RTE vient de publier son bilan électrique 2015.
Le solde exportateur net de la France est de 61.7 TWh.
La production des
éoliennes augmente de 23.3%, avec 21.1 TWh. Le rapport précise fièrement:
« Chaque mois de l’année 2015, la production éolienne
maximale a dépassé les 5 500 MW. Un nouveau maximum horaire de production
éolienne a été atteint le 29 mars à 13h avec une puissance de 8 266 MW, ce qui
correspond à un facteur de charge de 86,3%, ….. »
Précisons que par
« production », il faut donc entendre « puissance instantanée »
et non « quantité d’électricité » réellement produite, qui se mesure, elle, en MWh et non
en MW.
Il s’agit donc d’un pic de puissance récurrent et non d’une quantité
d’électricité produite chaque mois.
Ce qui est dommage puisque c'est surtout de quantité d'électricité, qu'en fait, on aurait besoin. Particulièrement lors des pics de consommation.
Et c’est d’ailleurs bien là tout le problème des énergies intermittentes
qui sont capables, à n'importe quel moment, de s’arrêter de produire, ou presque, comme le 25 juin 2015,
où cette puissance instantanée était tombée à 21 MW.
Contre
performance équivalent à moins de 1% de taux de charge qui n’est d’ailleurs pas
mentionnée dans le rapport.
Les 3 centrales à charbon les plus anciennes ont été
fermées, réduisant la puissance installée de 5118MW en 2014 à 3007MW en 2015.
La production nette 2015 (546TWh) est sensiblement la même
qu’en 2014 (540.6TWh).
Et pourtant, malgré les prouesses éoliennes, les émissions de CO2 ont augmenté et passent de
19 millions de tonnes en 2014 à 23.1 millions de tonnes.
L’explication avancée en est essentiellement la baisse de 10TWh de
production hydraulique, qui, effectivement, correspond sensiblement à l’augmentation
équivalente de l'hydraulique par du gaz.
Laquelle production de gaz a presque doublé en 2015, passant de 14.3 TWh en 2014 à 22.1 TWh en
2015.
La consommation, corrigée des aléas climatiques, est en légère hausse avec 476.3 TWh, au lieu de 474 TWh en 2014.
En termes de réduction d’émissions, force est de constater
que plus de 87% du parc électrique français est déjà exempt d'émission de CO2 sans même
compter éoliennes ni photovoltaïque.
On ne tond pas un œuf.
On n’enlève pas plus du CO2 à un parc qui n’en émet quasiment
pas, surtout en sachant que l’intermittence des éoliennes demande des moyens
thermiques pour ajuster leur production à la consommation.
En matière de climat, pourtant réputé être l’objectif
prioritaire européen, quelle quantité de CO2 espérait on donc enlever à cette
vingtaine de millions de tonnes de CO2, sachant que les émissions de la totalité du
secteur de l’énergie s’élèvent à 310 millions de tonnes ?
Comment comprendre que les éoliennes puissent encore demeurer, en France, le symbole
omniprésent de cette lutte pour le climat ?
Plus nos braves Shadocks pompaient et plus il ne se passait
rien.
Plus nos éoliennes brasseront un vent intermittent et plus
il risque de ne pas se passer grand-chose de plus.
Sauf bien sûr dans les porte monnaie des ménages français, avec 1.18 milliard d'euros prévus en 2016 pour le seul surcoût de leur tarif d'achat, selon la CRE (délibération p 6) et
dans la sécurité de notre approvisionnement en électricité.
L’évolution des échanges d’électricité est décrite page 40
en faisant mention d’une hausse de 50% du volume des opérations de gré à gré par rapport à 2014 et
une augmentation des transactions sur le marché journalier de 57%.
Confirmant ainsi le rôle grandissant des traders d’un nouveau
genre opérant au jour le jour dans un marché devenu de plus en plus
instable en raison de la part grandissante des énergies intermittentes.
Cette situation aide à comprendre
pourquoi les prix du détail s’envolent quand ceux du marché de gros sont au
plus bas.
Dans les différents pays de la zone CWE (Central West Europe, zone regroupant la France, la Belgique, l’Allemagne, le
Luxembourg et les Pays-Bas sur laquelle les prix des marchés de l’électricité
sont couplés depuis 2010 Pour faciliter ces échanges), les prix du marché
n’auront été identiques que 19% du temps.
Cette pudique appellation CWE permettant, au passage, de ne plus nécessiter les précédents écrans de fumée qui permettaient d'occulter les besoins allemands de l'électricité française, ses importations massives depuis la France étant remplacées par des données de contrats commerciaux n'ayant rien à voir avec les liens de dépendance d'approvisionnement entre nos 2 pays.
Nous en avions déjà publié le contexte dans http://lemontchampot.blogspot.fr/2014/10/normal-0-21-false-false-false_55.html
Le mot Allemagne a désormais disparu du bilan des échanges.
Et l'idée de sa dépendance à nos centrales avec.
Pour « mutualiser les moyens de production à l’échelon
local, national et européen », RTE a investi 1.4 milliards d’euros dans le
renforcement du réseau.
Cette mutualisation, dans ces conditions de marché,
pénalise, bien entendu, la rentabilité des centrales électriques, même les plus
modernes et les plus propres, dont l'intermittence de fonctionnement est imposé par la volatilité des cours du MWh de part et d'autre des frontières, ces cours ayant même été négatifs 126 heures (répartie sur 25 jours), pendant lesquelles les centrales qui voulaient faire l'économie d'un arrêt et redémarrage devaient payer pour écouler leur production après que les éoliennes aient bénéficié d'un achat obligatoire par EDF à tarif préférentiel.
Ces circonstances n'étant pas étrangères à la récente sortie de route d'EDF, éjectée sans ménagements du CAC 40 ni à son actuelle descente aux enfers.
Parallèlement, l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) vient de publier ses statistiques
2015
(sur la base des
données 2013)
La France
y reste, une fois encore, parmi les pays qui exportent le plus
d’électricité, avec la 2° place mondiale,
derrière le Canada (50TWh) et un solde export de 48 TWh (p 27).
Le site des douanes (voir
l’article « liens utiles »), permet de savoir que ce courant est
exporté au prix moyen de 37.9€/MWh pour ces 12 derniers mois, soit infiniment
moins que le tarif de rachat garanti de la production éolienne qui est estimé à
90€/MWh par la CRE (délibération 15/10/2015, annexe 1 p5).
Avec 61.7 TWh, c’est donc 3 fois la production éolienne et plus
de 10TWh de plus qu’en 2014 qu’elle vient d’exporter en 2015.
Ce qui promet la plus haute marche sur le prochain podium de ce jeu de
dupes, avec plus d'1 milliard d'euros de pertes pour le seul équivalent des 21.1TWh éoliens exportés.
Mais si c’est le contribuable/consommateur français qui
subventionne ainsi l’énergie verte exportée chez nos voisins, espérons du moins que le
vent ne nous ramènera pas les fumées du charbon que nos éoliennes leur auront permis de brûler.
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