Il faut sauver la planète terre
(Source NASA/Bill Ingalls)
Jean Pierre Riou
La décroissance, prônée par une certaine écologie politique, se défie de la technologie dont une juste mutualisation des bénéfices est supposée incompatible avec l’évolution démographique.
Alors que la technologie promet de résoudre notamment la question centrale de l’énergie, émissions de gaz à effet de serre compris, ses défenseurs restent accusés de détruire la planète.
Deux attitudes qui semblent aussi fondamentales qu’irréconciliables dans une problématique assurément complexe, et que l’actualité vient d'éclairer d’un jour nouveau.
Une menace venue du ciel
Le 20 septembre 2021, l’astéroïde 2021RL3, grand comme un terrain de foot, a frôlé la terre [1]. C'est-à-dire qu’il est passé à moins de 2 millions de km de notre planète, soit 5 fois la distance terre-lune. Sa vitesse de 80 000km/h le rendait potentiellement dangereux, comme tout objet qui se rapproche à moins de 7 millions de km.
Or, selon la NASA [3] « Bien qu'aucun astéroïde connu d'une taille supérieure à 140 mètres n'ait une chance significative de frapper la Terre au cours des 100 prochaines années, seulement environ 40 % de ces astéroïdes avaient été trouvés en octobre 2021 »
Et la découverte d’une nouvelle menace pourrait ne laisser qu’à peine 6 mois pour réagir. Or ce délai a été jugé insuffisant, cette année encore, lors d’une simulation de ce scénario catastrophe [2] menée par un groupe d’experts encadrés par la NASA, et à l’issue de laquelle la destruction d’une partie de l’Europe de l’Est n’avait pas pu être évitée.
Grandes manœuvres spatiales
C’est pour ne pas rester sur cet échec que la NASA teste actuellement sa capacité à dévier un astéroïde en pareil cas avec la mission DART [3] (Double Asteroid Redirection Test). Le vaisseau spatial DART, qui fonctionnera à l’énergie solaire pour bénéficier d’une flexibilité significative dans le calendrier de sa mission, a été lancé le 24 novembre par une fusée SpaceX Falcon 9 (illustration), et doit atteindre, fin septembre 2022, le double astéroïde de 780m de diamètre « Didymos » et son satellite « Dimorphos », alors qu’ils se trouveront à 11 millions de km de la terre. Les observations par des télescopes au sol et des radars planétaires permettront de mesurer la déviation de trajectoire subie par le satellite Dimorphos, dont le diamètre de 160m est typique des menaces qui nous concernent, après l’impact du vaisseau DART, dont la vitesse de collision prévue est de 6,6km/seconde.
Planète en danger
Ce programme de recherche vise à protéger l’humanité contre une potentielle apocalypse, telle que celle qui aurait entrainé la fin des dinosaures il y a 65 millions d’années, par la collision d’un astéroïde qui aurait notamment provoqué un tsunami tellement puissant qu’il aurait raclé le fond marin [4] sur une centaine de km et créé une vague de 1500m de haut.
La prouesse prévue par la mission DART,
sur un astéroïde plus petit, s’inscrit dans le cadre des progrès exponentiels que
connait aujourd’hui la technologie ainsi que ses applications dans le domaine de
la médecine, de l’énergie, de la mobilité, des communications ou des biotechnologies
[5].
Ces progrès se sont naturellement accompagnés de certaines dérives liées à l’appât du gain.
Pour autant, serait-il bien sensé de jeter le bébé avec l’eau
du bain ?
3 https://www.nasa.gov/planetarydefense/dart
5 https://www.geo.fr/environnement/la-biotechnologie-cest-quoi-193500
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