le défi actuel réside dans l’électrification des usages, pour laquelle une électricité bon marché est un facteur indispensable, ne serait-ce qu’en tant que condition de la compétitivité de notre industrie. Or, le développement des énergies renouvelables amène à payer le kWh trois fois : une fois pour l’entretien de l’indispensable parc pilotable, une fois pour son doublon intermittent, et une troisième fois pour le développement du réseau et du stockage, indispensables à l’intégration des EnR.
Pour conclure, je me permets d’évoquer la mémoire de Marcel Boiteux, qui n’était pas uniquement le père de notre parc nucléaire, mais également un mathématicien et économiste réputé. Je tiens à souligner son caractère visionnaire lorsqu’il écrivait dans Futuribles : « En théorie économique, l’électricité cumule pratiquement toutes les exceptions aux heureux effets de l’économie de marché. D’où il suit qu’on peut militer avec conviction pour la régulation par le marché, et en exclure l’électricité. »
Il terminait son analyse, dans laquelle il en développait les raisons, par cette étonnante conclusion prémonitoire dont la pertinence s’impose chaque jour davantage : « Mais, après qu’à travers les siècles le pouvoir des plus riches l’ait peu à peu emporté sur celui des plus forts, ne peut-on penser qu’un jour viendra où le pouvoir de l’argent sera lui-même sublimé par une forme de pouvoir dont les motivations seront plus élaborées ? Une économie de marché convenablement encadrée assurera alors la prospérité d’un secteur concurrentiel enfin libéré des entraves à courte vue qui lui sont prodiguées aujourd’hui, tandis que, là où monopoles naturels et coûts de transaction prévalent, réapparaîtront des entreprises publiques chargées efficacement des missions que le système du marché permet mal de remplir. »
« Alors l’EDF d’avant aura été seulement en avance d’un temps… »
La France, hélas, s’est endormie sur l’héritage de Marcel Boiteux, qui lui avait conféré un avantage compétitif considérable que nous achevons de perdre aujourd’hui après 30 ans d’antinucléarisme. Avec le véritable sabotage de Superphénix, nous avons gâché une chance unique d’assurer la sécurité d’approvisionnement de notre production nucléaire pour des millénaires. Une période de turbulence attend désormais notre économie, lors de laquelle un véritable déluge d’énergies renouvelables compromettra à la fois l’équilibre du système électrique et le modèle économique de notre parc nucléaire. Je partage le sentiment du ministre norvégien de l’énergie, qui l’a qualifié de « système absolument merdique », en décidant de réduire ses interconnexions avec l’Europe au strict minimum nécessaire à sa propre sécurité d’approvisionnement.
Pour autant, je n’ai pas la prétention d’affirmer que l’avenir me donnera raison. Je m’efforce simplement d’étayer l’inévitable subjectivité de l’analyse dont je suis convaincu, par chaque nouvel élément qui tend à montrer que cette fuite en avant d’un système boursouflé et chimérique, impulsé par ceux dont c’est le fonds de commerce, nous précipite inéluctablement vers le chaos.
 À voir : Éoliennes: du rêve aux réalités [le film] produit et réalisé par Documentaire et Vérité


 

jeudi 17 avril 2025

Pour un moratoire immédiat sur l’éolien

Pour un moratoire immédiat sur l’éolien

Le spectre d’une surcapacité

Jean Pierre Riou

Quand l’encombrante production renouvelable donne déjà des sueurs froides à RTE

Les 15 premiers jours d’avril 2025 ont déjà connu 13 journées à épisodes de prix négatifs. Avec plus de 350 heures en 2024, ces épisodes se multiplient chaque année en France à chaque coup de vent sur fond de faible consommation, notamment chaque weekend. Et chaque fois, le nucléaire module à la baisse notamment jusqu’à plus de 10 GW le 05/04 à 13 h 45, au plus bas du cours du MWh. Chaque fois, les EnR (solaire & éolien) sous contrat de complément de rémunération ont cessé de produire pour profiter de la rémunération prévue en pareil cas, chaque fois les EnR sous tarif d’obligation d’achat (TOA), dont la totalité de l’éolien en mer, continuent de produire un courant dont il s’avère que personne ne veut, même en étant payé pour le prendre. Mais surtout leur production aléatoire excédentaire est à l’origine, depuis le début de ce mois, de messages d’alerte de RTE en raison de la dégradation de la sécurité de l’équilibre du réseau. Pour en comprendre les raisons, il convient de revenir sur le fonctionnement du marché.

Les responsables d’équilibre

Les responsables d’équilibre (RE), au nombre de 277en France, ont pour mission d’assurer l’alimentation d’un périmètre défini par contrat avec les gestionnaires de réseau, RTE ou Enedis, eux-mêmes en étant parties prenantes. On y trouve aussi bien des producteurs de tous horizons, comme SEFE (ex Gazprom) ou Iberdrola, que des consommateurs ou des investisseurs comme la banque Stanley Morgan. EDF y dispose d’une filiale : EDF Trading, et d’une autre : EDF OA, spécifiquement chargée de gérer les contrats avec les énergies renouvelables. Leur rôle est d’équilibrer l’interface entre les contrats qu’ils ont conclus avec les producteurs et ceux avec les consommateurs afin d’alimenter le périmètre dont ils sont responsables. En dernier recours, c’est RTE qui procède à l’ajustement en activant des offres sur le marché de l’ajustement, et en répercute les coûts aux RE via le mécanisme de règlement des écarts.

L’alerte du 11 avril

Un message d’alerte de RTE daté du 11 avril à l’intention des RE fait état d’une dégradation quotidienne de l’équilibre du réseau et de la difficulté pour RTE de maintenir l’indispensable équilibre entre production et consommation, équilibre hors duquel tout écart peut entraîner une panne générale par l’effet domino de l’écroulement du réseau.

Ce message informe : « RTE est actuellement confrontée à une situation extrêmement tendue pour assurer sa mission de service public de gestion de l’équilibre offre/demande en temps réel ce qui rend l’usage des offres d’ajustement insuffisant quasiment quotidiennement et l’amène a émettre des messages de mode dégradé pour in fine devoir recourir à des moyens post marché exceptionnels et coûteux. »

Le message de RTE s’explique tout en bas de son site « Capacités d’équilibrage » par le lien qui indique : « Avis de passage en mode dégradé ». Ceux-ci ont pour en tête « Messages de manques d'offres concernant le mécanisme d'ajustement » et  font état de plusieurs passages par jour en mode dégradé, quasiment tous les jours depuis le 5 avril. Chaque fois le déséquilibre est indiqué dans le sens d’une demande inférieure à l’offre , notamment au 5 avril : « dégradé_Equilibreoffre/demande_baisse_12:30_18:00 ».

Dans son bilan de sûreté 2023, RTE décrit les enjeux de ce mode dégradé en considérant « Autant l’activation de moyens à la hausse permet de renforcer le niveau de services système présents (en démarrant des groupes de production), autant les activations à la baisse peuvent dégrader ce niveau en entraînant l’arrêt des groupes qui participaient aux services système Ces services système comprennent en effet le réglage automatique de la fréquence par l’inertie des énormes turboalternateurs des centrales conventionnelles qui tournent de façon synchrone à 50 Hz sur le réseau. Et ce déséquilibre peut entraîner des reports de flux, des transits imprévus et surcharges localisées qui susceptibles de provoquer des déconnexions automatiques, reportant les flux sur d'autres ouvrages et créant un effet domino.  RTE cite le 9 avril 2023, où il a dû faire appel hors de ses frontières àTerna, Amprion et Swissgrid pour compenser une partie de l’écart de réglage de RTE et pouvoir restaurer la fréquence sous les 50,05 Hz le temps que les groupes français effectuent leur ajustement à la baisse.

 

Les apprentis sorciers

L’Entsoe venait de publier une nouvelle alerte concernant ce manque d’inertie du réseau européen en raison du développement des EnR. Les apprentis sorciers qui prétendent réduire encore cette inertie par l’augmentation de la part d renouvelable en France, en attendant que l’électrification des usages en absorbe la production, ne semblent pas comprendre l’immédiateté des besoins dans le réglage de l’équilibre, ni le rôle de l’inertie dans la marge nécessaire aux actions d’ajustement.

 

Le prix de la chimère

 

RTE a présenté son schéma de développement du réseau qui chiffre à 100 milliards d’euros en 15 ans ses besoins de restructuration, dont 37 milliards pour 22 GW de raccordement d’éolien en mer.

Dans ses éléments de prospective à horizon 2050, Enedis prévoit entre 1,5 à 2 milliards et 6 à 8 milliards par an pour le raccordement de nouvelles installations entre 2020 et 2050, selon l’importance de la part d’énergie renouvelable dans le scénario envisagé. Soit un total compris entre 45 et 240 milliards sur 30 ans, pour leur seul raccordement et sur le seul réseau de distribution.

Pour autant, de telles sommes n’ont pas vocation à dimensionner le réseau pour transporter l’intégralité des encombrants records de production éphémères quel qu’en soit le lieu de production et l’état du réseau. Des congestions sont déjà fréquentes aujourd’hui, et le producteur est alors rémunéré par RTE pour sa production non écoulée.

RTE en explique en effet le mécanisme de compensation ci-dessous dans sa publication « Indemnisation des limitations d’ENR terrestres par RTE »



Le caractère aléatoire de la production électrique des EnR est appelée à entraîner une croissance exponentielle des excès de production. Par delà les risques qu’elles font peser sur le réseau, il faut bien comprendre que ces productions inutiles sur fond de marché écroulé, seront forcément soutenues financièrement par l’argent public, que ce soit pour n’avoir pas pu être écoulée, pour compenser l’écart entre le prix contractuel et celui du marché pour une encombrante production écoulée, ou pour rémunérer une installation qui ne produit rien pour cause de prix négatifs.  

Une seconde partie de cet article montrera les effets néfastes de cette coûteuse et dangereuse surcapacité sur notre parc nucléaire ainsi que le fait qu’elle est incapable d’en remplacer le moindre MW installé.

L’électrification des usages est une priorité, l’enchérissement du kWh électrique en est le principal frein.

Les taxes croissantes qui en sont l’unique cause trouvent leur origine dans l’accise, notamment destinée au soutien des EnR, et le TURPE destiné à restructurer le réseau pour lui permettre de les accueillir. L’effet contre productif de ces sommes, elles mêmes frappées par la TVA, doit faire comprendre la nécessité d’un moratoire immédiat sur le développement de l’éolien.

Mise à jour du 20/04/2025

Montel News a donné des précisions sur le coût des "moyens post marché exceptionnels et coûteux" que RTE déclarait devoir employer quasiment quotidiennement en raison de l'insuffisance des offres d'ajustement, en indiquant que le 2 mars RTE avait payé presque 12000€/MWh aux gestionnaires de réseaux voisins pour exporter l'électricité excédentaire.

On peut regretter que les données de prix et de volume de ces moyens post marché ne semble pas accessible de façon transparente par RTE au public non professionnel. Ces coûts sont en effet au cœur de la viabilité des énergies intermittentes dans un marché libéralisé de l'électricité et le citoyen est en droit de comprendre le bien fondé de l'utilisation de ses impôts. 

Mise à jour du 24/04/2025

Thomas Veyrenc, directeur économie stratégie et finance de RTE a publié un démenti de cette information sur Linkedin assurant qu'il s'agissait d'une erreur de l'analyse de Montel Analytics, qui a publié une réponse sur le même réseau.  

Tout porte à croire que ce chiffre de 12 000 €/MWh n'est pas fondé.

Pour autant, le gestionnaire du réseau européen Entsoe alertait le lendemain même (sans qu'il faille y voir quelque causalité que ce soit) sur les difficultés prévisibles d’équilibrer le réseau soumis à un afflux excessif d'énergie solaire avec l'arrivée des beaux jours par un communiqué au titre explicite "Sunny spring and risks of electricity surplus"

Ces risques sont passés en revue dans l'excellent bilan de l'année 2024 publié par Dexter energy.