mardi 26 avril 2016

La discrète mortalité du charbon

La discrète mortalité du charbon.
Par Jean Pierre Riou.

Malgré son titre de plus gros pollueur européen, l'Allemagne continue de construire des centrales au charbon.



1760 MW de nouvelles centrales au lignite, 4555 MW au charbon et 12960 MW au gaz, sont en effet prévus, selon le site  officiel BDEW  Auswertung der BDEW-Kraftwerksliste.

L'Université de Stuttgart a publié une étude sur la mortalité induite par leurs émissions toxiques.

De façon surprenante, cette étude considère que ce n'est pas aux environs immédiats des centrales que la mortalité est la plus élevée, en raison, d'une part, de la distance nécessaire aux poussières pour retomber au sol et d'autre part de la combinaison des différentes substances nocives avec des polluants secondaires comme l'ammoniac, rencontrés à de plus grandes distances et qui entraîne les effets maximums sur la santé entre 100km et 200km de la centrale concernée.
Totalisant les effets des différentes pathologies induites par chaque polluant en fonction de la quantité émise par chaque centrale, l'étude chiffre le nombre d'années de vie perdues (Yoll ou year of life lost) et de journées d'incapacité de travail (WLD ou work loss days), ainsi que la diminution de l'espérance de vie.

Envisageant notamment les effets de la seule centrale de Datteln qui figure sur la photo ci dessus, l'étude propose une carte représentant les années de vie perdues par zones de 50 km de côté, dans un rayon de 700km de Datteln.
La mortalité accrue à des distances supérieure étant expliquée par la plus forte densité de population, notamment à Paris ou à Londres.

 Cette estimation ne peut manquer d'évoquer certains relevés de la pollution en France:



A titre de comparaison, une étude fait le parallèle avec le triste bilan de la sécurité routière en Europe.

 (http://www.treehugger.com/fossil-fuels/europe-22300-premature-deaths-are-cause-coal-pollution-every-year.html)

Avec seulement 3 GW de centrales au charbon en 2016 pour sa production d'électricité, (Bilan RTE p 13), la France est relativement épargnée, malgré les décès provoqués par le charbon allemand, fort de 48 GW installés (27 GW charbon, 21 GW lignite).

Le rapport de l'Université de Stuttgart n'évoque même pas les effets induits par la radioactivité des poussières de charbon, dont on sait pourtant qu'elle est infiniment supérieure à celle entourant les centrales nucléaires.

Il n'y a d'énergie propre que celle qui n'est pas consommée et ce blog décrit notamment les problèmes sanitaires induits par les éoliennes. Il est rarement mentionné qu'on estime à 1.84 million le nombre de morts qui auraient été évitées grâce au nucléaire.

L'agitation médiatique se complait d'avantage à extrapoler des chiffres fantaisistes sur chaque incident ou accident concernant cette filière.

KPMG et l'Institut Choiseul avaient publié, fin 2012, le classement des meilleurs parcs de production d'électricité.
La France y était numéro 1 mondial pour la qualité de son électricité, sa disponibilité et son accès.

Il ne se passe pourtant pas une journée sans que les médias ne nous rappellent un retard que nous aurions accumulé sur nos voisins dans ce domaine.
Est ce la maladie française d'avoir la réussite honteuse ou faut il y voir une campagne insidieuse pour nous priver d'un atout capital dans la guerre économique sans merci que se livrent les États?

Dans les 2 cas, l'agonie actuelle d'EDF montre qu'il aurait été préférable d'en prendre conscience plus tôt.









  






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