Eoliennes et réduction de CO2
Selon l’AIE
2015, (fig 9) l’Allemagne fait
partie des 10 pays les plus émetteurs de CO2 de la planète, qui représentent à
eux seuls les 2/3 des émissions mondiales (data 2013).
Ses émissions seraient de 759 millions de tonnes (Mt) de CO2 par an, contre 315 Mt pour la France .
Cette différence de 450Mt de CO2 entre nos 2 pays provient essentiellement de nos 2 parcs de
production d’électricité, c'est-à-dire, en 2014, à 350 millions de
tonnes de CO2 pour le parc allemand contre 19 millions pour
le nôtre.
En effet, le parc de production d’électricité allemand a produit en 2014 : 118.8 TWh par le charbon (= 114 Mt CO2) + 155.8 TWh par le lignite (=
155.8 Mt CO2) + 5.7 TWh de fioul (= 3.8 Mt CO2) + 61.1TWh par le gaz (= 28.1 Mt CO2) + 43.3 TWh par la biomasse (= 42.4 Mt CO2) +6.1TWh par les ordures ménagères (=5.97 Mt CO2).
Soit 350.07 Mt de CO2, sans compter les 27 TWh « autres », dont le détail n’est pas
donné.
Cette comparaison, pour la même année, est chiffrée, dans les
2 cas, selon les mêmes critères de la p.23 du bilan
RTE 2014 et fait comprendre la différence d'émissions totales entre nos 2 pays. A population égale, au lieu des 80 millions d'habitants en Allemagne et
66 millions en France, il semble même que cette production d'électricité serait l'unique cause d'un tel écart, causé par le parc allemand de production d'électricité, parmi les moins vertueux au monde en raison de
son recours massif au charbon/lignite et le français dont les 19 Mt sont
d’autant plus marginaux qu’on sait que les centrales thermiques resteront
indispensables à la gestion de l’extrême pointe de consommation tant qu’on ne
saura pas stocker l’énergie à grande échelle pour un coût acceptable.
Or, donc, quelle est la cible privilégiée de notre effort national en matière climatique ?
Notre production d’électricité ne représente que le quart de
la consommation finale d’énergie et nous venons de voir que c'est justement grâce à ses vertus que nous émettons, en tout, deux fois moins de CO2 que l'Allemagne. Et que d'autre part, il serait illusoire d'espérer réduire les émissions de ce parc de façon significative.
Remarquons de surcroît que c'est grâce à tous les autres secteurs, sauf celui
de production d’électricité, que l’Allemagne a réduit ses émissions depuis 1990. L’augmentation de production d'électricité, qui est passée en Allemagne, de 549.9TWh en 1990 à 627TWh
en 2014, compensant largement la légère réduction du recours au charbon/lignite.
Les chiffres de la Commission européenne confirment d'ailleurs que les émissions allemandes de la rubrique
« Public electricity and heat production » sont passées de 335 Mt de CO2 en
1990 à 345Mt de CO2 en 2007, alors que tous les autres secteurs étaient en
réduction.
Ce tableau, bien utile pour évaluer l’efficacité des
politiques publiques, s’arrête malheureusement en 2007. Ou plus exactement,
s’arrêtait, puisque son lien http://ec.europa.eu/energy/publications/doc/statistics/ext_co2_emissions_by_sector.pdf n’est plus disponible.
Mais si l’Allemagne a fait de gros progrès depuis 1990, du moins, dans tous les
autres domaines que celui de production d'électricité, en France, les milliards d’euros engagés pour soutenir notre
développement éolien/photovoltaïque ainsi que la restructuration de
notre parc électrique en espérant lui permettre de supporter leur intermittence,
ne semble pas suivis de grands effets.
Bien sûr, d’autres efforts sont entrepris, notamment dans les
économies d’énergie. Et une réduction significative des émissions a ainsi été obtenue, depuis ce tableau de 2010, aussi bien en Allemagne qu'en France, puisque le dernier rapport de l'AIE indique 759 Mt de CO2 en Allemagne et 315 Mt en France. Et les effets de la crise ne sauraient probablement pas être la seule cause de cette réduction.
Mais ne trompe-t-on pas les français en présentant le
développement des énergies renouvelables intermittentes comme le symbole de la
lutte contre le réchauffement climatique ?
Quand bien même nous saurions stocker leur énergie, nous
n’aurions qu’une réduction de 19 Mt de CO2 à espérer de nos
éoliennes ou de nos panneaux photovoltaïques.
Pourtant le seul surcoût de leurs tarifs d’achat est
estimé par la Commission
de Régulation de l’Energie à 3.9 milliards
d’euros pour 2016. Cette somme étant à mettre en parallèle avec les 3.7 milliards de baisse de dotation de l’État aux collectivités locales dont on connait les répercussions sur les 15 000 suppressions d’emplois dans les travaux publics.
France Stratégie avait clairement
dénoncé l’impact négatif du coût de ce développement sur nos industries, sur
le prix de l’électricité et sur la précarité énergétique des plus vulnérables.
La COP
21 donne de la visibilité à l'ambition de notre politique en matière climatique.
Ne brouillons pas le message en nous trompant de
symbole.
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