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vendredi 26 février 2021

Le retour de la belle Arlésienne

 Le retour de la belle Arlésienne *

Jean Pierre Riou 

* Arlésienne : Personne ou chose dont on parle beaucoup mais qui ne se montre jamais

Exemple : le CO2 évité en France par les éoliennes

Un précédent article, intitulé « l’Arlésienne », s’était efforcé de montrer, chiffres en mains, que l’évolution des émissions de CO2 du secteur de production d’électricité en France avait conservé STRICTEMENT la même proportion d’origine thermique depuis 1990. Et que l’évolution des émissions de CO2 était liée, à la baisse, à celle des technologies employée, et, à la hausse, au manque d’optimisation des régimes de ces technologies, sans que ce second facteur ne soit d’ailleurs jamais pris en compte.

Ce qui peut sembler contradictoire avec certains bilans et projections de ces émissions.

En effet :

Dans la procédure judiciaire qui leur ont permis de faire condamner l’État français pour inaction climatique, les requérants viennent de produire un rapport complémentaire établissant que la France ne suit pas la trajectoire qui lui permettrait de respecter ses engagements.

Ce rapport de Carbone4 montre notamment la trajectoire des émissions du secteur de production d’énergie.

Selon les chiffres du ministère, le secteur de l'énergie aurait émis 45,8 MtCO2eq en 2019 (dont 44,2 Mt de CO2) sur un total de 440,6 Mt. 

Soit 10,39% des émissions totales (hors importations).

La production d’électricité ne représente que 46% de ces émissions

Le rapport rappelle, en effet, que les émissions de la production d’énergie comprennent celles qui relèvent de sa transformation, c'est-à-dire les émissions des raffineries, cokeries, et de la production de chaleur par le chauffage urbain ou l’incinération des déchets.

Expliquant en même temps la raison pour laquelle ces émissions représentent le double de celles annoncées chaque année par RTE pour la production d’électricité, notamment 23,1Mt de CO2 en 2015 et non les 47 Mt du graphique. 


Or les raffineries françaises connaissent un « inexorable déclin » accompagné de fermetures successives de sites. Et, sans surprise, d’une réduction sensible de leurs émissions.

(Source Statista)

Les fermetures ont continué depuis, avec celle du site de Grandpuits en octobre 2020, qui fut accompagnée, comme chaque fois, de plan social et de manifestations. 

Comble d’ironie, l’abandon du pétrole et sa reconversion, prévue par Total, en production d’agrocarburants a été vigoureusement dénoncée par des militants écologistes des Amis de la Terre et des adhérents Europe Écologie-Les Verts (EELV).

Les investissements imposés pour réduire les émissions réduisent également les besoins en coke, ainsi que l’a annoncé ArcelorMittal en envisageant la fermeture de la cokerie de Florange dès 2022 au lieu de 2032. 

Le rapport Carbone4 attribue ainsi 46% des émissions de l'industrie de l'énergie à la production d'électricité et en illustre, ci dessous, l'évolution depuis 1990.

(Source Carbone4)


En tout état de cause, il apparaît que ce n’est pas en se focalisant sur la production d’électricité qu’on peut comprendre les raisons de cette évolution depuis 1990, malgré l’achèvement jusqu’alors encore incomplet du parc nucléaire français.

C'est pourquoi une corrélation trompeuse entre la réduction des émissions du secteur de l’énergie et le développement des énergies renouvelables reste de nature à donner corps à notre belle Arlésienne, celle dont tout le monde parle mais qu’on ne voit jamais : 

la quantité de CO2 réputée évitée par le développement à marche forcée des éoliennes françaises.

 

 

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