Témoignage d'une famille riveraine d'éoliennes.
Ce témoignage, ainsi que la copie des certificats médicaux, ont été confiés au Mont Champot par Mme X.
Puis transmis au groupe d'experts de l'OMS chargé de rédiger les nouvelles lignes directrices sur le bruit environnemental en Europe.
Les noms ont été supprimés pour cette reproduction sur l'espace public.
Pour préserver l'anonymat, certains éléments tels que les dates et les distances ne sont pas indiqués
"Témoignage recueilli avec l’accord de M. et Mme X, qui
acceptent de témoigner et de livrer leurs ressentis et leurs symptômes au Dr. Y.
Témoignage recueilli à leur domicile par le Dr Y, le ../../..
La
retranscription est volontairement effectuée dans le respect profond des termes
forts et sincères exprimés par les participants. Les termes et certains détails
sont importants car ils apportent un éclairage sur la réalité de symptômes qu’on qualifie de
conditionnels : ces symptômes ne se manifestent que dans des conditions
particulières de fonctionnement des éoliennes. Des critères posturaux très
précis de survenue des symptômes indiquent aussi que les symptômes ne sont pas
une construction psychologique ou hystérique : au contraire ils
accréditent la thèse selon laquelle ces symptômes sont la conséquence d’une
perturbation du système vestibulaire de l’oreille interne.
Mme X......
Quels sont les symptômes actuels :
Des céphalées anciennes mais nettement aggravées depuis … l’intrusion
des éoliennes dans son environnement. Avec des névralgies faciales. Premier
certificat de son médecin traitant le Dr Z : « céphalées d’aggravation progressive depuis 1 an, troubles du
sommeil depuis 1 an, acouphènes et névralgies faciales ».
Deuxième certificat médical du même médecin le … "
trouble du sommeil, sensations vertigineuses et manifestations en rapport avec
un traumatisme sonore chronique ".
Avant : Mme X est une femme très active, mère de
…enfants qui fait de nombreux métiers :……….. Et n’a jamais eu d’arrêt de
travail.
Elle souffre de tachycardie depuis 20 ans mais depuis les
éoliennes « son cœur est bizarre ». Avant les épisodes étaient
simples et rares, depuis les éoliennes « le cœur est comme embarqué ». par
moment il semble suivre le rythme des éoliennes et s’accélère quand les
éoliennes s’accélèrent et cela malgré le traitement bien suivi (rythmodan et
visken). Ces épisodes surviennent la nuit et le cœur se met à suivre la cadence
des éoliennes : « ça ne sert plus à rien de voir le médecin ni même
d’aller aux urgences de… parce que quand j’arrive à … le rythme du cœur s’est
normalisé parce qu’il n’y a plus les éoliennes… »
Il y a toujours cette impression de se faire embarquer par
les machines ». M. X dit : « j’ai bien connu ça. Au régiment on
s’amusait avec un ronfleur, un de ses copains imitait le bruit du ronfleur sur
le même rythme que le ronfleur. Puis il accélérait tant et tant que le ronfleur
se réveillait en état de panique… »
[ Commentaire personnel : ces mécanismes de mimétisme
sont bien connus en technique hypnotique : pour accompagner un patient, le
thérapeute cale sa respiration sur celle du patient et dit les mots importants
sur la phase expiratoire. Si le patient est très anxieux, le thérapeute va
progressivement ralentir son rythme respiratoire dans l’objectif de le
calmer : le patient ralentit sa fréquence respiratoire et se laisse
inconsciemment guider par le thérapeute : c’est simple et efficace :
le patient se calme. ]
Autre manifestation de Mme X.
Une fatigue chronique intense qui est attribuée à la
privation chronique de sommeil. Cette fatigue se répare avec du sommeil.
Acouphènes
Névralgies faciales
Vertiges rotatoires vrais, type vertiges de Ménière mais déclenchés
par les éoliennes avec cette sensation de se faire embarquer par les machines.
Alors ces vertiges sont accompagnés de nausées et de transpiration avec
sensation de malaise. Pour lutter, elle suit les conseils d’un médecin :
« surtout ne pas fermer les yeux mais fixer quelque chose les yeux grands
ouverts pour stabiliser le système vestibulaire perturbé, responsable du
vertige. »
Sensation de tête pleine ou à l’inverse de tête très vide.
« Quand la tête est pleine, c’est le bruit qui passe dedans ». Les
boules Quies n’ont aucun effet car le son est produit dans la tête. Cela semble
être un bruit produit par la vibration des structures internes sur les parois
dures du crâne.
Autre exemple de manifestation très récente (la semaine
dernière) : à 4h30 réveil brutal par la sonnerie du réveil très
intense : après vérification le réveil ne sonne pas mais la sonnerie,
elle, va continuer ½ heure dans la tête.
Depuis environ 1 à 2 ans apparaît un phénomène
nouveau : quand Mme X est réveillée la nuit et qu’elle se lève dans
l’obscurité : il lui arrive de se perdre dans l’espace : dans le noir
elle n’arrive plus à s’orienter pour se diriger dans sa propre chambre.
(trouble de l’orientation spatial qui survient seulement quand les éoliennes la
réveillent et la perturbent au point de se lever.)
Elle prend depuis … depuis les éoliennes un somnifère, une
demi dose et ne suit pas les conseils du médecin qui en prescrit une dose plus
importante : « car il faut quand même bien dormir un minimum. »
Le somnifère lui apporte du calme. L’endormissement est tardif et difficile
mais elle attend avec calme. Elle s’endort et le sommeil dure tant que les
éoliennes sont à basse cadence : parfois 2 h parfois 4 h. Le rythme des
éoliennes s’accélère quasiment toutes les nuits sans doute sous l’effet de
vents thermiques nocturnes. Elle se lève toujours à 7h30 car « elle ne
veut pas vivre à l’envers à cause des éoliennes » alors elle lutte et se
lève même avec seulement 2 h de sommeil.
Mme X a bon moral et ne ressent aucun symptôme de dépression
et ne se plaint pas d’angoisse. Elle ne ressent aucune crainte ni peur.
Cependant elle n’aimerait pas vivre seule chez elle avec les éoliennes et tous
ces bruits : ils ont dénombré environ 21 bruits différents des éoliennes.
Certains sont très forts et très intenses. Et puis il y a
ces risques de foudre en cas d’orage : déjà 2 fois ils ont vu « une
boule de feu passer dans la maison depuis les éoliennes ». Ils en donnent
une description exacte. « Et puis il y a les arbres ou arbustes foudroyés
eux aussi dans le jardin. Cela fait peur les jours d’orage ».
Mme X n’a aucune manifestation de troubles psychologique ou
de syndrome de stress post traumatique. (pas de flash, pas d’idées récurrentes,
pas de cauchemars, pas de crise d’angoisse.
Mme X signale la présence de sang dans les selles à
plusieurs reprises, cela date de quelques années (2 ou 3 et cela persiste).
M.X
Homme solide, ex agriculteur, qui était capable de faire du
cross.
M.X est très actif et s’occupe de multiples activités
personnelles et associatives. C’est un homme sociable et ouvert. Il a toujours
refusé de prendre des médicaments pour remédier aux conséquences des éoliennes
et en particulier des troubles du sommeil.
Les céphalées (maux de tête) sont quasi constantes. Elles
sont postérieures. M.X les supporte, il est parfois terrassé, abruti par elles.
Il doit alors prendre du diantalvic aujourd’hui remplacé par du doliprane. Il
se réveille le matin « avec une gueule de bois : la tête toute
encombrée ».
Il souffre surtout de trouble du sommeil : le soir il
s’endort tôt car il est très fatigué et l’endormissement est facile. Mais il se
réveille dès que les machines « sont actives » le réveil est
variable : 1 h ou 2 h ou 3 h du matin, rarement plus tard. Il n’a jamais
une nuit complète.
La gène est plus importante en décubitus latéral : la
posture compte. En décubitus dorsal (couché sur le dos) les bruits internes
sont moins forts. « Quand l’oreille est sur le côté, ça tourne dans le
cerveau ».
A 7h30 tous les matins les machines ralentissent (elles sont
réglées pour ça) dans les 5 minutes suivant cette accalmie, M.X se rendort pour
quelques heures. L’après midi il doit faire une sieste. S’il travaille toute
une après midi dehors ou dans son atelier qui est à …m des éoliennes, alors il
ressort abruti, la tête bizarre. Toute pleine.
Quand il y a beaucoup de vent il se lève le matin plus
fatigué que quand il s’est couché le soir.
Il a pu identifier une vingtaine de bruits différents. Il y
a des bruits plus intenses que d’autres. Les bruits les plus forts se
produisent quand le vent tourne un peu et que les éoliennes se réorientent
pivotant sur leur axe et cela sans s’arrêter : cela provoque des sons de
vibrations importants qu’il ressent dans le lit lui-même et dans sa structure
corporelle. Il s’agit plus de manifestations vibro-acoustique que du son
produit par le frottement des pales sur l’air.
D’autres sons sont générés par les aérogénérateurs avec un
bruit de 105 dB et les ventilateurs avec un bruit de 72 dB.
Depuis l’installation des éoliennes :
Il décrit des troubles digestifs qu’il ne connaissait pas
auparavant. Les examens sont normaux et il souffre d’un colon irritable.
Son humeur est un peu modifiée peut être à cause de la
fatigue avec une irritabilité qu’il tente de gérer au mieux.
Il expectore souvent avec des hémoptysies qui lui semblent
banales tellement elles sont habituelles (présence de sang dans les
expectorations). Il n’y avait pas de sang avant les éoliennes.
Il a remarqué des épisodes de dyspnée c'est-à-dire de gêne
respiratoire importante qui coïncide aux semaines qui suivent le ponçage à l’air
libre des pales (les pales sont poncées sur place : l’éolienne est arrêtée
et les pales mises dans l’axe du mât. Les pales sont poncées depuis une nacelle
sur le mat : la poussière importante s’envole.)
M.X décrit aussi quelques bouffées d’angoisse qui
surviennent plutôt dans la nuit : il s’agit d’une oppression, d’une gène
brutale. Mais ces phases sont très courtes : quelques secondes. Ces
épisodes coïncident avec de violentes secousses de vibrations qui sont brutales
et font bouger le lit. C’est au cours de ces secousses que des objets accrochés
au mur tombent.
Il souffre d’une fatigue intense. Mais il reste actif et ne
se décourage pas. Il se sent très bien dès qu’il s’éloigne de chez lui et la
fatigue disparaît très vite : il se sent léger et n’a plus alors « cette tête bizarre ».
Il y a 3 ans environ M.X a été touché brutalement par une
surdité qui l’a amené à être appareillé.
En résumé M.X souffre principalement de trouble du sommeil,
de céphalées d’une surdité et d’une sensation de tête encombrée malmenée et
ceci la nuit. Dans la journée il se dit moins gêné d’autant que sa vie d’agriculteur
l’a habitué aux bruits ambiants assez forts (machines tracteurs…) Mais là, l’effet
du bruit est très différents car c’est un bruit qui « vous passe dans la tête »,
comme si il était même généré par la tête. Le bruit est à l’intérieur.
M. et Mme X souffrent depuis 1 à 2 ans de larmoiements
inexpliqués : les yeux sont très irritables et pleurent spontanément très
fréquemment dehors comme dedans. Ces larmoiements spontanés restent
inexpliqués. (Pas d’infection pas de conjonctivite, pas de trouble oculaire.)
Autres témoignages, recueillis ou lus dans le dossier
constitué par Mme X pour faire valoir son préjudice de santé.
Une petite fille de M. et Mme X de 2 ans ½ se réveille le
matin et dit : mais mamie pourquoi le lave linge marche tout le temps ?
Celle de 5 ans se plaint de douleurs importantes dans l’oreille
aussi forte qu’une otite et pleure beaucoup. Le soir dès le retour à son
domicile toute douleur a disparu. Elle n’a ni rhume ni otite.
J. leur petite fille souffre de ….. Elle ne parle que dans
son langage. Elle est très attachée à sa grand-mère avec qui elle aime se
promener. Quelques temps après l’implantation des éoliennes elle va passer
quelques jours chez ses grands parents : le séjour tourne rapidement au
cauchemar.
J., d’habitude heureuse et tranquille dans ce lieu devient
très agitée, elle ne se contrôle plus ses troubles de comportement sont très
importants, elle est opposante, agitée, incontrôlable. Elle est visiblement
dans une très grande angoisse et semble beaucoup souffrir. Elle va fuguer pendant
plusieurs heures ce qu’elle n’avait jamais fait. Le séjour est écourté et sa
maman la ramène dans sa maison : elle est épuisée et mettra plus d’une
semaine à retrouver un état normal pour elle. Depuis cet épisode, J. n’a jamais
plus passé plus d’une journée chez ses grands parents.
M.B habite un peu plus loin. Il a un très bon sommeil et
peut dormir n’importe où. Sauf chez lui : quand il revient le W.E. sur …
il ne dort pas : les éoliennes le réveillent. De nombreuses séquences de
son émission de télévision « …… » sont enregistrées sur place :
il n’est pas rare que les ingénieurs du son demandent à reporter le tournage en
raison des bruits de fond des éoliennes trop importants alors pour être enlevés.
Alors comment feront ils quand ils seront coincés entre 2 champs éoliens, celui
de … et celui de …
Une personne de passage disait avoir un excellent sommeil et
pouvait dormir sur place. Le matin au réveil elle dit : « c’est
la première fois que je dors dans une centrifugeuse ».
Mme BB a laissé une lettre de témoignage à Mme X : elle
habite à moins de 500m des éoliennes. Elle n’a pas de trouble du sommeil mais
se plaint de malaises et de palpitations apparus dès les premiers mois après l’exploitation
des éoliennes et envisage de vendre sa maison à M. P car sa maison en vente ne
trouve pas d’acheteur. Son fils a quitté la maison depuis l’installation des
éoliennes : il ne pouvait dormir.
………Fin du recueil de témoignage de M. et Mme X."