Le naufrage de l’écofascisme
Alors que le Conseil d’État vient de retoquer la proposition du Ministre de l’intérieur Gérald Darmanin de dissoudre le collectif les soulèvements de la terre, Jean-Pierre Riou s’interroge sur un nouveau phénomène : l’émergence de l’écofascisme.
Technologie et démocratie : nous n’avons pas d’alternative
Le bac français 2020 proposait aux candidats de réfléchir sur le sujet suivant :
« Dans son œuvre Les identités meurtrières, Amin Maalouf écrit : « La
formidable puissance qui est donnée à l’homme par la science et la
technologie modernes peut servir à des usages opposés, les uns
dévastateurs, les autres réparateurs. »
Pensez-vous comme Amin Maalouf que le progrès scientifique et
technologique soit capable d’apporter des solutions aux problèmes
engendrés par ce même progrès ?
Dans son œuvre « Le naufrage des civilisations », l’auteur, qui vient d’être élu au poste de secrétaire perpétuel de l’Académie française le 23 septembre 2023, déplorait en effet le retard des mentalités de nos sociétés, qui n’ont pas évolué au rythme des progrès technologiques vers un meilleur partage de leurs bénéfices.
Chaque jour, l’actualité témoigne en effet du visage le plus barbare de nos « civilisations », de leurs haines et leurs violences pour défendre l’identité de chacune d’elles, ses particularités et privilèges auxquels toutes s’accrochent. Mais elle témoigne aussi des raisons d’espérer grâce aux incroyables progrès des technologies, ainsi que, hélas, des tentatives de leur sabotage quasi systématique par la radicalisation d’un militantisme qui s’érige au dessus des lois pour combattre chacun d’eux, sapant ainsi les fondements de la démocratie, au nom des certitudes propres aux différentes chapelles du culte de la planète Gaïa.
Mais si le progrès laisse encore à Amin Maalouf des raisons d’espérer, « La tentation écofasciste » décrite par Pierre Madelin donne les raisons de redouter la brèche ouverte par toute remise en question du fonctionnement de notre démocratie.
Car l’écologie n’est pas un monopole de gauche.
L’idée qu’il n’y a pas d’alternative au couple « démocratie et progrès » sera développée en 3 partie ( 1) La lutte contre le progrès, 2 La fragilisation de la démocratie, 3 Les promesses de la science) et montrera les redoutables effets pervers d’une décroissance liée aux entraves à la productivité.
1 La lutte contre le progrès
Contre les biotechnologies
Confrontée à la sécheresse, l’Italie a voté, le 31 mai 2023, un amendement [1] permettant l’utilisation, jusqu’au 31 décembre 2024, de plans plus résistants à divers stress, dont le stress hydrique, obtenus grâce aux biotechnologies.
Comme toute intervention de la science sur le vivant, fût-elle de nature à permettre à l’agriculture de résister à la sécheresse, cet amendement a provoqué une levée de boucliers d’ONG, dont « Crocevia » qui accuse le gouvernement de prendre le climat pour prétexte afin de favoriser les lobbies de l’agro-industrie.
Et c’est la recherche elle-même dans ce domaine qui fait l’objet de saccages illégaux par des chapelles qui l’ont prise pour cible, comme l’ont montré les faucheurs volontaires en détruisant une expérience unique en France, sur le point de démontrer des hypothèses fondamentales sur la transgénèse, « qui allait en plus nous donner des clés sur l’impact environnemental des OGM » s’était alors désespéré le directeur de la communication de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra). [2]
La même hostilité aux biotechnologies, s’est déclinée en mode conspirationniste lors de l’épidémie de Covid, point d’orgue des chapelles anti-vaccins qui « perturbent l’avancée médicale depuis le XVIIIe siècle » ainsi que Françoise Salvadori en a retracé l’histoire. [3]
Contre la gestion de l’eau
La Seine a été épargnée par la sécheresse de l’été 2022 grâce à ses 4 grands lacs réservoirs [4], dont la présence providentielle permet également de limiter les inondations [5]. Malheureusement, toute forme de retenue d’eau, y compris les barrages plusieurs fois centenaires, contrevient au principe sacro saint de la liberté du cycle naturel de l’eau, cher aux activistes anti-bassines, qui sont opposés, au nom de ce principe, à tout stockage de l’eau des nappes phréatiques quand elles sont pleines afin de les épargner quand vient la sécheresse. Y compris lorsqu’elles débordent en entravant les travaux des champs [6], avant de retourner à l’océan.
Contre le nucléaire
Les militants antinucléaires dénoncent les risques du moyen de production d’électricité le plus sûr, par quantité d’énergie produite, et dont les émissions sont inférieures à toute autre forme de production d’électricité, éolien compris, dès lors qu’on analyse l’ensemble du cycle vie par MWh produit (ACV), depuis le minage des matériaux nécessaires jusqu’au démantèlement des installations en fin de vie, comme le résume l’illustration ci-dessous.
(Source Our World in Data https://ourworldindata.org/safest-sources-of-energy
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Lire la suite dans European Scientist
https://www.europeanscientist.com/fr/opinion/le-naufrage-de-lecofascisme/
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