mercredi 6 mars 2019

Grand débat

Contribution du Collectif Science Technologies Actions 
au Grand débat
Le développement éolien et photovoltaïque en France est un non sens stratégique, climatique, économique, écologique et sanitaire.

Stratégique
Le prix du CO2 est appelé à croitre considérablement. Tant dans le système d’échange  européen de quotas (SEQU UE) que par la trajectoire prévue de la taxe sur le carbone.
La production du parc électrique français est décarbonée à plus de 90% depuis 1995, grâce à ses centrales nucléaires et hydrauliques. Ce qui confère à la France un avantage décisif en termes de compétitivité sur ses voisins, notamment sur l’Allemagne. Quand bien même celle-ci parviendrait à fermer ses centrales à charbon à moyen terme, son recours au gaz, nécessaire pour lisser l’intermittence de son parc éolien/solaire ne manquera pas d’être pénalisé par son contenu carbone.
De plus, la France est le plus gros exportateur d’électricité au monde, quasiment chaque année depuis 1990, grâce à la disponibilité de son parc nucléaire dont le coût négligeable du combustible lui assure une grande indépendance énergétique.

Mais en développant des énergies intermittentes sur son sol, elle condamne avec certitude la rentabilité d’un parc nucléaire aux dimensions actuelles, en raison de la plus grande flexibilité qui lui sera alors imposée et de l’instabilité des cours du MWh liée aux caprices du vent.
Pourtant, ce parc est en mesure de sécuriser les productions intermittentes de nos voisins, comme vient de le prouver l’épisode anticyclonique de fin février. Car la production éolienne de toute l’Europe s’est effondrée en raison de l’absence de vent, tombant à moins de 10% de puissance disponible, aussi bien au Royaume Uni, en Espagne, au Portugal, en Autriche, en Allemagne ou jusqu’aux pays nordiques comme le Danemark. Avec un creux de moins de 2% en Allemagne, le 26 février à midi. Et les exportations massives de la France sur toutes ses frontières ont alors permis d’éviter le pire.
Or l’Allemagne redoute une telle situation de  « Dunkelflaute » ou épisode prolongé à production solaire et éolienne quasi nulle, comme elle en connaît pourtant presque chaque hiver.
Ce qui lui a interdit de fermer le moindre MW pilotable malgré un doublon complet de plus de 100 GW éolien/solaire.
C’est pourquoi le gaz, dont elle n’est pas à la veille de se passer et surtout le charbon/lignite qui constitue encore plus de 40% de sa production d’électricité, pénaliseront durablement le parc allemand par rapport au nucléaire français, en raison du prix du carbone.
A l’inverse, la réduction de notre parc nucléaire favorisera la compétitivité du charbon allemand, comme le constate naturellement le rapport franco allemand « L‘Energiewende et la transition énergétique à l’horizon 2030 ».

Et qu’on le veuille ou non, le développement éolien/solaire obligera la France à fermer des réacteurs en dégradant la compétitivité d’un parc nucléaire aux dimensions actuelles.
Il ne convient pas d’ignorer que la guerre économique est une guerre à mort, même entre nations réputées amies.
La Raison d’État exige une analyse économique et stratégique rigoureuse et ne peut se contenter d’un dogme insufflé notamment par l’Office franco allemand pour la transition énergétique (OFATE) au sein de notre Ministère.
Car on doit s’interroger sur les raisons qui ont motivé la décision de privilégier le secteur électrique, pourtant déjà décarboné, dans l’objectif de part d’énergies renouvelables.
En tout état de cause, la raison ne saurait être climatique.

Climatique
La France s’est dotée de la 4ème taxe carbone la plus chère au monde.
Son aspect insuffisamment redistributif pénalise la reprise économique. Mais surtout elle contrevient au principe généralement préconisé par les économistes qui consiste à lui interdire toute subvention aux énergies de substitution telles que l’éolien et le solaire. Car c’est le signal prix de l’augmentation progressive du coût du carbone qui est de nature à modifier mécaniquement les comportements sans augmenter pour autant la pression fiscale.
Or cette taxe alimente désormais le Compte d’affectation spéciale transition énergétique (CAS TE) destiné à financer les énergies renouvelables.
En augmentant la pression fiscale pour subventionner une solution dogmatique, c’est à la fois le pouvoir d’achat des ménages qu’on affaiblit et l’efficacité de la taxe qu’on compromet.

Plus de 3500 économistes américains, dont 27 Nobel d’économie viennent de confirmer cette analyse en lançant un appel pour que les taxes carbone respectent 5 principes.
Le 5ème principe étant précisément cette redistribution de l’intégralité des recettes.
En l’espèce, le financement des énergies renouvelables électriques est inopérant pour le climat puisque le recours au gaz restera nécessaire afin de lisser les aléas de leur production.


Économique,
Devant le Sénat, la filière éolienne évoquait, en 2007, l’avenir en ces termes : « En tablant sur une augmentation régulière des prix de 5 %, la contribution à la CSPE s'avère positive jusqu'en 2015. Les consommateurs seront donc obligés de payer plus cher pour le développement de l'éolien. Ensuite, la contribution devient négative. Les producteurs éoliens génèrent alors une rente pour la collectivité. »

Aujourd’hui, ce n’est pas moins de 121 milliards d’euros, selon le rapport de la Cour des Comptes, qui restent à payer jusqu’en 2046 pour les seuls contrats déjà conclus jusqu’à fin 2017 avec les énergies renouvelables électriques EnRe éolien/ photovoltaïque (et biométhane).

Mais surtout, leur intermittence de production nécessite de coûteuses restructurations du réseau dont le dimensionnement n’a plus désormais pour objet « d’acheminer du courant vers les consommateurs locaux (…), mais de le refouler (…) vers les niveaux de tension supérieure pour les répartir sur l’ensemble des territoires », ainsi que le relève le rapport Derdevet.
A ces coûts s’ajoutent ceux de fonctionnement comme le redispatching destinés à rééquilibrer les points de production sur le réseau, d’autant plus importants que la pénétration des énergies renouvelables variables (VRE) est plus grande, comme l’illustre le rapport The Full Costs of Electricity Provision (page 18).

Malgré ces surcoûts, les États sont désormais contraints de se protéger contre les flux aléatoires et indésirables qui les traversent, notamment ceux des éoliennes de l’Allemagne du Nord, pour éviter le risque bien réel du déclenchement en cascade des systèmes de sécurité.

Mais surtout, les énergies intermittentes n’évitent pas de devoir garder en réserve les moyens programmables pour faire face aux périodes sans vent ou sans soleil,
Le bon sens élémentaire commanderait d’investir dans la recherche, y compris sur le stockage, et non de développer des moyens intermittents actuellement inutiles qui n’auront pour effet que de ruiner l’ensemble du système tant qu’on ne saura pas en stocker la production pour un coût acceptable par la collectivité.
Car en dehors des stations de transfert d’énergie par pompage dont notre réseau hydraulique n’augure guère d’extension, on ne sait même pas encore quelle technologie permettrait ce stockage, un jour.

Écologique
L’éolien le solaire et les batteries qui leur sont nécessaires, sont fortement consommateurs de matériaux, dont le cuivre, l’aluminium et l’acier.
La Banque Mondiale a alerté sur les conséquences des besoins de ces technologies vertes dont « L’intensification des activités d’extraction et de production aura certainement aussi des conséquences locales non négligeables sur les systèmes d'approvisionnement en eau, les écosystèmes et les populations ».  Baotou en Mongolie, surnommé le « village du cancer » est le triste symbole des effets pervers des technologies vertes en raison des conséquences écologiques et sanitaire dramatiques de l’extraction des terres rares.

Le démantèlement des éoliennes en fin de vie pose également question en raison d’un retour d’expérience des coûts 8 fois supérieur aux sommes provisionnées. Ainsi qu’à cause d’un recyclage problématique des pales et de l’abandon sur place des fondations en béton.
Les vibrations, basses fréquences, infrasons et flashes lumineux des éoliennes polluent l’habitat des écosystèmes.
Les destructions de l’avifaune sont bien supérieures aux chiffres généralement diffusés, en raison de la sous estimation de la disparition des cadavres, liée aux charognards et à la fuite des individus mortellement blessés. La ligue de protection des oiseaux espagnole (SEO Birdlife), notamment, a précisé cette carence méthodologique et parvient à un taux de mortalité infiniment supérieur, de 400 individus par éolienne par an au lieu de l’estimation officielle, comprise entre 2 et 3.
Par leur gabarit hors d’échelle, enfin, éoliennes et panneaux photovoltaïques ridiculisent le petit patrimoine bâti des zones rurales. Ils artificialisent et dénaturent des pans entiers du paysage français.

Sanitaire
L’exposition chronique aux éoliennes fait l’objet de quantité de plaintes de riverains.
Des troubles du sommeil sont reconnus par l’Académie de médecine dans un rayon de 1500m.
Le bruit éolien se caractérise par une grande amplitude de modulation liée au passage des pales devant le mât, par le caractère variable et imprévisible d’un bruit qui peut durer des nuits entières à une puissance bien supérieure à celle autorisée par le code de la santé publique. De plus, les basses fréquences, infrasons et vibrations des éoliennes ne font l’objet d’aucun contrôle, alors que de nombreuses études en suggèrent les effets sanitaires néfastes, même rotors arrêtés.
Enfin, l’Académie de médecine réclame depuis 2006 qu’une étude épidémiologique permette d’en quantifier les effets. Cette étude n’a toujours pas été menée.

La place considérable nécessaire au développement éolien promet un impact significatif sur la qualité de vie en milieu rural, privant celui-ci du principal atout de son développement au lieu de valoriser sa rareté.

Le nucléaire en question
Contrairement à une idée reçue, le nucléaire français a été conçu pour permettre un pilotage à manœuvrabilité accrue, ou pilotage gris, par les « spécifications techniques qui prévoient le mode de fonctionnement dit « pilotage gris » et par la prise en compte dans les dossiers de dimensionnement de toutes les sollicitations thermo -mécaniques associées à ces transitoires ».
Cette spécificité permettrait un mix électrique entièrement décarboné grâce au concours de l’hydraulique, dont la réaction est plus rapide encore.
Et ce parc nucléaire est susceptible d’exploiter au mieux la flexibilité du système électrique et ses quelques capacités de stockage, notamment lors des baisses nocturnes de la consommation, sans que soit besoin de lui adjoindre des énergies intermittentes qui n’offrent pas la moindre valeur ajoutée au système.

La France de demain ne peut faire l’impasse de la sécurité de chaque instant de son approvisionnement électrique, pour sa défense, son industrie, ses transports, ou ses applications numériques et stratégiques.
Il importe de protéger le système centralisé permettant d’en assurer la sécurité.
Le socle nucléaire, qui semble désormais incontournable, nécessite une politique industrielle à long terme dont la sécurité de financement s’accommode mal d’aventures dont le principal effet est d’en dégrader la compétitivité sans permettre de remplacer le moindre réacteur.

En privant de visibilité les investissements dans le secteur de la production d’électricité, les énergies intermittentes en compromettent la sécurité et retardent l’émergence de toute alternative pérenne.

Sur proposition de M. Julien Aubert, il a été créé une « commission d’enquête de trente membres, sur l’impact économique, industriel et environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence des financements et sur l’acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique. »

Pour toutes ces raisons, Science Technologies Actions (STA), qui est un groupe d'action pour la promotion des sciences et des technologies réclame instamment :
-          La mise en place immédiate d’un moratoire à toute nouvelle implantation éolienne ou photovoltaïque tant que la commission d’enquête concernée n’aura pas rendu ses conclusions.
-          La mise en œuvre de l’étude épidémiologique sur les effets des éoliennes actuellement en fonctionnement, ainsi que le réclame l’Académie de médecine depuis 2006
-          L’obligation, pour ces éoliennes, de respecter le code de la santé publique dont le régime acoustique de l’arrêté du 26 août 2011, qui leur est propre, les dispense

Le Collectif STA composé de chercheurs, ingénieurs, médecins, enseignants et autres citoyens consternés par la marginalisation de la Science et les attaques incessantes contre les technologies innovantes, a pour but de faire entendre la voix de la raison, de l'approche scientifique et du progrès, notamment auprès des décideurs et des médias.

mardi 5 mars 2019

L'Europe et le carbone

L’Europe et le carbone

L’Europe et le carbone Bilan d’étape comparé des taxes et systèmes d’échange de quotas carbone, visant à mettre en lumière les atouts de la taxe, mais aussi le désastre de ses dérives et du dogme qui la sous-tend.
Les 3 fautes de la taxe française
Les économistes s’accordent généralement pour considérer la taxe carbone comme le meilleur moyen de réduire les émissions de CO2 sans pour autant affecter la croissance.
L’exemple de la Suède leur donne raison.
En effet, la mise en place de sa taxe carbone, actuellement la plus élevée au monde, n’a pas entravé 60% de croissance économique dans le même temps que 25% de réduction des émissions de CO2.
D’autant qu’à l’instauration de cette taxe, en 1991, le parc électrique suédois était déjà décarboné.
Trois règles sont notamment considérées nécessaires pour lui permettre une telle efficacité :
  • La transparence et la pédagogie de sa mise en œuvre
  • La redistribution de ses recettes
  • L’interdiction de subventionner des énergies de remplacement
Pour n’en avoir respecté aucune, la taxe carbone française aura réussi à mettre durablement les Gilets Jaunes dans la rue, tandis que les objectifs climatiques s’éloignent de notre portée.
Car cette taxe s’est caractérisée par une « pédagogie du catimini », une carence de redistribution et un détournement dogmatique de son affectation qui en corrompt l’efficacité.

L’absence de pédagogie
Cette taxe sur la composante carbone des combustibles fossiles a été instaurée en 2014, sous le nom de « Contribution climat énergie » (CCE).

Lire la suite dans European Scientist ....
https://www.europeanscientist.com/fr/opinion/leurope-et-le-carbone/