samedi 9 octobre 2021

Un parallèle franco-allemand

 Un parallèle franco-allemand

Quand la peur est mauvaise conseillère

Jean Pierre Riou dans Économie Matin 

Les débats présidentiels ne sauraient faire l’impasse sur la problématique qui lie l’énergie au
climat. Celle du climat cristallise les angoisses, celle de l’énergie réveille les fantasmes. Or, si une politique énergétique éclairée et de long terme est nécessaire, les concessions à l’électoralisme seront d’autant plus dangereuses que les électeurs seront mal informés.

Agitant le spectre du risque nucléaire et d’une planète bientôt en feu, des sauveurs de tout poil tentent de justifier les programmes politiques les plus fantaisistes et se bousculent dans les médias, réseaux sociaux et rassemblements divers. 

Or, si la problématique de l’énergie et celle du climat sont intimement liées et largement diffusées auprès du grand public, un fossé sépare le niveau de popularité entre les 2 émanations des Nations unies que sont les groupes d’experts internationaux : du GIEC pour le climat et de l’UNSCEAR pour les effets des rayonnements ionisants.

Le GIEC 

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC, ou Intergovernmental Panel on Climate Change : IPCC)  a été créé en 1988 « en vue de fournir des évaluations détaillées de l’état des connaissances scientifiques, techniques et socio-économiques sur les changements climatiques, leurs causes, leurs répercussions potentielles et les stratégies de parade ». Il a été créé par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et par l’Organisation météorologique mondiale (OMM)

Ses évaluations sont notamment rédigées à l’intention des décideurs afin d’éclairer leurs politiques. 

Le sens de leurs conclusions est largement porté à la connaissance du public, afin de lui faire comprendre les enjeux des politiques climatiques.

L’UNSCEAR 

Le Comité scientifique des Nations Unies sur les effets des rayonnements ionisants (UNSCEAR ou  United Nations Scientific Committee on the Effects of Atomic Radiation) a été créé par l'Assemblée générale des Nations unies en 1955. « Son mandat au sein du système des Nations unies est d'évaluer et de signaler les niveaux et les effets de l'exposition aux rayonnements ionisants. Les gouvernements et les organisations du monde entier s'appuient sur les estimations du Comité comme base scientifique pour évaluer le risque radiologique et pour établir des mesures de protection ». 

Pourtant, si les conclusions du GIEC sont familières au grand public, qui lui sont quotidiennement rappelées par les médias, les travaux et l’existence même de l’UNSCEAR restent clairement plus confidentiels. 

C’est la raison pour laquelle le 9 décembre 2015 l’Assemblée générale des Nations unies a adopté la résolution A/RES /70/81 «[…] considérant la grande qualité des travaux du comité scientifique » [sur les effets des rayonnements ionisants] qui "encourage le secrétariat du Comité à diffuser les conclusions de ses examens systématiques, en particulier auprès du public". 

En effet, les accidents de Tchernobyl et de Fukushima ont été commentés d’une façon d’autant plus fantaisiste qu’ils ont constitué le fonds de commerce des marchands de peur et une occasion privilégiée de recrutement dans les rangs des antinucléaires historiques. 

L’alerte récente des premières conclusions du 6ème cycle d’évaluation du GIEC, ainsi que la lenteur de la décarbonation du mix électrique de notre « modèle » allemand ne manqueront pas d’inviter l’énergie nucléaire dans les débats présidentiels de 2022. Et les travaux de l’UNSCEAR représentent une référence dont la qualité ne saurait être mise en doute, à condition toutefois que ses conclusions ne soient pas occultées

Retour sur Fukushima : Rapport 2013 

Après 2 ans de travail, le rapport UNSCEAR 2013 « Niveaux et effets de l'exposition aux rayonnements dus à l'accident nucléaire après le grand tremblement de terre et tsunami de 2011 au Japon » avait été divisé en 6 domaines thématiques : rejets de radionucléides dans l'atmosphère, dispersion et dépôt ; Rejets de radionucléides dans l'eau, dispersion et dépôt ; Évaluation des doses pour le public ; Évaluation des doses pour les travailleurs ; Implications pour la santé des travailleurs et du public ; et Évaluation des doses et des effets pour le biote non humain.  

Dix-huit États membres des Nations unies avaient fourni  plus de 80 experts pour effectuer ce travail analytique.  

Les principales conclusions de ce rapport (The Fukushima-Daiichi Nuclear Power Station Accident: An overview) étaient (voir Further information on the 2013 Report : main finding) 

    - Les taux de cancer resteront stables  

    - Risque théorique accru de cancer de la thyroïde chez les enfants les plus exposés  

    - Aucun impact sur les malformations congénitales/effets héréditaires  

    - Aucune augmentation perceptible des taux de cancer chez les travailleurs  

    - Impact temporaire sur la faune

Rapport 2020

Après avoir pris acte du fait que les nombreuses expertises publiées depuis avaient établi que les niveaux d’exposition avaient été surestimés à titre conservatoire. (As more information became available with time, there was increasing evidence that some of the doses to the public set out in the 2013 Fukushima Report were overestimated, with those from ingestion significantly so), l’UNSCEAR a entrepris 2 années de travail supplémentaires destinées à publier une mise à jour du rapport en 2020. 

Ce rapport 2020 mentionne notamment (p 197) que l’accident avait entraîné l’exposition à une dose de rayonnement comprise entre 0,2mSv et 10mSv pour la première année d’exposition des habitants de la préfecture de Fukushima, et entre 0,3mSv et 3mSv sur la moyenne des 10 premières années. Ainsi qu’une exposition comprise entre 0,05mSv et 6mSv, pour les populations évacuées. 

Les travailleurs dans la centrales ont été exposés en moyenne à 13mSv la première année puis à une dose décroissant jusqu’à une fourchette de 2 à 6mSv en 2020.  

Pour comparaison, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) évalue l’exposition moyenne des Français à 4,5mSv par an, dont 1,6mSv pour l’imagerie médicale et 1,43mSv pour le rayonnement naturel du radon. 

L’IRSN rappelle que la dose autorisée pour les travailleurs du nucléaire est de 20mSv et recommande l’évacuation à partir de 50mSv

Effets collatéraux du principe de précaution 

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